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    Sentinelles engourdies, les sommets qui me regardent ce soir sont couverts de neige... Ils veillent tels de vieux sages sur un monde qui s'efface derrière les nuages, derrière l'inconstance des arbres qui les esquissent.  Mon cœur les contemple, mes yeux les dévisagent, mon esprit les envisage... Quelques flocons inexpérimentés s'enhardissent vers des hauteurs plus modestes. Se  mélangeant à la pluie, ils s'alourdissent, perdant leur légèreté au profit de leur transparence. 

    Ils disparaissent entre brume et montagne, laissant dans mon esprit le souvenir de leur destin.

    Il y a de l'irrationnel  dans l'air.  Le futur  provoque le passé, le passé résiste au présent. Montagnes et forêts ont perdu la notion d'existence en même temps que la notion de sursis. Les dieux qui les habitent n'ont aucune exigence. Ils ont tout leur temps... tout le plein du destin crayonné.

     

    Wabi et Sabi

    je n’oublierai pas

    les splendeurs de ce monde


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  • Le vent s'est enfin calmé. La yourte se met lentement au repos... et je retrouve le mien ce soir à l'écoute de la  forêt devenue silencieuse. La chouette réinterprète ses chants d'hiver, laissant parfois au renard un peu de place à son appel perçant. L'agitation  peu durer de longues minutes où chacun semble ignorer l'autre n'ayant pour autre souci que celui de se faire entendre par son congénère.

    Une fatigue vieille de quelques jours enlise mes pensées. Le vent a déchargé sa puissance pendant trois nuits sans aucune pitié pour ce qu'il secouait, pliait, arrachait sur son passage. Des pointes de cent vingt kilomètres heures prenaient en otage tout ce qui avait trouvé refuge en urgence, ne négociant tel un tyran aucune alternative.

    C'est ainsi que le vieux cèdre penché, après quinze longues années de résistance, s'est couché sans bruit sur la terre froide de l'hiver.

    Depuis, ses racines se dressent vers le ciel tels des spectres solitaires rompus au silence...

    me laissant  triste et orpheline....

    une prière sans mots accompagne la dernière caresse émouvante que je lui dois.

    Demain il me faudra le débiter.

    Ce grand sage, veillant sur la maison, les oiseaux, les écureuils et les tout jeunes érables plantés sous son ombrage,  s'en est allé sur la pointe des pieds, emmenant avec lui les mystères de son existence.

    Sa dignité, laissera à  la forêt en deuil,  une impression d'impermanence, un désir d'éternité.

     

     

     

    par le vent

    le vieux cèdre s'est incliné

    immortel

     

     

     


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  • Tourné sur une année dans vingt-trois pays, le documentaire s’attache à plusieurs trajectoires d’hommes et de femmes en souffrance partout dans le monde – de l’Afghanistan au Bangladesh, de la France à la Grèce, de l’Allemagne à l’Irak, d’Israël à l’Italie, du Kenya au Mexique en passant par la Turquie. Human Flow recueille les témoignages de ces migrants qui racontent leur quête désespérée de justice et de sécurité. Une nouvelle forme d’humanité que le film a le mérite de rendre ultrasensible. Une humanité déplacée, précaire, privée d’intimité, sevrée d’espérance, humiliée, vivant aux portes des démocraties, dans des camps de fortune. La recrudescence des guerres, l’expansion des iniquités sociales, l’accélération des mutations climatiques ne permettront plus, demain, que ce flux soit endigué. À ce titre, Human Flow tire une sonnette d’alarme que nous ne pouvons plus ignorer. Le plasticien Ai Weiwei signe une oeuvre colossale sur l’ampleur des migrations contemporaines et la tragédie que vivent chaque jour les personnes déplacées. Il saisit l’essence d’un phénomène global, profondément humain, qui ne peut laisser indifférent.

    Diagonal


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    Troublant de beauté et de finesse.


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  • Il faisait froid, il faisait nuit, les heures passaient lentement dans cet abri de fortune où nous nous étions réunis pour les guetter. Nous étions montés à pied depuis Névache dans la neige fraîche, tirant des luges chargées de ravitaillement,  portant des sacs remplis de vêtements chauds et de duvets.

    Arrivés au col, les premiers avaient préparé un peu de nourriture pour les suivants...

    La nuit nous attendait longue et incertaine...

    Quelques tas de neige faisant office d'igloos, quelques tentes aussi, plantées dans la neige, et toute la générosité du monde réunie là, à moins de 1800 mètres d'altitude, attendaient l’éventuel passage de migrants susceptibles de se réfugier en France par ce col à la réputation déjà funeste. Côté Italien les couloirs d’avalanche menaçaient l'étroite montée que ces hommes et femmes ne pouvaient  éviter  dans leur périple.

    Tous les jours, depuis des mois, des guides de haute montagne arpentent les versant enneigés de cette zone considérée, à la recherche des rescapés de cette guerre sans nom.

    Ils nous ont raconté et nous restions silencieux. Mon cerveau semblait figé par toute cette barbarie... Ce que j'entendais ne me paraissait tout simplement pas recevable... Mais que je le veuille ou non la réalité ne s'encombre pas de mes effrois, elle bâtit son existence là où l'histoire se compose de joie, de peine, de bonheur, d'horreur d'équité ou  d'injustice. Elle s'ancre ainsi, féroce et vulnérable, dans l'existence des hommes.

     

     

    se joignant à nos efforts

    la lune ce soir là

    prit  son tour de veille

     

    col de l'Echelle,  nouvel an solidaire

     

     

    col de l'Echelle,  passage de migrants

     

     

     

    photos

     

     mediapart tribune

     

    pétition d'un citoyen de Nevache

     


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