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dialogue avec la montagne
je suis restée là... assise... sur ce versant de montagne, face à la mer... Trait d'horizon à peine perceptible, tant la distance me séparait d'elle, elle prenait avec le jour qui s'étirait, une teinte foncée soutenue presque menaçante... Au large les nuages se formaient avec une rapidité unique à cette étendue... De brume ils sont devenues nuages... noirs inquiétants... ils roulaient vers la montagne comme des vagues déchaînées...
de la mer
les nuages sombres
roulent vers les versants
j'étais seule au soleil, assise en tailleur sur un rocher... un circaète planait au dessus de ma tête... nous ne semblions accorder de l'importance qu'à la beauté de ce temps en changement... je le regardais déployer ses ailes blanches de grand seigneur, en quête de quelques serpents piégés dans les dernières chaleurs d'automne... les quelques... avant son départ pour l'Afrique... Je fermais les yeux pour garder sa lumière dans ma mémoire.... les rouvrais ensuite pour regarder sur ma droite, cette forêt de hêtres devenue familière à force de l'observer, de l'approcher, de l'apprivoiser, sans qu'elle ne me cède pour autant, le pouvoir de la saisir dans sa puissance...
sans âge
ces hêtres
sont plus sauvages que les oiseaux
sombres très sombres... comme ils savent le devenir à l'automne avant de prendre leur éclat final... les hêtres, franchissent le temps l'air de rien... j'étais là... assise... immobile parmi l'immobile... pendant un temps suffisamment long pour ne plus sentir mes membres inférieurs...
j'étais tranquillement bien... tellement bien et tellement triste en même temps...
yeux fermés
les nuages ont une odeur
de sel porté vers les sommets...
ce goût de sel
un goût de nuages
Une envie de rejoindre la terre me saisit... une envie presque incontrôlable...
Sur le rocher chaud,
l'ombre des nuages
comme manteau
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