• car nous sommes la révolte qui ne se mettra jamais à genoux

    le temps est au regard contemplatif ce que la brume est à la montagne

    un instant furtif qui flotte dans le décor

    mais aujourd’hui le décor brûle, se noie s’assèche, se déforeste, se pollue ou se massacre

    pourtant lorsqu’on laisse faire

    le long du chemin l'herbe pousse tellement haute qu'elle touche le bout des doigts

    quelques odeurs nouvelles remontent vers les pensées

    j'avance et cherche à les deviner

    j'ai la mémoire de mes ancêtres et dans le parfum de ces herbes le temps des souvenirs insolites

    un tableau si difficile à réaliser

    à l’heure où les images s’effacent de ce monde en crise les nuances du temps façonnent un paysage farouche où le vent, nuit et jour balaie les derniers regrets

    que restera t-il demain de ces images

    ce monde séquestré consume nos rêves nous laissant orphelins de nous mêmes

    le ciel prend aujourd’hui des couleurs funestes et l’art de vivre un relent de produit marchand

    à force d'observer les oiseaux je me suis mise à regarder les arbres

    à force de regarder les arbres je me suis égarée dans le ciel

    j'ai retrouvé les oiseaux et suis revenue avec eux me percher sur les branches des houppiers puis j'ai regardé à l'envers

    j'ai aperçu les mousses et les lichens

    ceux qui poussent au nord des troncs

    ceux qui hésitent au sud

    ceux qui ondulent dans l’air

    ceux qui s'étirent en longues barbes gris-vert nourrissant notre imaginaire

    ceux qui ne sont qu'algues

    ceux qui sont algues et champignons

    puis je me suis penchée davantage et j'ai vu, un monde de plus en plus petit, de plus en plus actif, un monde de lois et de règles, d’union et de désunion, d’accord et de désaccord où chacun cherche une place à la hauteur de sa taille

    du lierre, dont le pied peut atteindre quatre cents ans sans jamais altérer la vitalité de l'arbre sur lequel il s'appuie

    à l'arbre lui même, dont on ne compte plus l'âge

    tout s'équilibre et tout intimide

    le monde de la forêt est un univers cosmopolite où chacun a un rôle déterminé, précis et régulateur, un rôle qui nous exclut, nous les humains, incapables que nous sommes d'écouter et de voir sans vouloir tirer profit

    monde mystérieux sous bien des angles où les prédateurs deviennent les proies où le cycle imperturbable de la vie génère des adaptations totalement inattendues où tout coopère où les êtres vivants d’une forêt libre tissent entre eux des liens dont nous ignorons presque tout

    ici les lois des contraires sont imparables et l'harmonie qui vient du désordre nous montre combien tout est nécessaire pour que ce monde perdure

    alors levons nous pour défendre nos forêts, nos terres nos sources nos rivières nos océans... car nous sommes la révolte qui ne se mettra jamais à genoux


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