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une odeur de rêve bouilli
Afghanistan, un monde de plus s'en va, sous nos regards inquiets. La tête pleine de doute, le cœur gonflé de larmes, hier, aujourd'hui et demain, ont asséché assèchent et assécheront davantage mes quelques rares espoirs enfouis.
Dans mes montagnes où le vent exige de la terre toute la retenue dont elle se sait capable, où le temps répudie chaque instant contrôlé, où la pluie résonne comme un appel à la mémoire, je me sens en cette fin d'été terriblement démunie.
C'est une évidence notre monde délétère doit s'effacer. OUI, mais à quel prix ?
Chaque guerre déclarée, chaque exil imposé, arrachent à mes songes ces cauchemars que je n'arrive pas à affranchir de ma mémoire...
Une guerre, un conflit, des affrontements, condamnent des générations entières à des désenchantements imprévisibles
Les humains sont maudits...
Par la fenêtre de mon atelier brille un soleil de fin d'été.
Rien ne bouge.
Sans mouvement les arbres attendent les heures plus douces pour frémir de soulagement.
La laine filée bouillonne doucement dans son bain de teinture aux fleurs multiples cueillies dans mon jardin.
Les oiseaux, après le dur labeur du printemps et de l'été, reviennent vers la maison et la caravane. Ils savent qu'ici le monde a cessé de suivre les turpitudes insensées.
Ils savent tant de choses que j'ignore...
Oiseaux, plantes, arbres, et tout le monde sauvage qui les accompagne sont les seuls savants que je respecte.
Un vol de guêpiers s'est arrêté quelques jours au dessus de la montagne, partageant en souvenir de leur existence leur dernier chant de voyage.
Bientôt, ils traverseront une méditerranée meurtrie et meurtrière pour passer l'hiver sur un continent détruit, sans même frôler notre détresse. Et c'est pourtant notre inconstance qui les assigne à un destin funeste...
Alors OUI, il faut que ce monde de haine, de violence, de prétention, de connaissance toxique disparaisse.
la mer saigne mes nuits
une odeur de rêve bouilli
refroidie
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Commentaires
Chère Anna,
Je vous ai envoyé un courriel et voulais m'assurer que vous l'aviez bien reçu.
Luc