• Le vent s'est enfin calmé. La yourte se met lentement au repos... et je retrouve le mien ce soir à l'écoute de la  forêt devenue silencieuse. La chouette réinterprète ses chants d'hiver, laissant parfois au renard un peu de place à son appel perçant. L'agitation  peu durer de longues minutes où chacun semble ignorer l'autre n'ayant pour autre souci que celui de se faire entendre par son congénère.

    Une fatigue vieille de quelques jours enlise mes pensées. Le vent a déchargé sa puissance pendant trois nuits sans aucune pitié pour ce qu'il secouait, pliait, arrachait sur son passage. Des pointes de cent vingt kilomètres heures prenaient en otage tout ce qui avait trouvé refuge en urgence, ne négociant tel un tyran aucune alternative.

    C'est ainsi que le vieux cèdre penché, après quinze longues années de résistance, s'est couché sans bruit sur la terre froide de l'hiver.

    Depuis, ses racines se dressent vers le ciel tels des spectres solitaires rompus au silence...

    me laissant  triste et orpheline....

    une prière sans mots accompagne la dernière caresse émouvante que je lui dois.

    Demain il me faudra le débiter.

    Ce grand sage, veillant sur la maison, les oiseaux, les écureuils et les tout jeunes érables plantés sous son ombrage,  s'en est allé sur la pointe des pieds, emmenant avec lui les mystères de son existence.

    Sa dignité, laissera à  la forêt en deuil,  une impression d'impermanence, un désir d'éternité.

     

     

     

    par le vent

    le vieux cèdre s'est incliné

    immortel

     

     

     


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  • Tourné sur une année dans vingt-trois pays, le documentaire s’attache à plusieurs trajectoires d’hommes et de femmes en souffrance partout dans le monde – de l’Afghanistan au Bangladesh, de la France à la Grèce, de l’Allemagne à l’Irak, d’Israël à l’Italie, du Kenya au Mexique en passant par la Turquie. Human Flow recueille les témoignages de ces migrants qui racontent leur quête désespérée de justice et de sécurité. Une nouvelle forme d’humanité que le film a le mérite de rendre ultrasensible. Une humanité déplacée, précaire, privée d’intimité, sevrée d’espérance, humiliée, vivant aux portes des démocraties, dans des camps de fortune. La recrudescence des guerres, l’expansion des iniquités sociales, l’accélération des mutations climatiques ne permettront plus, demain, que ce flux soit endigué. À ce titre, Human Flow tire une sonnette d’alarme que nous ne pouvons plus ignorer. Le plasticien Ai Weiwei signe une oeuvre colossale sur l’ampleur des migrations contemporaines et la tragédie que vivent chaque jour les personnes déplacées. Il saisit l’essence d’un phénomène global, profondément humain, qui ne peut laisser indifférent.

    Diagonal


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    Troublant de beauté et de finesse.


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  • Il faisait froid, il faisait nuit, les heures passaient lentement dans cet abri de fortune où nous nous étions réunis pour les guetter. Nous étions montés à pied depuis Névache dans la neige fraîche, tirant des luges chargées de ravitaillement,  portant des sacs remplis de vêtements chauds et de duvets.

    Arrivés au col, les premiers avaient préparé un peu de nourriture pour les suivants...

    La nuit nous attendait longue et incertaine...

    Quelques tas de neige faisant office d'igloos, quelques tentes aussi, plantées dans la neige, et toute la générosité du monde réunie là, à moins de 1800 mètres d'altitude, attendaient l’éventuel passage de migrants susceptibles de se réfugier en France par ce col à la réputation déjà funeste. Côté Italien les couloirs d’avalanche menaçaient l'étroite montée que ces hommes et femmes ne pouvaient  éviter  dans leur périple.

    Tous les jours, depuis des mois, des guides de haute montagne arpentent les versant enneigés de cette zone considérée, à la recherche des rescapés de cette guerre sans nom.

    Ils nous ont raconté et nous restions silencieux. Mon cerveau semblait figé par toute cette barbarie... Ce que j'entendais ne me paraissait tout simplement pas recevable... Mais que je le veuille ou non la réalité ne s'encombre pas de mes effrois, elle bâtit son existence là où l'histoire se compose de joie, de peine, de bonheur, d'horreur d'équité ou  d'injustice. Elle s'ancre ainsi, féroce et vulnérable, dans l'existence des hommes.

     

     

    se joignant à nos efforts

    la lune ce soir là

    prit  son tour de veille

     

    col de l'Echelle,  nouvel an solidaire

     

     

    col de l'Echelle,  passage de migrants

     

     

     

    photos

     

     mediapart tribune

     

    pétition d'un citoyen de Nevache

     


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    sans beauté

    la neige

    devient juste embarrassante

     

     

     

     


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  • bois  de chauffage

    la tronçonneuse

    rompt mon dos

     

     

    combien d'années encore

    la montagne vieillit

    sans que je m'en aperçoive

     

     

    le temps reprend au temps

    le rien, le vide, le néant

     

     

    c'est le vent

    sans cesse

    qui retient mon sommeil

     

     

     

     

     


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  • vent du nord

    aux habits lourds d'hiver

    devant la porte

     


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    Vincent Munier


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  • tout ouvert

    le petit atelier de peinture

    consulte la vallée

     

     

    les oiseaux  traversent le chantier

    sans intérêt

    pour le parquet que nous clouons

     

     

    un vent glacial

    descend des montagnes

    brûlant mes doigts gelés

     

     

     

     

     

     


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  • carnet de poésie fermé

    les mots s'installent

    dans la forêt, dans le jardin


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  • chaque goutte de pluie

    rend à la terre

    ce qui lui appartient


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    900km sur la route 138, pour arriver dans la réserve la plus éloignée de la côte Nord : Nutashkuan ! L’immensité de l’espace, la neige, et le blizzard ….

    « Expérimenter le tact de la vue lorsque nos mains sont privées de leur fonction première ». La neige brûle !

    À l’instar de nombreux artistes actuels (Clément Cogitore, Evangelia Kranioti) qui vont chercher aux marges de notre monde, des promesses d’habiter autrement l’espace, la nature et l’expérience du vivre ensemble, Agnès Peeters nous rapporte un film poético-politique qui nous concerne tous.

     

     

    Sur la route de la perception

    Dès les premières images du court-métrage Nutashkuan, 13 février 2017, nous pressentons que la dimension politique sera affaire de perception, avant d’être une question de message ou de revendications !

    En innu Nutashkuan signifie « là où l’on a pris l’ours noir » ! Les Innus qui habitent dans la région de la côte-nord au Québec et au Labrador n’ont jamais suscité la passion des occidentaux (comme les Inuits par exemple), si ce n’est pour les nombreuses richesses que leur sol recèle, et les convoitises qu’elles suscitent de la part de compagnies industrielles, peu scrupuleuses de questions ethnographiques, ou esthétiques !

    Avec leur manière singulière de vivre, leur rapport à l’amour ou à une nature omniprésente dans les images du film Nutashkuan,13 février 2017, cette population amérindienne du Canada a toujours refusé d’être assujettis à la loi canadienne sur les indiens. Menacée d’extinction, tout comme leur langue qui part en lambeaux, à l’image des plans des ruines de la patinoire au début du film, cette communauté a décidé de renaître, malgré les menaces écologiques qui pèsent sur la pêche du saumon, ou les pressions financières en tout genre.

    Si Agnès Peeters met pleinement son court-métrage au service d’une minorité qui vise à reconquérir sa reconnaissance politique, la force de son film est d’outrepasser la simple démarche documentaire pour accéder à un lyrisme parfaitement maîtrisé.

    « Laisser l’espace définir ce que nous sommes, en tant que femme, en tant qu’homme... », la première phrase du film donne la tonalité poétique de ce court-métrage. La narration faite d’événements mêlant la vie de cette communauté à des moments aussi différents que la signature d’un contrat économique, l’enterrement d’un membre de la communauté, la reconstruction d’une patinoire, apporte ce qu’il faut d’action à l’onirisme porté par un paysage enveloppé de neige.

    La renaissance d’une réserve indienne Nutashkuan

    Agnès Peeters a diffusé, jeudi 12 novembre, l’avant-première de son court-métrage aux habitants de la communauté à l’occasion de l’inauguration officielle de l’aréna de Nutashkuan. Une patinoire qui bénéficiera aux jeunes de la communauté, et qui symbolise la fierté d’un peuple qui résiste, tant bien que mal, au rouleur compresseur de l’homogénéisation capitalistique. Dans le cadre de l’inauguration officielle de l’aréna de Nutashkuan au Canada, tous les Chefs des Nations Autochtones du Nord du Canada y étaient conviés.

    « Nous avons besoin d’eux et de leurs manières de «sentir» de «voir» d’utiliser nos sens ». Agnès Peeters est peintre. Son film témoigne du désir de se greffer à la subjectivité de Nutashkuan porteuse de nouvelles manières de penser notre rapport au cosmos, et à l’idée même de communauté.

    « Je vois le lien avec notre période Renaissance en Europe. Ici il y a vraiment un essor à tous points de vue, alors que l’on dirait qu’en Europe tout se meurt, ou que le chaos est omniprésent…Prendre le temps de les connaître, à leur rythme, faire les choses par «amour», avec plaisir, ce plaisir est si important si l’on veut partager, j’aime cette communauté pour la passion qui s’en dégage, la vérité, au-delà de la mafia, pas le temps aux enfantillages. »

    Un film engagé

    À l’heure où la question « d’être de gauche » en France devient crépusculaire, tourne au règlement de comptes nauséabonds, et finit sur une partition digne d’un vaudeville, il est bon de prendre l’air du grand Nord !

    Le philosophe Gilles Deleuze aimait rappeler ce bon critère du discernement poético-politique :

    « Etre de gauche, c’est reconnaître et c’est lutter pour faire en sorte que des minorités puissent s’accomplir. Etre de droite c’est partir de soi-même comme pour une adresse postale : moi, la rue où je vis, la ville où je réside, le pays, l’Europe et le monde. C’est penser le monde comme une sorte de menace qui pourrait abolir la situation présente, celle d’être privilégié et de vivre dans un pays riche. Etre de gauche c’est l’inverse, c’est prendre autrement l’adresse postale : d’abord percevoir le monde, ensuite l’Europe, ensuite le pays, la rue où je vis, enfin moi. Ce n’est pas une affaire de belle âme, ni une affaire de morale, c’est une affaire de perception. »

    De ce point de vue le film d’Agnès Peeters est magnifiquement engagé !

     

    Libé


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  • J'ai troqué mes rires pour des sourires, des sourires pour des tristesses, des larmes pour des silences. Dans ce corps hérité sans formalité que j'incarne depuis tant d'années, le temps  se déchire sans diplomatie, brisant dans cette inflexible évidence tout repère instruit  avec patience. 

    Le monde des hommes se contracte sous l'ingérence des imbéciles. L'ignorance qui en résulte démontre l'ampleur des dégâts.  

    Que faut-il  comprendre de ce monde incapable de se corriger ?

    Pourtant, à l'abri des regards et  en toute clandestinité, un brin de mystère incontesté s'empare des montagnes, des mers et des forêts. Une touche anonyme, tout juste décalée d'imaginaire, réinterprète avec allégeance la suite de l'histoire. Les informations s'échangent  à une lenteur  défiant toute possibilité. Un monde gravitant autour des papillons, grignotant telles les chenilles nos  consciences intoxiquées.

     

    troquant pour un sourire

    l'inconstance du papillon

     


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