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Tancho- les grues de Hokkaidô
sur les routes bordées de végétation impénétrable, il nous semble ne plus pouvoir changer de direction... Sur d'interminables kilomètres le paysage se limite à de grandes allées de bambous nains ou s'accroche la brume... le macadam vaincu par le violent écart des saisons, se fend en longues gerçures d'où émergent racines et fleurs. Plus nous nous éloignons de la civilisation, plus ces routes de plaines et de montagnes nous réservent d'étonnantes surprises. Ces routes dont on devine la longue retraite pendant l'hiver, s'interrompent parfois, sans aucune forme de sollicitude. Le goudron se transforme en piste plus ou moins carrossable sur un nombre indéfini de kilomètres, pour redevenir goudron avec la même originalité... Surpris la première fois, nous comprenons vite que le Japon ne cesse de nous guider vers ses limites et son bon sens....
sous les bambous
un vieux banc en pierre
brisé
ICI
personne oublie
la contemplation
temple shinto
sous le torii
un homme s'avance
à Hokkaidô l'été est chaud, moite et collant, alors que l'hiver glacial engloutit sous des quantités de neige impressionnantes le moindre relief... La Sibérie touche à peine l'île, nous sommes entre le 40 ° et le 50 ° parallèle... C'est là, pourtant, dans les marais de Kushiro, au coeur de l'hiver que les grues Tancho viennent exécuter une des plus belles chorégraphies proposée par le monde des oiseaux... Au printemps, elles quittent ces marais, et migrent vers Sakhaline et le Kamtchatka... Sur ces terres hostiles elles pondront deux oeufs, n'en garderont qu'un et élèveront à la hâte leur descendance... L'hiver vient vite dans ces régions ... et souvent sans prévenir, à peine l'été passé, il s'incruste brutalement dans les régions les plus septentrionales...
Un peu dans le gaz, à force de bambous et de forêts étouffantes, nous avions failli louper deux des quelques très rares grues du Japon un peu marginales, qui restent en été...
Le noir et blanc de leurs livrées ont éveillé mon regard et m'ont sortie en un clin d'oeil de cette torpeur verte dans laquelle je me laissais complètement submerger...
Lààààààààà !!! là !!! là !!! Elles sont là ...incroyable !!!
Je reste sans expression, l'émotion paralyse mon cerveau... Faire tant de kilomètres sans savoir si la rencontre se fera... et les avoir soudain si proches, n'arrive pas à convaincre ma réalité... Mon présent en est tout bouleversé... et mon comportement reste atone...
étrange sensation
le chant de la grue
fourmille sous ma peau
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