• au delà du cercle polaire... ce début de toundra...

     

     Dans ce pays où les moustiques vous rongent jusqu'à l'os, il faut une volonté quasi chronique pour surmonter la fureur qu'ils sèment. Marcher dans ces grands espaces demandent pas mal d'adaptation autant vestimentaire que mental... Rester calme, semble être la meilleure façon de ne pas se faire dévorer et de garder à distance une partie de ces petits monstres. (pas toujours évident tout de même comme technique). Dépasser l'angoisse des moustiques est la première étape d'un long voyage intérieur vers des terres souvent soupçonnées hostiles... Ciel bas et gris, quelques gouttes de pluie se perdent de temps à autres, dans les lacs et les tourbières... Les lumières sont uniques. Les couleurs des mousses, des lichens donnent à la grisaille obsédante une teinte brutale, impérieuse, urgente. Les nuits ont perdu leurs étoiles et les jours une raison de s'imposer. Rien ne leur fait obstacle et le soleil avec un flegme inflexible décline en prenant tout son temps.
    Les cris des catmarins traversent les eaux dormantes de ces paysages consternants comme des fantômes en détresse. Ces oiseaux arctiques sont d'une beauté à faire pâlir d'envie le monde qui les entoure, mais leurs cris étranges effraient autant qu'ils interrogent toute personne qui les entend la première fois.
    Jokkmok la ville où réside la seule école Sami destinée aux Samis, protège en son sein les derniers tambours de leurs chamans presque disparus. Puis,  plus au Nord, Galliväre et Malmberget se dressent comme des insultes à la toundra naissante. Premières villes minières qui sans  complexe étalent leurs lourdes infrastructures au ciel boréal  précèdent de peu Kiruna, ville  au sous sol tellement exploité, qu'une menace d'effondrement la contraint à déménager.

    J'ai froid soudain. La réalité économique et ses manières de mercenaire est partout, implacable, elle se solde là aussi par des exploitations délétères du sous sol. Le monde a ses lois, ses lobbys, ses contradictions, ses obligations et ses contraintes. L'exploitation du minerai de fer en fait partie, mais aussi les déforestations inhospitalières qui saignent cette Scandinavie à peine sortie des glaces. D'autres ressources non moindre attendent leur tour un peu plus au Nord. 

    Difficile de s'avouer vaincue devant cet acharnement compulsif de destruction massive de tout ce qui est beau et  de ce qui respire encore un peu d'indépendance, mais mon malaise face à cette évidence ne me permet pas d'en douter et je me demande bien, en ce début de siècle  où pourrait être encore ma place dans ce monde là.

     

     

    dans notre langue

    sans le savoir, un mot Sami

    TOUNDRA

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 7 Septembre 2015 à 11:12

    Très stupéfiant !

    2
    Lundi 7 Septembre 2015 à 15:06

    troublant et alarmant pour ne dire que cela Marcel...!

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