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pointe nord de Hokkaido... le Rishiri- zan sur l'île de Rishiri
Lorsqu'on aime un pays, et qu'on part à sa rencontre, on ne revient jamais indemne... Un bout de moi est resté perché sur les volcans, est resté caché dans les grandes forêts anciennes jamais exploitées...
les sentiers qui sillonnent les montagnes sont bordés de part et d'autres de bambous fins et denses... pas moyens de pénétrer cette épaisseur végétale... derrière ce rempart vert, quelques bruits parviennent à nos oreilles... c'est l'inconnu... on ne peut que deviner ce qu'il se passe... Il fait chaud et humide... de gros insectes nous accompagnent parfois d'un peu trop près, mais nous nous habituons à leur bourdonnement pas si menaçant que cela...
levant la tête vers le ciel
le vert des arbres
de gros papillons
noirs et bleus
ouvrent le chemin
dans mon dos
sueur ou pluie
je ne sais plus
Hokkaido est en quelque sorte le jardin des japonais... ils viennent s'y réfugier durant les quelques jours de vacances qu'ils ont par an ...( en moyenne 15 jours)... Sur les chemins que nous empruntons, ils ne sont pas très nombreux, mais toujours très surpris de nous voir là... A la manière d'un pot pourri de mots puisés aux frontières de l'anglais et du japonais, quelques échanges de paroles s'improvisent sur les sentiers... et de grands sourires scellent l'étonnement...
durant ce mois d'août, sur cette île rebelle, nous n'avons croisé qu'une petite dizaine d'occidentaux...
ciel obscur
le sommet du volcan
s'éclipse
pluie et grêle sur les bambous
un tout petit refuge
sur le col
j'ai mal aux pieds.. j'ai du mal à continuer de grimper dans ces restes de laves durcies... La montée est abrupte, il faut s'accrocher à la montagne et le sac me paraît de plus en plus lourd... Devant moi, mon compagnon reste imperturbable... les volcans le fascinent la montagne le passionne... il monte au rythme de son souffle...
Debout depuis 4 h du matin pour parcourir ces 1700 m de dénivelé, que le Rishiri-zan impose depuis la mer, nous marchons sans relâche... Nous évoluons sur une crête vertigineuse que nous devinons plus que ne la voyons... Lors de ses éruptions, le volcan a façonné des contours rugueux et spectraux, qui nous guident vers ce sommet, que nous finissons, par atteindre, trempés et fatigués... Mais Hokkaido a quelque chose de fondamentalement magique, elle est capable de dévoiler la plus grande de ses beautés là où plus aucun espoir n'est attendu ... Ce jour-là, à peine le sommet franchi le Rishiri-zan lève ses brumes et retire sa colère, pour nous offrir en quelques minutes un paysage gargantuesque, surplombé d'un ciel profondément bleu... Un bleu qui se noie aux confins de la mer du Japon et de la mer d'Okhotsk.
Sakhaline devant nous se dissimule dans un reste de brume... mais nous sentons sa présence... nous sentons, comme pour les îles Kouriles que nous avions vues quelques jours avant, flottée sur ces eaux sibériennes la longue histoire conflictuelle qui embrase régulièrement le Japon et la Russie...
au sommet du volcan
en équilibre
un temple bouddhiste
un à un
j'abandonne les haïku
le long du sentier
Le Rishiri-zan est un volcan situé au Nord-Est de Hokkaido sur une île dont il prend toute la surface... Les éléments se déchaînent souvent dans ce pays... ils laissent derrière eux une terre modelée, compressée explosée et mystérieuse...
Il faut que je me remette à peindre... Hokkaido a marqué mon esprit... un bout de mon coeur flotte encore là-bas, Je souhaiterais pouvoir accrocher dans mes pinceaux, un peu de son secret, un peu de sa discrétion, un peu de sa grâce et tout son témpérament ....
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