• parler du monde en silence...

    Étrange échange entre l'homme et le chien... Leurs pensées se croisent sans paroles, leurs regards se fondent dans un flottement qui compresse et dilate l'espace présent. Inutile de chercher à se comprendre. L'intelligence se passe de ce détail... Tout se sait, rien ne se perd... tout s'apprend chaque instant. L'instinct reprend ses droits, l'animal et l'homme le savent. Là où l'animal bâtit sa confiance inconditionnelle, l'homme, s'il considère ce dernier comme un être égal à lui-même, n'hésite pas à le suivre. Commence alors une longue approche de l'un vers l'autre, où aucune résignation ne s'envisage. Une longue progression où chacun s'apprivoise, décodant avec sagesse toute expression nouvelle. Ce qui les relie, est d'une telle dimension, que la fusion qui en résulte perd toute définition.

    La nature a ses secrets, pas si bien gardés que cela... Au fond il suffit d'une rencontre, d'un passage, d'une contemplation, d'une écoute, d'un moment d'indisponibilité de penser, pour que ces mystères deviennent perceptibles.

    Le monde dans lequel nous vivons est raffiné, délicat, intelligent. Nous voulons l'ignorer parce que ce mépris nous donne le droit de le détruire... L'homme "hors sol", persuadé de pouvoir gérer son univers de la tour d'ivoire d'où il pérore,  oublie les responsabilités  et le devoir qui l'engagent à laisser intact le monde que ses ancêtres lui ont légué. L'inculture et la peur qu'occasionnent son manquement, nous plongent dans des ténèbres accablantes.

    La bêtise se cultive dès le plus jeune âge, on la maintient avec obsession tout au long de cette éducation massive. Formaté à l'image de ce qu'on attend de lui, on gave l’homme hors-sol de diplômes et d'encouragements. Peu importe ses compétences, on ne peut se permettre de le perdre, alors autant user de stratèges flatteurs pour le garder en son sein et faire valoir des niveaux élevés de connaissance qui se révèlent à terme totalement incohérente.

    Pendant ce temps, dans les moindres détails et recoins de notre planète, de l’infiniment petit à l'infiniment grand, l'intelligence se développe loin du conditionnement humain. Contraint à se limiter à lui -même, celui-ci tarde à comprendre l'urgence de coopérer avec celle qui le nourrit. Laissant  en friche toute volonté rebelle, la symbiose entre l'homme et la Terre, ne parvient plus à s'établir. Trop d'inaptitude à la vie, rende le hors-sol incompétent et indigne de fouler le sol qui palpite sous ses pas. Son raisonnement s'appauvrit, son empire s'effondre.

    Le silence est peut-être une des  meilleures façons de parler du monde, mais je souhaite aujourd'hui plus que jamais, qu'il préserve avec le même raffinement qui lui rend grâce, toutes les  beautés connues et inconnues qu'il façonne courageusement  chaque instant de notre vie.

     

    parler du monde en silence

    comme la carpe au fond du bassin

     

     

     


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