• haïku... vol nomade n°7

    aller à l'essentiel est certainement l'objectif le plus intéressant lorsqu'on écrit un haïku. Ce travail nous amène progressivement vers un dépouillement indispensable à la découverte de ce qui nous entoure réellement. Nous sommes encombrés de désirs, de volontés, de décors qui répondent à une attente extérieure...  l'écriture se fait alors non dans un  souci d'expression pure, mais dans un espoir de satisfaire un public, susceptible de rendre par une quelconque marque de reconnaissance sa fidélité à l'auteur... Pourquoi pas !!! Mais cela n'est plus du haïku ... mais une forme marchande de l'expression, muée en produit banalement consommable...

     

    Si on quitte tout se remue-ménage inutile et que l'on se concentre sur la véritable nécessité de faire évoluer le haïku, il me semble plus intéressant de développer la recherche sur  l'acuité  de l'environnement  dans lequel nous évoluons, et en discerner l'exacte énergie ou fréquence qui en résulte... essayer de le peindre ou de l'écrire nous expose davantage, nous engage aussi  dans une forme d'expression moins concensuelle, mais ô combien plus passionnante, puisqu'elle ne se projette plus dans un besoin de plaire mais dans une nécéssité de découvrir la constance qui nous permet d'agir

     

     peu importe le lieu... Tout endroit, toute situation à son secret ... le trouver est impossible... mais s'en approcher le plus possible pour le retranscrire sous forme de souffle est indispensable pour écrire quelque chose de comestible...

     

    c'est la seule façon aussi de s'affranchir du haïku japonais. Nous n'avons point besoin de faire du plagiat ininteressant et essayer de comprendre une culture aussi codée que celle du soleil levant pour écrire du haïku... le haïku n'appartient pas au Japon... le Japon lui a juste donné ce nom, et Bashô n'a jamais fait que mettre en évidence une recherche d'écriture  qui se pratiquait déjà bien avant lui dans des cultures beaucoup plus anciennes et exclusivement animistes... Il ne faut bien sûr pas être animiste, et on peut également être passionné de Japon (et j'en suis), pour écrire du haïku... mais rechercher chez les japonais, la pulsion d'écriture  nécessaire au haïku est tout aussi stupide que de vouloir faire de la poésie en s'inspirant de nos classiques...

     

    nous sommes ce que nous sommes, dans un espace temps bien personnel, entourés de notre décor, de nos saisons, sur une latitude qui résonne dans nos veines... nous sommes occidentaux, fruits d'un croisement millénaire aux multiples us et coutumes... nous avons notre langue, notre façon de penser et surtout notre façon de ressentir les choses... nous allons vers le mystère de la vie d'une toute autre manière que les peuples d'Asie... mais nous éprouvons exactement la même nécessité de trouver quelque chose qui nous permette d'évoluer dans notre travail, dans notre art, dans notre perception et dans notre perfectionnement de l'un et de l'autre...

     

    normal ... à partir du moment où nous cherchons des énergies ou des fréquences  au delà de notre champ de perception, nous nous ouvrons à des possibilités que nos sociétés encombrées de principes et de morales occultent...

     

    Nous ne sommes pas toujours en mesure de comprendre ces possibilités  mais nous pouvons leur accorder une place en tant qu'éventualité susceptible de nous aider à  ressentir ce qu'il se passe autour de nous ...

     

    tout cela est au final d'une simplicité élémentaire  voire basique , c'est un raisonnement qui  permet l'ouverture de l'écriture à l'infini d'elle même vers  une transmission illimitée...

     

    le haïku a besoin d'acuité, de finesse d'esprit, même quand il est trivial... il a besoin d'ouverture, de vide de plein... de pause et d'action... il ne cherche pas à plaire, il cherche à être...  c'est tout ...

     

     

    pour décrire un oiseau ou un vol d'oiseaux, il n'est point utile de les connaître... mais il est primordial de les voir avec une honnêteté absolue... Même sur une photo on peut sentir la puissance de leurs ailes et le claquement de leurs becs... l'essentiel c'est de le dire tel qu'on le ressent...


    si  on les voit à coeur ouvert, on trouve les mots à coeur ouvert... 


    j'arpente depuis tant d'années les coins les plus sauvages pour découvrir un peu de leur secret... je suis parfois  accompagnée d'un homme qui partage non pas ma passion des oiseaux mais leur beauté, qu'il tente de saisir dans de superbes photos... Sa sensibilité, sa patience, son calme apportent un quelque chose de plus aux oiseaux qu'il  retient sur image, un quelque chose que je ne peux  discerner que dans certaines de ses photos... De ces expéditions à travers montagnes  et vallées naissent divers écrits, divers peintures (et plus encore )...  bons ou mauvais, je l'ignore et ce n'est pas à moi de le dire...  et ne suis pas certaine que cela m'intéresse... je cherche juste à transmettre les sensations les plus fidèles de ce que j'ai vécu ou ressenti... une fois sur papier les mots n'appartiennent plus qu'aux lecteurs et aux oiseaux

     

    les oiseaux picorent les mots et s'envolent...

     

     



     


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