vivre dans une yourte, c'est avant tout vivre dans un cercle...
franchir le seuil de la yourte c'est faire un pas vers le cosmos... vers l'univers tout entier... C'est ouvrir son coeur au soleil à la pluie à la neige et au vent... c'est entendre nuit et jour, tout ce qui bouge à l'extérieur... c'est rassembler, à l'intérieur, la beauté et la tranquilité sans préméditation...
la pluie succède au vent du nord... Assises autour du poêle, nos bols de soupe d'orge fumant entre nos mains, nous parlons de notre journée de travail en forêt...
à l'extérieur, le tas de bois se détrempe, la pluie frappe les vitres de la porte... à l'intérieur nous nous allongeons par terre dans la chaleur du poêle... elle me conte ses voyages... par la roue vitrée de la yourte, les nuages avalent les étoiles...
je suis un peu chez elle, pendant que je termine mon chez moi...
elle me parle de ses voyages du sommeil
dans la voix
sur le plancher
nos corps fatigués
attendent le sommeil
devant la porte
à l'intérieur
les mocassins s'égouttent
un merle discret
à la pointe du jour
froid
lendemain de pluie
la rosée gèle
sous un ciel pur
dans nos deux bols
face à face
une soupe d'orge
sous cette toile
le mot yourte
infini