-
côte est, pas un seul japonais se baigne dans l'océan... Il s'étend devant nous, bleu et solitaire... Au loin les bateaux de pêche reviennent au port ... pas un voilier, pas un seul bateau de plaisance à l'horizon ... Cela fait un bien fou de voir ces étendues exclues de toute infrastructure touristique. Nous longeons tranquillement la côte vers le nord... une suite de villages de pêcheurs, aux allures modestes s'accrochent aux rives du littoral... Il faut dire qu'ici, les habitants sont aux premières loges en cas de tsunami, et de charmants petits panneaux nous signalent très régulièrement de village en village où s'abriter en cas d'alerte...
village de pêcheurs
la simplicité
a une odeur de poisson
c'est la lumière
de Hokkaidô
qui me reste en mémoire
nous remontons ainsi jusqu'à la mer d'Okhotsk... La péninsule de Shiretoko nous accueille ainsi, sans frasques et sans fantaisies. Le parc national de Shiretoko a été enregistré au patrimoine mondial de l'UNESCO... Nous comprenons très vite pourquoi.... Dans cette partie du Japon, même les montagnes ont un comportement étrange ... elles changent d'allure encore plus vite qu'ailleurs... quant aux animaux, tels que les cervidés et les renards, ils ne semblent guère se soucier de la présence humaine et viennent brouter ou zoner en bord de route comme si de rien était... Personne ne sait pourquoi, mais c'est ainsi. Les ours se font plus discrets, mais ils sont très nombreux sur cette péninsule, puisque c'est l'endroit au monde où leur densité est la plus importante. Leur nourriture est si bien assurée sur ces terres qu'ils se contentent d'une surface de vie nettement moins importante qu'ailleurs. En aïnou, (peuple premier de l'île de Hokkaidô ) Shiretoko, veut dire l'extrémité de la terre, c'est peut-être pour ça que tout y est étrange...
source d'eau chaude
dans le bain
son enfant au sein
quelques mots
et de très grands sourires
je me baigne à leurs côtés
l'eau fume
une odeur de souffre
flotte sur la peau
je n'ai jamais vécu quelque chose d'aussi agréable que ce moment partagé avec cette jeune femme tout en rire et en sourire, dans ce onsen extérieur bricolé à flanc de montagne. Toute la population locale vient s'y laver et s'y baigner ... Ces bains publiques à la mode des volcans sont vraiment jouissifs pour le corps et pour l'esprit...
dans le bain chaud
quelques gouttes de pluie
une mère savonne son enfant
leurs longues chevelures noires
flottent
dans le bain chaud
je mets au fur et à mesure de mes possibiltés de nouvelles photos dans l'album Hokkaidô
(ps: en mon absence se sont rajoutés tous ces grigris (tweeter etc ) stupides et puérils au bas de chaque écrit... Je ne peux malheureusement pas les retirer ... et je m'en excuse... Il faudra donc faire avec ... et ça me désole )
votre commentaire -
Lorsqu'on aime un pays, et qu'on part à sa rencontre, on ne revient jamais indemne... Un bout de moi est resté perché sur les volcans, est resté caché dans les grandes forêts anciennes jamais exploitées...
les sentiers qui sillonnent les montagnes sont bordés de part et d'autres de bambous fins et denses... pas moyens de pénétrer cette épaisseur végétale... derrière ce rempart vert, quelques bruits parviennent à nos oreilles... c'est l'inconnu... on ne peut que deviner ce qu'il se passe... Il fait chaud et humide... de gros insectes nous accompagnent parfois d'un peu trop près, mais nous nous habituons à leur bourdonnement pas si menaçant que cela...
levant la tête vers le ciel
le vert des arbres
de gros papillons
noirs et bleus
ouvrent le chemin
dans mon dos
sueur ou pluie
je ne sais plus
Hokkaido est en quelque sorte le jardin des japonais... ils viennent s'y réfugier durant les quelques jours de vacances qu'ils ont par an ...( en moyenne 15 jours)... Sur les chemins que nous empruntons, ils ne sont pas très nombreux, mais toujours très surpris de nous voir là... A la manière d'un pot pourri de mots puisés aux frontières de l'anglais et du japonais, quelques échanges de paroles s'improvisent sur les sentiers... et de grands sourires scellent l'étonnement...
durant ce mois d'août, sur cette île rebelle, nous n'avons croisé qu'une petite dizaine d'occidentaux...
ciel obscur
le sommet du volcan
s'éclipse
pluie et grêle sur les bambous
un tout petit refuge
sur le col
j'ai mal aux pieds.. j'ai du mal à continuer de grimper dans ces restes de laves durcies... La montée est abrupte, il faut s'accrocher à la montagne et le sac me paraît de plus en plus lourd... Devant moi, mon compagnon reste imperturbable... les volcans le fascinent la montagne le passionne... il monte au rythme de son souffle...
Debout depuis 4 h du matin pour parcourir ces 1700 m de dénivelé, que le Rishiri-zan impose depuis la mer, nous marchons sans relâche... Nous évoluons sur une crête vertigineuse que nous devinons plus que ne la voyons... Lors de ses éruptions, le volcan a façonné des contours rugueux et spectraux, qui nous guident vers ce sommet, que nous finissons, par atteindre, trempés et fatigués... Mais Hokkaido a quelque chose de fondamentalement magique, elle est capable de dévoiler la plus grande de ses beautés là où plus aucun espoir n'est attendu ... Ce jour-là, à peine le sommet franchi le Rishiri-zan lève ses brumes et retire sa colère, pour nous offrir en quelques minutes un paysage gargantuesque, surplombé d'un ciel profondément bleu... Un bleu qui se noie aux confins de la mer du Japon et de la mer d'Okhotsk.
Sakhaline devant nous se dissimule dans un reste de brume... mais nous sentons sa présence... nous sentons, comme pour les îles Kouriles que nous avions vues quelques jours avant, flottée sur ces eaux sibériennes la longue histoire conflictuelle qui embrase régulièrement le Japon et la Russie...
au sommet du volcan
en équilibre
un temple bouddhiste
un à un
j'abandonne les haïku
le long du sentier
Le Rishiri-zan est un volcan situé au Nord-Est de Hokkaido sur une île dont il prend toute la surface... Les éléments se déchaînent souvent dans ce pays... ils laissent derrière eux une terre modelée, compressée explosée et mystérieuse...
Il faut que je me remette à peindre... Hokkaido a marqué mon esprit... un bout de mon coeur flotte encore là-bas, Je souhaiterais pouvoir accrocher dans mes pinceaux, un peu de son secret, un peu de sa discrétion, un peu de sa grâce et tout son témpérament ....
votre commentaire -
7 heures du soir, la nuit tombe sur Hokkaido... Nous sommes dans l'aéroport de Sapporo et cherchons à récupérer la voiture de location qui nous permettra de découvrir toute l'île... Cela ne se fait pas sans mal... Les permis internationaux, ne suffisent pas, il nous faut, pour pouvoir utiliser une voiture dans ce pays, les traduire en japonais.
omnibus
une clochette tintinnabule -
le train sillonne
bambous et rizières
le laissent passer
Chitose - Sapporo
d'une gare à l'autre
pas un mot d'anglais
Nous voilà munis de nos permis régularisés... Il ne reste plus qu'à quitter la ville en conduisant à gauche, ce qui n'est pas aussi simple que cela... Mais il nous faut trouver un endroit pour camper...
Rien n'est facile... la végétation est dense et ne laisse pas beaucoup de possibilité d'incursion... Nous finissons par nous enfiler dans un chemin et trouvons, malgré les panneaux nous prévenant d'éventuelle présence d'ours, un endroit pour planter notre tente...
de la même couleur que la forêt
la tente
dissimule notre présence
deuxième nuit à Hokkaido
sommeil de plomb
pas un oiseau dans la forêt
Le lendemain nous nous équipons d'une carte, d'un guide de camping totalement en japonais et apprenons à nous servir convenablement du GPS, moitié anglais, moitié japonais qui se trouve dans la voiture...
le décalage horaire, nous inflige d'impitoyables coups de barre, mais nous résistons et continuons notre périple... Il nous faut également nous alimenter... autre épreuve insolite, que nous finissons par surmonter en arrivant tant bien que mal à trouver ce dont nous avons besoin...
sans détour
la route monte
vers le premier volcan
camping sommaire
les voitures restent sur le parking
source d'eau chaude
dans le bain fumant
vue sur le volcan
Ils appellent cela des onsen... c'est ce que le Japon a de plus traditionnel... Des bains d'eau chaude plus ou moins souffrée provenant des volcans... Il y a un protocole à respecter avant de s'y tremper... tout le monde s'y baigne nu, mais depuis l'occupation américaine, la mixité des bains a été interdite... hommes et femmes se baignent séparément. Peu importe, le plaisir n'en est pas altéré... C'est tout simplement jouissif...
la vapeur des sources chaudes
chargent la nuit
de brume
votre commentaire -
25 heures de voyage de Sapporo à Montpellier, dont 15 heures de vol ... je viens de rentrer cette nuit... je n'ai pas dormi depuis tout ce temps, mais le décalage horaire me garde bien éveillée... tout un fatras de camping et d'affaires est étalé autour de moi... je ne me presse pas pour le ranger...
l'odeur de Hokkaido
traîne dans mes bagages
j'ai tant de choses à raconter ... tant de choses à partager... je ne sais pas par quoi commencer... cela viendra petit à petit... Mais Hokkaido, la belle, la sauvage, la volcanique , la seconde île du Japon, est un joyau de beauté... Pour les japonais, elle reste celle qu'il faut protéger à tout prix... ils ont été surpris de nous voir arpenter les sentiers abruptes de leurs volcans et plus étonnés encore de nous voir ( les presque seuls occidentaux) camper parmi eux, dans les campings incroyablement reculés, et cela pendant un bon mois ...
et puis ce matin heure de Tokyo, une fois l'avion dans le ciel.....
départ de Tokyo
au dessus des nuages
le Mont Fuji
...................
je vais essayer de dormir.....
votre commentaire -
accroché aux perches de la yourte
le hamac balance
son bébé endormi
assise contre le mur chaud
le vent tourne
les pages de mon livre
coin de la pièce
mon sac à dos
plein
parapluie ouvert
sous les grosses gouttes de pluie
la pluie
efface les odeurs
de la terre
trop tard !!!
le blé se couche
sous l'averse
dans mon carnet de haïku
quelques mots
en japonais
deux lucanes
traversent la route
........................!
pompons
jaune-orange sombre
fleurs de carthame
silence radio sur le blog
les bruits du japon
viendront en septembre
votre commentaire -
4 heures et demi du mat.
interminables
les tournants qui mènent au Causse
nocturne-
sous les chênes verts
la yourte brille comme un lampion
la chouette se tait
de longs gémissements
traversent le feutre de la yourte
elle me sert la main...
le jour se lève
nuageux
le son monocorde d'un pinson
une heure
deux, trois puis quatre
elle se bat avec courage
on ferme la yourte -
comme un second ventre
toute la chaleur pour le nouveau-né
dans la pénombre
l'enfant naît
avec le chant des cigales
dernier battement du cordon
un coup de ciseau
sépare la mère de l'enfant
les regards se croisent sans bruit
dehors
la montagne reprend
son souffle
votre commentaire -
la mémoire est un chant, si celui ci n'est plus pratiqué la mémoire s'éteint... Tradition orale depuis la nuit des temps, chaque vibration de ce chant capte une histoire de vent, d'immensité, de chevaux et de turbulence... tout se réunit dans la beauté diphonique des voix qui tremblent dans la steppe... Pourtant sur la frontière des deux Mongolies, la mémoire s'effrite dans le ciel infiniment bleu... Les voix oublient leur magie parce que l'histoire n'est plus comprise n'est plus entendue... Urna Chahar Tugchi chanteuse et ambassadrice de la Mongolie intérieure tente de retrouver quelques fragments de ce chant. Elle s'enfonce au Nord de la Mongolie extérieure, chez ses cousins indépendants, pour rassembler ces bouts d'histoire qui façonneront pendant un temps encore le sourire de ce peuple courageux...
votre commentaire -
mes pieds foulent les terres du Haut Languedoc... Dans le silence du soir qui tombe, nous parcourons les derniers kilomètres de piste qui nous mènent à ce lac caché entre les résineux et les hêtres quelques fois centenaires... les sureaux sont encore en fleurs... au bord du lac, l'été a pris du retard... un circaète plane lentement au dessus des tourbières, tirant les dernières lueurs du jour vers les profondeurs de la nuit ... Entre chien et loup , les animaux descendent boire dans l'eau tranquille du lac... un chevreuil passe à quelques mètres de moi... nous nous regardons sans bouger, puis il continue son chemin sans crainte... au loin, le chant de quelques nocturnes viennent ricocher sur le lac en dormance... le silence ne s'impose pas... il se glisse discrètement dans nos coeurs et dans nos têtes... Derrière les genêts un pré plein de fleurs nous offre sa douceur pour la nuit... et nous l'acceptons avec moult remerciements...
Nuit étoilée, sans mouvement... ciel et terre ont décidé de ne rien manifester... au lever du jour, le même accueil nous attend... les oiseaux montent le ton sans urgence... Ici, tout paraît éternel ...
plus haut dans la montagne les mouflons, se cachent dans les rochers... nous les retrouverons au couchant et les observerons à notre tour perchés sur les rochers...
pendant que le monde évolue dans son horreur, que Fukushima tremble sous la menace, que Los Alamos encerclé par un incendie non maîtrisé, tente d'évacuer la totalité de ses déchets radioactifs qui stagnent hors zone de sécurité...
que la centrale nucléaire de Fort Calhoun se trouve inondée par les crues du Missouri .. .http://videos.next-up.org/EhsTvNews/Fort_Calhoun_Excerpts_From_CNN_Report/29_06_2011.html... et que les médias se taisent scandaleusement... je foule les herbes et les cailloux de cette terre haute qui semble sommeiller hors temps... et pourtant sous mes pieds, je sens sa force... je sens son désespoir et sa rage... je sens ses larmes... Ma main caresse les arbres, le vent passe furtivement dans les grands feuillages... il traduit leurs émotions... la parole des arbres ne trompe personne... même si on ne les entend pas, ils chuchotent entre eux... et palabrent comme des sages...
rien ni personne ne pourra plus jamais me faire revenir en arrière... mes pas me portent dignement vers une autre dimension...
chez moi... un billet d'avion m'attend... à destination de ce pays sauvage où vivent les grues Tancho... ce pays qui touche du bout de ses terres, l'île de Sakhaline... ce pays dont je rêve depuis si longtemps... ce pays qui souffre dans son centre, depuis le 11 mars...
j'attends Hokkaïdo, pendant que Hokkaïdo m'ignore...
mais j'espère laisser dans mon sillage quelques écrits des splendeurs qu'il voudra bien m'offrir...
Sans itinéraire et sans but... partir camper dans la quatrième île du Japon, parcourir les montagnes, les volcans, les vallées, les torrents, à la recherche de son âme, de son centre, éveille tous mes sens..... De son nom, cette île évoque "la voie de la mer du nord"...M'accordera t-elle un peu de son mystère... ???
pas à pas
je m'éloigne
de moi-même
hautes terres
dans les tourbières
les grenouilles festoient
légers comme l'air
les roitelets se balancent
au bout des sapins
dans mon sac
le parfum des fleurs de sureaux
trace mon passage
votre commentaire -
nuit d'été
la forêt puise l'eau
du ruisseaunuit d'été
les étoiles rebondissent
sur les pierres du cours d'eau
rochers moussus
la bave des limaces
s'enchevêtre sans explication
à la ceinture
un petit sac se remplit
de plantes médicinales et tinctoriales
fleurs de carthame
pour en faire rougir la soie
beaucoup de patience
les lichens
vieux vieux vieux
se reposent sur l'arbre mort
remontant le ruisseau
le cri d'une chouette
accompagne le vent
votre commentaire -
la laine remplit la maison... les plantes tinctoriales rangées dans des sacs cousus à leur intention, offrent leurs odeurs avant leurs couleurs ... henné, curcuma, garance, écorce de grenat, fleurs de carthames parfument l'endroit où je vis ...
à toutes ces subtilités sauvages, s'ajoute l'essence de cyprès d'une guitare en train d'être vernie au tampon... Tout se confond et je m'endors dans ces magnifiques éclats d'odeur
avant de colorer la laine
les plantes offrent à la maison
leurs odeurs
dans le panier
un peu de forêt
s'accroche à la laine
châtaignier et suin
traversent
les laines lavées
mes rêves se colorent
de bois et d'herbes sauvages
votre commentaire -
le collectif et association "Bouillon cube" http://www.bouilloncube.fr/ link nous accueille pour une expo sous les chênes verts... tous les vendredi du mois de juin, les peintures de ma fille et les miennes pourront être vues dans ce lieu plein de vie, d'envie et de liberté...
assise parterre
elle caresse son ventre
presque à terme
affaire de famille
la fille de sa soeur
contre ses seins gonflés
petit cirque ambulant
sous le kiosque à musique
tout le monde rigole
seule dans la nuit
l'enfant s'endort contre moi
entourée de mes filles
nuit claire
sans paroles
votre commentaire -
-
jardin -
les escargots
se prélassent sous les salades
ma main guidant la sienne
l'enfant
sème de toutes petites graines
"compagnons blancs"
le nom de ces fleurs
insignifiantes
menthe et mélisse
dans le panier
fleurs de sureau
folle avoine
une brise à peine
la fait trembler
sous le tilleul
le jardin se contemple
sur un banc
votre commentaire