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Il circule dans l'air un frisson d'ailes et de feuilles que le gris du ciel invite à suspendre. Ailleurs, de minuscules petits pas, piétinent le monde sous les feuilles en vrac du dernier automne. Au vieux monde renaît un autre monde, plus vieux, plus usé, plus ruiné. C'est la loi du marché, la mutation des hommes requins, la mort du léviathan. Le tribu promet d'être lourd. Qu'importe le poids, pour les derniers indiens l'agonie frise le soulagement.
Le jour s'étire nerveusement vers la nuit, laissant au clair de lune, le soin de dissimuler l'imperfection humaine. Vingt quatre heures, par vingt quatre heures et pas une de plus pour rattraper les erreurs, le monde se rétrécie dans son ignorance. Cette gangrène pandémique ronge les esprits et les corps jusqu'au spectre des cimetières.
Je regarde les étoiles, sans larmes sans sourire, un peu de poussière voile la pureté de la nuit...
Une araignée se balance entre Jupiter et Spica. L'Univers s'enveloppe ce soir d'un fil de soie pour une nuit sans fête où je reste seule devant cet exploit...
le silence
même au bout de la nuit
n'existe pas
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Il arrive parfois qu'au delà des rêves, naissent des instants consacrés. Ces micro événements, semblent ponctionner dans nos mémoires tout ce dont ils ont besoin pour nous désorienter. On oublie ce qu'on est et qui on est. On change de genre et d'espèce, on change de doute et d'attente, on perd le sens circulatoire de nos pensées. On devient arbre, montagne, forêt, océan, rivière. On vole, rampe, nage, mord, pique. On meurt et on renaît. L'enfer devient un paradis et le paradis, un décor de cinéma. On ne sait pas si le réveil sera salutaire ou toxique, alors on ergote sur les conditions de passage...
Chaque jour je contemple les herbes pousser, j'entends les fleurs s'ouvrir, les arbres grandir... Chaque jour, je me dis qu'il n'y a rien de plus beau que l'état sauvage des choses, il n'y a rien de plus puissant que cette volonté de vivre et de survivre qui préoccupe toutes espèces confondues à l'heure du désastre... J'attends sans bruit, que la nuit prenne le relève de cette tâche ultime qui consiste à récupérer nos fragments de souffle entre les étoiles. Chaque nuit je regarde l'Univers à travers le tonoo de la yourte en prenant conscience que notre monde ne résistera plus longtemps aux tourments qui le harcèlent, mais qu'à l'échelle de l'Univers, cela n'a finalement aucune importance ...
le jardin s'ouvre cette nuit
comme chaque nuit
à la nuit ....
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ce soir j'adopte les mirages du vent
contemplant la première étoile levée, je souffle les pousses de sapin gelées, quelques centimètres de neige dans le fossé.
le vent falsifie toutes les questions... troquant sans conviction toutes réponses illusoires
je perds le Nord
et mes pas s'affaiblissent sur le chemin sans voie.
aux poussières de la terre j'offre mes plus belles folies
aux eaux des rivières j'abandonne mes illusions dépouillées
aux vents et aux saisons mon âme trop farouche
il ne me reste plus pour vivre, que ce battement de cœur obstinément chronique
et la constance intraitable du temps
ce soir le vent possède la force des titans sans tyrannie...
il efface le chagrin des couleurs
et alloue à la lumière éveillée un instant de divinité
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imposture sur le trottoir
ça dégouline sur la chaussée
ça obstrue les égouts
intelligence corrompue
nos cerveaux décharnés
s'entassent dans un service ambulatoire
un peu de neige sur la montagne
le temps se refroidit
il tousse il crache
des morceaux de glace
des lames de gel
la guerre est là
partout
sans raison
elle ne dit rien mais ronge nos âmes
elle nous ignore et nous obsède
et toi ?
quel est ton nom ?
oui toi, qui me regarde de tes yeux noirs sans frontière
tu ne sais plus, tu es perdu ...
le trottoir absout tes croyances
ton corps possède
les cris les pleurs
et les ressacs de la mer...
ton coeur est presque froid
de mes montagnes
la nuit
je l'entends
avec le vent du nord
dans mon sommeil
mes rêves grelottent
sans abri
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Sentinelles engourdies, les sommets qui me regardent ce soir sont couverts de neige... Ils veillent tels de vieux sages sur un monde qui s'efface derrière les nuages, derrière l'inconstance des arbres qui les esquissent. Mon cœur les contemple, mes yeux les dévisagent, mon esprit les envisage... Quelques flocons inexpérimentés s'enhardissent vers des hauteurs plus modestes. Se mélangeant à la pluie, ils s'alourdissent, perdant leur légèreté au profit de leur transparence.
Ils disparaissent entre brume et montagne, laissant dans mon esprit le souvenir de leur destin.
Il y a de l'irrationnel dans l'air. Le futur provoque le passé, le passé résiste au présent. Montagnes et forêts ont perdu la notion d'existence en même temps que la notion de sursis. Les dieux qui les habitent n'ont aucune exigence. Ils ont tout leur temps... tout le plein du destin crayonné.
Wabi et Sabi
je n’oublierai pas
les splendeurs de ce monde
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