• imitant le loup

     

    Dans ma bulle perchée sur les montagnes, je n'entends plus les rumeurs du monde. Je ferme la porte et le temps continue son œuvre avec acharnement. Au fond du lit j'écoute les chouettes devenues familières, converser entre elles de plus en plus près de la toile qui nous sépare... à l’extérieur dans le silence nocturne restant,  un grattement téméraire s'intensifie de minute en minute. Certainement, un carabe doré cherchant refuge entre le feutre et la toile de la yourte. Sa détermination laborieuse est rassurante. Je ne dors pas... rien ne m'y invite. Les animaux échangent leurs informations  et il m'est impossible de les comprendre. Malgré tout, j'écoute, béotienne parmi les béotiennes le monde de la nuit organiser son temps de présence avant le lever du jour... L'âne brait, le chien aboie... sangliers, renards, blaireaux, martres rodent sans interruption... La chasse n'a pas encore eu raison d'eux... et je ne saurais indéfiniment les protéger...



    Le monde avance vers ses limites et je me retranche derrière une impuissance exaspérante.
    L'automne a ses douceurs et ses douleurs...  Il interroge notre mémoire, et nos souvenirs. De telles températures n'ont pas été enregistrées depuis de nombreuses décennies. Le monde semble s'en satisfaire mais je ne puis le suivre sur de telles coïncidences. Tout cela sent le danger et la rupture...
    Le dernier épisode cévenol, (tempête à cœur froid), d'une violence brève et angoissante ne peut se résumer à un caprice cyclique du temps, alors qu'en méditerranée on relève les premières tempêtes tropicales, (tempête à cœur chaud), jamais observées  jusqu'ici.

    Les glaciers et le permafrost de nos montagnes disparaissent de plus en plus rapidement... Nos réserves d'eau sont menacées... Les pôles fondent à toute vitesse, les peuples de l'Arctique subissent les premiers outrages de ces quelques degrés qui s'élèvent autour de nous... Ils crient leur inquiétude, mais ils sont trop loin et nous ne les entendons pas... Nous profanons leurs angoisses cherchant à nous en tirer sans dommage... Quelle est donc cette part d'inconscience qui nous ordonne de ne rien faire, de laisser nos vies, nos attentes, nos espoirs entre les mains de tartuffes criminels qui exsudent  leur pouvoir comme une gangrène incontrôlable...

     

    Je regarde  les enfants de mes enfants grandir avec leurs problèmes d'enfants... Les rires du petit dernier dans la forêt lorsque, comme les grands, il imite le loup... trottant avec courage et connaissant d'instinct le monte qui l'entoure...

    Je les accompagne dans leur joie, mais au bord de mes yeux  se forment quelques larmes dont je ne cherche pas la raison.

     


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