• art libre - haïku libre

    alors que les  éditeurs en mal d'auteurs nous proposent de plus en plus n'importe quoi sous l'appellation haïku... alors que les anthologies encombrent, sans jamais être lues, ou tout juste, les rayons poussiéreux des bibliothèques. Je réalise combien il est urgent de se débarrasser des conventions établies qui jugulent l'imagination et la création... Que cela soit dans l'art en général,  dans les écrits plus précisément  et dans le haïku tout particulièrement ... tout se dilue dans un consensus bourgeois ennuyeux.... à force de tourner les mots dans son esprit, de compter les syllabes et de chercher un kigo, on perd toute la force du regard essentielle et nécessaire à l'émergence  d'un haïku...

     

    Est-ce ça écrire un haïku ???

     

    et pourtant !!!

     

    quoi de plus beau qu'un haïku !! certains m'ont émue aux larmes, d'autres m'ont donné la force de continuer à combattre la bếtise mercantile qui, le ruine... Ceux là datent majoritairement d'une autre époque... Aujourd'hui, malgré la présence d'excellents contemporains, je déplore globalement la mollesse répétitive de ce qui s'écrit... ça tourne à vide,  voire à l'obsession sénile

     

     

    Comme tout acte artistique,  digne de ce nom, le haïku n'aurait jamais dû devenir un produit marchand...Il se devait de préserver cette liberté propre aux hommes qui lui ont donné existence...

     

    alors que nous stagnons misérablement, dans un siècle qui s'éssouflle... l'écriture s'enlise  de plus en plus dans les salons bien pensant, où quelques dithyrambes cherchent sans cesse de nouveaux critères ou autres protocoles aseptisés, remparts de leur vanité,  qui tentent, sous couvert d'une connaissance  tout à fait arbitraire d'étouffer l'écriture vivante...


    le haïku est libre... le haïku est présent... le haïku est simple... sans décor... sans  souci de plaire... il se montre nu... vivant... tel qu'il est ... 

    Il suffit d'un regard... d'une énergie pour savoir s'il est là, puis au comble de sa force il se doit de disparaître et laisser place à d'autres en devenir.


    le vide et le plein...


    au lieu de cela, nous le tuons lentement en le mortifiant dans des livres  " fourre tout ", dits anthologies, dont la seule existence assure aux éditeurs une vente au prorata du nombre d'auteurs... ah ! la belle affaire ! C'est là, désespérément que le haïku se dilue dans la misère d'un ensemble d'écritures propres et sans relief...

     

    avons-nous le droit d'emprunter la discipline à un pays, de se l'approprier, et d'en faire n'importe quoi ?

     

     

    l'art est libre... l'enfant le sait... lui qui chaque instant de son existence crée sans peur et sans complexe  un univers riche et varié,  lui, qui voit ce que nous oublions de regarder,  lui qui,  dès qu'il franchit le seuil de l'école se fait lentement dépouiller de cette clairvoyance créative, pour être  façonné au modèle qui le génère

     

     

    que nous reste t-il adulte de notre spontanéité enfantine ? Exsangue de cela, nous errons à la recherche de ce qui nous a été usurpé, et comblons ce vide, d'artifices lénifiants...

     

    pensons-y lorsque nous regardons ce qui nous entoure !!! c'est là que le haïku se trouve... partout où nous arrivons à entrevoir la réalité ordinaire avec détachement. Il se trouve au détour d'une ruelle, au croisement d'un boulevard, sur le toit d'une maison, sous les semelles du voyageur, dans le bec d'un oiseau, dans les mains d'un enfant ou d'un vieillard, entre les pattes d'un chien, sur les ailes d'un papillon, au fond des océans, sur une fleur qui fane, sur une autre qui n'existe pas, dans les racines d'un arbre, dans le regard de l'être qu'on aime, dans celui qu'on déteste ... dans ma poubelle, ou tout simplement dans la poussière du chemin soulevée par le vent....

     

    le haïku se dit, se crie,  s'écrit sur des murs ou ailleurs ...  se murmure, se taît, s'efface... et laisse  dans les mémoires un micron d'existence ... c'est là toute sa force... c'est là toute sa raison d'être

     


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