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il suffit de laisser faire
et la pluie tombe sur la forêt comme des notes de musique que chaque arbre illustre avec intuition. Puis la brume dissimule cette invariable respiration au fond des mousses et des lichens où nul ne s'égare.
je me perds si souvent dans ce chant sans prière, que j'en oublie mes rêves.
j'ai renoncé à m'en rappeler
je reste là, les mains plongées dans la terre de mon jardin, les regardant besogner comme si elles ne m'appartenaient plus.
le temps les a creusées, crevassées, noircies à la perfection... certaines blessures ont rendu quelques zones de peau insensibles, mais ces mains ont suivi les courbes de la terre, de la montagne, de l'histoire sans jamais se résigner.
Elles ont enlacé deux générations d'enfants et une forêt toute entière.
déformées gonflées, fatiguées, brûlées par le vent et le soleil elles se referment parfois avec lenteur sur les outils et les pinceaux.
Elles ont pris la forme du relief, l'odeur de la poussière, la couleur des profondeurs qui les entourent.
à travers mes mains se soustrait toute une légende, qui se consume dans l'ombre d'un monde sans espoir.
point de lumière dans le sous bois
quelques arbres obstruent le passage
il suffit de laisser faire
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