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Par anna.nomade le 27 Avril 2024 à 14:08
que nous reste t-il de cette impermanence des choses, soustraite aux péripéties dévoyées du monde.
sans bruit sans vent, comme le sel et l’eau de notre Terre, nous perdons insensiblement notre langage
réduit à son élémentaire grognement, détourné par d’astucieuses manœuvres sémantiques, nous voilà de plus en plus dépouillés de notre verbe
il a fallu rompre des peuples entiers à un sabir commun
pour qu’ils perdent leur identité et leur résistance
pour qu’ils restent muets
pour que leurs rires et leurs larmes ne s’entendent plus
jusque dans nos campagnes nos accents se sont tus pour aligner ces nuances, ces différences, qui remplissaient les champs et les villages de ces patois aux goûts de terre de lumière de rivière et de labeur…
dans le ventre de nos mères
nous, les fœtus, les embryons de ces terres de frontière nous apprenions leurs accents parlant de rêves et d’espoirs d’épreuves et de retenues
ce verbe aux terminaisons étirées et écaillées prenaient racines dans nos petits corps qui devenus enfants se virent sévèrement réprimander par l’autorité étatique l’utilisation de ce qui nous était le plus familier
et pour ne pas en souffrir nous nous mîmes à ignorer ces mots
nous avons alors oublié d’écouter le souffle du vent
oublié d’entendre les bruissements du monde
perdu le chant des vagues l’élégie des profondeurs
égaré la modulation des simples
condamné la beauté des fleurs
le soupir de la terre
nos mots s’asphyxient d'ignorance
démasquant sans illusion notre aveuglement
nous peinons à nous discerner à nous comprendre
perdant notre garantie de survie nous sommes devenus sourds au mystère
de ce langage
sourds à la vie
sourds aux autres
le monde n’est pourtant que bruit, son, murmure, souffle, parole, musique, froissement agitation, silence
un vocabulaire sans limite que même une langue dessinée ne peut calligraphier
ma main s'ouvre sur la terre des montagnes
j’ attends la forêt, les herbes folles et le chant du grillon
une odeur de mousse traverse la vallée
un battement de cils
ma main se referme vide et pleine
de ce langage universel
jour et nuit, écrit le poète japonais, les fleurs en tempête descendent de la
montagne
une solitude que peuple la voix du vent dans la cime des cèdres
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Par anna.nomade le 11 Novembre 2023 à 17:32
il fait si froid ce soir
la glace embrase mes veines caleuses alors que le monde s’asphyxie dans sa démence mythomaniaque....
je regarde la forêt s'effacer dans cette nuit sans lune où règne un silence de tombe
et ses couleurs d'automne qui roulent dans un ciel aussi perplexe que mes pensées.
ses mousses, ses lichens comme des fantaisies qui frappent à l'entrée du bois, s'étalent sans exigence sur la roche granitée et le bois mort
imperturbables depuis des millénaires aptes à résister aux conditions les plus rudes ils se multiplient par vents et pluies, insectes et bactéries
indomptables pionniers ils réveillent les battements du sol et lancent un appel sans frontière à tout ce qui veut ou peut pousser
du grand art, de l'enchantement, de la fascination, qu'importe le mot, puisqu' il n'y en aura de toute manière aucun qui puisse être à la hauteur de cette indépendance, de cette conquête de tout ce qui fait surface.
ils prennent le temps pour se faire
le temps n'a aucune existence pour les mousses et les lichens
depuis des millénaires ils se construisent dans l'abnégation la plus discrète, attendant leur moment de visibilité dans les coins les plus secrets du monde
il m'arrive parfois de confondre ma respiration avec celle des oiseaux et saisir sans nuance l'indifférence des arbres
que j'en oublie l’allégeance forcée à ma condition humaine
condition dont j'ai honte ce soir
faire partie de cette espèce préjudiciable sans avenir, sans relief, dilapidant le peu de génie qui lui reste dans un renoncement de soi pour quelques artefacts, quelques Bêtises Artificielles proposées, grignote mes dernières attentes
j'ai honte, oui honte, des guerres, des génocides, des mensonges, des haines perpétrées avec acharnement pour justifier sans gène des comportements pernicieux sous des ordonnances funestes
j'aime alors rêver de forêts immenses où bruissent entre feuillus et résineux les palpitations étouffées des collemboles et tardigrades, où crustacés et myriapodes se contentent de respirer dans quelques îlots de sénescence...
entendre ces odeurs d'humus et de pourriture qui encombrent les sentes sombres et étroites... quelques crottes de renard puis de chevreuil, dans l'espoir de celles d'un lynx devenu mythique à force d'absence
et pour ne pas me perdre indéfectiblement dans mes songes, laisser un certains courant d'air venu de la noblesse de ces souverains verts inflexibles au temps, apporter les quelques gouttes de pluie nécessaires à tout renouveau
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Par anna.nomade le 26 Juillet 2023 à 15:30
le temps est au regard contemplatif ce que la brume est à la montagne
un instant furtif qui flotte dans le décor
mais aujourd’hui le décor brûle, se noie s’assèche, se déforeste, se pollue ou se massacre
pourtant lorsqu’on laisse faire
le long du chemin l'herbe pousse tellement haute qu'elle touche le bout des doigts
quelques odeurs nouvelles remontent vers les pensées
j'avance et cherche à les deviner
j'ai la mémoire de mes ancêtres et dans le parfum de ces herbes le temps des souvenirs insolites
un tableau si difficile à réaliser
à l’heure où les images s’effacent de ce monde en crise les nuances du temps façonnent un paysage farouche où le vent, nuit et jour balaie les derniers regrets
que restera t-il demain de ces images
ce monde séquestré consume nos rêves nous laissant orphelins de nous mêmes
le ciel prend aujourd’hui des couleurs funestes et l’art de vivre un relent de produit marchand
à force d'observer les oiseaux je me suis mise à regarder les arbres
à force de regarder les arbres je me suis égarée dans le ciel
j'ai retrouvé les oiseaux et suis revenue avec eux me percher sur les branches des houppiers puis j'ai regardé à l'envers
j'ai aperçu les mousses et les lichens
ceux qui poussent au nord des troncs
ceux qui hésitent au sud
ceux qui ondulent dans l’air
ceux qui s'étirent en longues barbes gris-vert nourrissant notre imaginaire
ceux qui ne sont qu'algues
ceux qui sont algues et champignons
puis je me suis penchée davantage et j'ai vu, un monde de plus en plus petit, de plus en plus actif, un monde de lois et de règles, d’union et de désunion, d’accord et de désaccord où chacun cherche une place à la hauteur de sa taille
du lierre, dont le pied peut atteindre quatre cents ans sans jamais altérer la vitalité de l'arbre sur lequel il s'appuie
à l'arbre lui même, dont on ne compte plus l'âge
tout s'équilibre et tout intimide
le monde de la forêt est un univers cosmopolite où chacun a un rôle déterminé, précis et régulateur, un rôle qui nous exclut, nous les humains, incapables que nous sommes d'écouter et de voir sans vouloir tirer profit
monde mystérieux sous bien des angles où les prédateurs deviennent les proies où le cycle imperturbable de la vie génère des adaptations totalement inattendues où tout coopère où les êtres vivants d’une forêt libre tissent entre eux des liens dont nous ignorons presque tout
ici les lois des contraires sont imparables et l'harmonie qui vient du désordre nous montre combien tout est nécessaire pour que ce monde perdure
alors levons nous pour défendre nos forêts, nos terres nos sources nos rivières nos océans... car nous sommes la révolte qui ne se mettra jamais à genoux
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Par anna.nomade le 20 Février 2023 à 10:25
petite fille
j'écris ces mots pour toi
pour toi si minuscule devant l'impermanence de ce monde cruel
comme une partition
comme un requiem
que nul musicien ne peut interpréter
les larmes sur ton corps
que je ne peux voir
sur ton visage enfoui dans le sable
de cette plage meurtrière
où l'on t'a trouvée
un jour sinistre de décembre
je garde l'empreinte
de ta dépouille emprisonnée dans ton anorak rose
comme un cauchemar
comme un fantôme qui ne quitteront plus mes pensées
juste une photo
et tout s'effondre
dans ma tête dans mon corps
reviennent en boucle
les images de tous les enfants de ton âge
que j'ai connus
leurs rires
leurs hésitations
leurs mains tendues
leurs pleurs
leurs regards si présents
tu avais la peau noire
et tout juste trois ans
la mer t'a pris les joies que tu ignorais encore
et certainement tes parents
d'autres corps
autour de toi
tu avais trois ans
peut-être moins
peut-être plus
dans ton anorak rose
ventre à terre
sans même connaître ton nom
petite fille
tu hantes mes jours et mes nuits
alors que tu es morte dans l'indifférence la plus infâme
dis moi petite fille
sommes nous devenus de tels monstres
pour te laisser mourir
sans amour ?
dis moi petite fille
dans ton anorak rose
l'empreinte de ton souffle
glissera t-elle éternellement
sur les vagues de cette méditerranée
maudite?
j'attends que viennent l'heure des jugements et des condamnations
je suis trop vieille pour les voir exécuter
mais jusqu'à ma mort et même après
par ma pensée et ma détresse
je traquerai ces monstres qui t'ont assassinée
petite fille
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Par anna.nomade le 8 Janvier 2023 à 23:17
sur l'estampe
ce matin
sans pinceaux ni papier
quelques nuages enchaînés aux arbres
et trop de rêves agités
les soupirs d'une montagne sans marge
je reste ce qui reste
sans voix sans souffle
des songes entre clair obscur
cherchent le loup
au milieu d'une prière impossible
chaque nuit
chaque jour
coopèrent pour que le fauve reste fauve
sa métamorphose inachevée demeure un chef d’œuvre
au petit matin sombre et humide
la terre se ballonne entre les racines
vers la source
comme une provocation
déterminée
courageuse
et pudique
l'appel d'un lynx....
de ma bouche
interdite
rien qu'une buée chaude
cloquant l'air
le silence est intenable
j'écoute
j'écoute
pour entendre
voir
sentir
oreilles tirées vers l' inconnu
narines dilatées
et tous ces doigts persécutant la laine de mon pull
comme une éternité
quelques secondes de plus
et l'appel se réitère trois quatre fois
tableau d'hiver
noir sur gris
tout espoir devient illusion
j'ai peur pour la bête
période de chasse
de trouble
de crainte
de colère
et de coups de feu
le chien me regarde
sans bouger
la forêt change
de forme
de goût
d'indignation
pourrai- je enfin connaître son héritage
marcher sur les mousses profondes
recommencer encore et encore
cette estampe invisible
sans papier ni pinceaux
et entendre
une fois de plus
l'appel du lynx
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Par anna.nomade le 31 Août 2022 à 11:26
les communs, le bien commun, et en commun
de notre planète en désolation s'élève un cri d'urgence que nous
relaient sans réserve l'air que nous respirons l'eau que nous buvons
le sol que nous foulons
pendant que notre regard s’arrange avec notre mémoire pour éviter de
négocier nos ambitions, Forêts et Océans s’éclipsent de nos têtes
les traces du Lynx tremblent dans celles du Loup
le vol feutré du Grand duc s’égare sans refuge
la petite Nyctale a perdu son hiver
la Luciole sa lumière
Rien ne nous appartient
mais nous voulons tout contrôler
L’incertitude guette notre monde furtif
nous ne comprenons plus rien
nous épions tout ce qui respire étendant nos recherches
jusqu'à en perdre la raison
nos peurs s'allongent sans frontière
peur de nous
peur de tout
de l’arbre qui pousse
de celui qui meurt
de notre passé
et plus encore de notre futur
peur de la vie
de la mort
d’aujourd’hui et de demain
de nos cerveaux en péril
d’une nature diminuée
d’un espace encastré
géré
contrôlé
surveillé
mais rien ne nous appartient
oublions ce « je »qui nous enferme
et construisons ce « nous » qui nous libère
rien ne nous appartient
à l’heure où la rosée porte sa moiteur à la surface d'une terre
effritée
réconcilions notre présent avec notre futur
convertissons notre égoïsme en altruisme
métamorphosons nos peurs en audace
essayons d'être au moins une fois dans nos vies dignes de notre
espèce
d'un futur possible
pour cette relève silencieuse qui ne sait plus quoi attendre
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Par anna.nomade le 8 Août 2022 à 15:53
Sur cette terre où poussent entremêlés de fougères et de ronces
impérieuses, quelques jeunes arbres rompus à la rudesse des saisons, la
montagne perd sa patience et tire ses dernières limites bien au delà de ses
illusions communes.
ici, dans ces vallées étroites, ces reliefs abrupts, au soleil assassin et aux
pluies meurtrières naissent et meurent sans alternative toutes les
déterminations rebelles d'un peuple que je souhaite éternellement
désobéissant.
à travers l'histoire de ses versants, de ses restanques abandonnées, de ses
ruisseaux intimes, on peut, les jours de grand silence entendre la
complainte des révoltés...
le vol étouffé de la hulotte
la balade décidée du hérisson
est-ce le relief qui a forgé ce peuple fier et austère ?
ou
est-ce ce peuple qui a sculpté, à force de résistance, ces pentes capricieuses, où se remonte sans compter, chaque pierre ramassée ?
il y a si longtemps déjà, mes pas se sont arrêtés là, un jour d'hiver, sur ces
montagnes sauvages
et toujours ce besoin primitif de rêver un autre monde....
certains cauchemars pourtant hantent la vallée
du Larzac aux Cévennes
il n'a suffi que d'une manœuvre étatique et militaire
pour qu'entre pins et châtaigniers
se pressente
une odeur toute nouvelle de guerre et de poudre à canon
vêtus de leurs uniformes d'ayant droit à tout...
assignés à l'absurde
képis blancs et grenades à sept flammes
se sont installés sur cette terre dissidente
violant de par leur présence une vallée et son histoire toute entière
privant d'un futur certain
un jardinier-paysan-éléveur-rêveur
devenu sans avenir
transformant lentement
les pierres polies par les rêves et les nuages
d'une vieille ferme cévenole
en bastion d'hostilité..
la rivière s'assèche sans attendre
la vase s'installe dans nos têtes nos cœurs nos poumons
les poissons meurent sans prière
le monde de la forêt s'éclipse dans la fournaise
et le vent chargé de malaise dans un dernier espoir
rappelle sur son passage
qu'un peuple qui désobéit est un peuple qui réfléchit
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Par anna.nomade le 15 Juillet 2022 à 15:41
ne plus rien dire, retenir son eau comme on retient son désespoir.
les arbres se retirent en silence dans l'ombre de plus en plus impossible de
leurs voisins.
la chaleur torpille toute résolution de lutte.
Pour eux pour nous, pour cette terre qui saigne notre nocuité, notre
lourdeur au changement, pour ma fatigue qui ne me lâche plus, je blêmis
de colère.
depuis des mois
le soleil
dans ce coin de montagne
s'acharne sur tout ce qui respire.
l'air est brûlant, la poussière se glisse dans mes soupirs
la forêt se contracte dans ses dernières réserves.
chaque matin le constat se fait de plus en plus sévère. Les houppiers
condamnent leur volonté de pousser dans la fadeur des flétrissements.
alors que de jeunes arbres meurent au pied de ces guerriers, d'autres
tentent un dernier affront contre cet été intraitable.
ils seront les seuls à prétendre gagner cette place qu'un monde négligeant leur usurpe.
pousses de l'année
les seuls plans de sauvetage
tiennent dans un arrosoir
j'aimerais tellement
rire
jusqu'au vertige
de cette folle envie de vivre
à l'ombre d'un géant
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Par anna.nomade le 11 Avril 2022 à 21:14
d'ombre et de lumière ...
marchande de mythe et de chimère
aux coups de pinceaux préoccupés
ciel sombre sur fond gris
Noir
peut-être
pour un avenir dissident
et cet horizon perplexe
qui
conteste ce qu'on lui impose
cherche une ordonnance
une esquisse
pour une estampe égarée
le monde s'efface
rien ne bouge
la montagne s'incline
davantage
ce soir
fatiguée
laissant les fleurs des cerisiers
divaguées
vers un été mutilé
bourdonnent encore
d'une détermination bornée
les trois ruches insoumises
de la montagne rebelle
je me répare
sans promesse
pour un autre combat
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Par anna.nomade le 16 Janvier 2022 à 22:30
froid souverain
d'un matin d'hiver
à la splendeur farouche
regard plongé en avant
de mes idées blotties dans les rêves
j'allume mon poêle et attends...
rien de plus beau que ce paysage alangui
indompté
flottant dans la buée chaude de mon esprit
empêtré de la nuit
j'attends
sous le soleil feutré
que se déplient mes pensées paresseuses
que s'étire ce plaisir d'être toujours là
conjointe de cette montagne rebelle
c'est d'ici et d'ailleurs dont je vous parle
de ce chemin que je trace
chaque jour inexploré
chaque instant où je saisis mes pinceaux
mes gouges
tourne la page
tire le rideau
ouvre la porte
et fais sécession d'avec le monde d'avant
j'apprends
par le regard du chien
couché devant la porte
que survivre dépendra de cette évidence
j'entends
là haut si loin de tout
la tempête et le fracas des rebellions
ici
si près de tout
j'entends
la supplique désenchantée des dissidents
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Par anna.nomade le 11 Septembre 2021 à 22:45
lorsque les heures s’effacent
le rouet prend la relève du temps
le fil se construit lentement
autour d'une cadence
d'un chant
de tout ce qui me manque
je n'ai pas de clan
je n'ai plus d'ancêtres
je n'entends plus le verbe de ma mère
orpheline
je me glisse sans bruit
dans ma montagne, dans ma forêt
mon refuge
et le rouet reprend son rythme
la bobine enfle de ce fil
si fin
si régulier
qui
pour les dieux de la montagne
n'a pas encore atteint
la perfection
le cri
d'un pic noir
et un second
en réponse
pour me dire
qu'il me faut
encore
et
encore
tenir
sans relâche
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Par anna.nomade le 21 Août 2021 à 22:06
Afghanistan, un monde de plus s'en va, sous nos regards inquiets. La tête pleine de doute, le cœur gonflé de larmes, hier, aujourd'hui et demain, ont asséché assèchent et assécheront davantage mes quelques rares espoirs enfouis.
Dans mes montagnes où le vent exige de la terre toute la retenue dont elle se sait capable, où le temps répudie chaque instant contrôlé, où la pluie résonne comme un appel à la mémoire, je me sens en cette fin d'été terriblement démunie.
C'est une évidence notre monde délétère doit s'effacer. OUI, mais à quel prix ?
Chaque guerre déclarée, chaque exil imposé, arrachent à mes songes ces cauchemars que je n'arrive pas à affranchir de ma mémoire...
Une guerre, un conflit, des affrontements, condamnent des générations entières à des désenchantements imprévisibles
Les humains sont maudits...
Par la fenêtre de mon atelier brille un soleil de fin d'été.
Rien ne bouge.
Sans mouvement les arbres attendent les heures plus douces pour frémir de soulagement.
La laine filée bouillonne doucement dans son bain de teinture aux fleurs multiples cueillies dans mon jardin.
Les oiseaux, après le dur labeur du printemps et de l'été, reviennent vers la maison et la caravane. Ils savent qu'ici le monde a cessé de suivre les turpitudes insensées.
Ils savent tant de choses que j'ignore...
Oiseaux, plantes, arbres, et tout le monde sauvage qui les accompagne sont les seuls savants que je respecte.
Un vol de guêpiers s'est arrêté quelques jours au dessus de la montagne, partageant en souvenir de leur existence leur dernier chant de voyage.
Bientôt, ils traverseront une méditerranée meurtrie et meurtrière pour passer l'hiver sur un continent détruit, sans même frôler notre détresse. Et c'est pourtant notre inconstance qui les assigne à un destin funeste...
Alors OUI, il faut que ce monde de haine, de violence, de prétention, de connaissance toxique disparaisse.
la mer saigne mes nuits
une odeur de rêve bouilli
refroidie
1 commentaire -
Par anna.nomade le 4 Août 2021 à 14:53
et la pluie tombe sur la forêt comme des notes de musique que chaque arbre illustre avec intuition. Puis la brume dissimule cette invariable respiration au fond des mousses et des lichens où nul ne s'égare.
je me perds si souvent dans ce chant sans prière, que j'en oublie mes rêves.
j'ai renoncé à m'en rappeler
je reste là, les mains plongées dans la terre de mon jardin, les regardant besogner comme si elles ne m'appartenaient plus.
le temps les a creusées, crevassées, noircies à la perfection... certaines blessures ont rendu quelques zones de peau insensibles, mais ces mains ont suivi les courbes de la terre, de la montagne, de l'histoire sans jamais se résigner.
Elles ont enlacé deux générations d'enfants et une forêt toute entière.
déformées gonflées, fatiguées, brûlées par le vent et le soleil elles se referment parfois avec lenteur sur les outils et les pinceaux.
Elles ont pris la forme du relief, l'odeur de la poussière, la couleur des profondeurs qui les entourent.
à travers mes mains se soustrait toute une légende, qui se consume dans l'ombre d'un monde sans espoir.
point de lumière dans le sous bois
quelques arbres obstruent le passage
il suffit de laisser faire
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Par anna.nomade le 4 Janvier 2021 à 20:43
sous la neige ce matin
la caravane
un igloo sans banquise
ni ours ni loup d'ailleurs
j'en rêve pourtant
les yeux ouverts
la porte craque sous le gel
moins un dedans
et dehors ?
dehors
aucune importance
le chuintement de la neige
m'en raconte bien plus
le brouillard grimpe dans les arbres
légèreté assassine
à la limite du levant
ne laissant au moral
que ces interminables variations
titubantes dans ce blanc
trop blanc
pour mes pensées sombres
trop sombres
2 commentaires -
Par anna.nomade le 3 Janvier 2021 à 21:36
grain de givre au bout des arbres
un vol de corbeaux
noircit le décor
d'un frisson
la brume
digère
l'horizon
quelques îles
sur cet étrange buvard
naviguent en lavis
emportant
monts vaux
et enfin
l'estampe tout entière
travestis en flottement
les pinceaux improvisent
des rêves
sans modèle
le monde semble naître et mourir
renaître sans servitude
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