• il fait si froid ce soir

     

    il fait si froid ce soir

     

    la glace embrase mes veines caleuses alors que le monde s’asphyxie dans sa  démence mythomaniaque....

     

    je regarde la forêt s'effacer dans cette nuit sans lune où règne un silence de tombe

     

    et ses couleurs d'automne qui roulent dans un ciel aussi perplexe que mes pensées.

     

    ses mousses, ses lichens comme des fantaisies qui frappent à l'entrée du bois, s'étalent sans exigence sur la roche granitée et le bois mort

     

    imperturbables depuis des millénaires aptes à résister aux conditions les plus rudes ils se multiplient par vents et pluies, insectes et bactéries

     

    indomptables pionniers ils réveillent les battements du sol et lancent un appel sans frontière à tout ce qui veut ou peut pousser

     

    du grand art, de l'enchantement, de la fascination, qu'importe le mot, puisqu' il n'y en aura de toute manière aucun qui puisse être à la hauteur de cette indépendance,  de cette conquête de tout ce qui fait surface.

     

    ils prennent le temps pour se faire

     

    le temps n'a aucune existence pour les mousses et les lichens

     

    depuis des millénaires ils se construisent dans l'abnégation la plus discrète, attendant leur moment de visibilité dans les coins les plus secrets du monde

     

    il m'arrive parfois de confondre ma respiration avec celle des oiseaux et saisir sans nuance l'indifférence des arbres

     

    que j'en oublie l’allégeance forcée à ma condition humaine

     

    condition dont j'ai honte ce soir

     

    faire partie de cette espèce préjudiciable sans avenir, sans relief, dilapidant le peu de génie qui lui reste dans un renoncement de soi pour quelques artefacts, quelques Bêtises Artificielles proposées, grignote mes dernières attentes

     

    j'ai honte, oui honte, des guerres, des génocides, des mensonges, des haines perpétrées avec acharnement pour justifier sans gène des comportements pernicieux sous des ordonnances funestes

     

    j'aime alors rêver de forêts immenses où bruissent entre feuillus et résineux les palpitations étouffées des collemboles et tardigrades, où crustacés et myriapodes se contentent de respirer dans quelques îlots de sénescence...

     

    entendre ces odeurs d'humus et de pourriture qui encombrent les sentes sombres et étroites... quelques crottes de renard puis de chevreuil, dans l'espoir de celles d'un lynx devenu mythique à force d'absence

     

    et pour ne pas me perdre indéfectiblement dans mes songes, laisser un certains courant d'air venu de la noblesse de ces souverains verts inflexibles au temps, apporter les quelques gouttes de pluie nécessaires à tout renouveau

     

     

     

     

     

     


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