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soudain, le poing frappe la table !! Objectant mon comportement peu scrupuleux, la pierre à encre consternée sursaute. Plus rapide que ma conscience, je la rattrape vivement, sachant que sa perte me serait fatale... Séisme d'un soir de travail, une vague visqueuse et noire se lève de l'encrier, déborde, prend ses aises, trace sa voie et improvise sans le savoir, un coup de maître sur le papier de riz... Marquant de nouvelles courbes, que je n'aurais jamais eu l'audace d'essayer, elle laisse le washi absorber goulûment son noir sans nuance, et organiser sa répartition dans la trame encore serrée
Plus blanc que la feuille tendue sous mes mains... Plus noir que la colère qui m'a fait perdre une toute petite seconde ma patience, mon visage reprend ce peu de rose que la surprise lui avait pris par défi. Ce soir, encre et pinceau sont en désaccord avec mon âme... et d'ailleurs ! où l'ai je donc laissée celle là ? là haut dans les montagnes, aux pieds des cinquantes tout jeunes érables du Japon plantés la semaine dernière ? ou sur les rémiges des derniers migrateurs en mal de pays ? Ce soir il pleut même sur mon papier blanc... J'entends les lamentations du bois qui craque dans le poêle... le son de la pluie sur le toit... la splendeur du piano de Satie... et le calme qui revient dans ma tête...
tempête sur papier de riz
noir et blanc se partagent
l'espace vierge
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