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je viens de rentrer chez moi... le froid glacé traverse cet appartement que je vais bientôt quitter... j'allume le poêle, et mets quelques uns de ces morceaux de bois montés péniblement dans mon perchoir... La chaleur du bois repousse doucement ce froid saisissant qui envahit ce lieu devenu hostile... Pourtant tant de choses imprègnent cet endroit... Des quelques siècles d'histoires gardées secrètement dans chaque pierre de cet immeuble, ne me reste que les souvenirs d'un temps passé et dépassé...
L'alternance, montagne-ville... que je vis depuis quelques années, continuera à la cadence de mon instabilité...
j'aime ma solitude... j'aime la force qu'elle me procure... mais j'aime aussi énormément vivre auprès des êtres qui me sont chers... j'aime cette liberté quotidienne que je construis sans aucune envie d'avenir... elle me laisse imaginer chaque jour mon devenir, et se succéder les lendemains avec un minimum de contrainte. Je suis devenue nomade sans m'en rendre compte... Je suis devenue nomade parce que je ne pouvais tout simplement pas faire autrement... Plus aucun endroit ne me retient, pourtant tous les endroits où je passe me tiennent à coeur... Je flâne sous les arbres séculaires, je me prosterne devant les montagnes millénaires... je m'incline davantage sur la fleur éphémère... et tends ma main au papillon temporaire.
matin glacé
lente digestion des vers de terre
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soudain, le poing frappe la table !! Objectant mon comportement peu scrupuleux, la pierre à encre consternée sursaute. Plus rapide que ma conscience, je la rattrape vivement, sachant que sa perte me serait fatale... Séisme d'un soir de travail, une vague visqueuse et noire se lève de l'encrier, déborde, prend ses aises, trace sa voie et improvise sans le savoir, un coup de maître sur le papier de riz... Marquant de nouvelles courbes, que je n'aurais jamais eu l'audace d'essayer, elle laisse le washi absorber goulûment son noir sans nuance, et organiser sa répartition dans la trame encore serrée
Plus blanc que la feuille tendue sous mes mains... Plus noir que la colère qui m'a fait perdre une toute petite seconde ma patience, mon visage reprend ce peu de rose que la surprise lui avait pris par défi. Ce soir, encre et pinceau sont en désaccord avec mon âme... et d'ailleurs ! où l'ai je donc laissée celle là ? là haut dans les montagnes, aux pieds des cinquantes tout jeunes érables du Japon plantés la semaine dernière ? ou sur les rémiges des derniers migrateurs en mal de pays ? Ce soir il pleut même sur mon papier blanc... J'entends les lamentations du bois qui craque dans le poêle... le son de la pluie sur le toit... la splendeur du piano de Satie... et le calme qui revient dans ma tête...
tempête sur papier de riz
noir et blanc se partagent
l'espace vierge
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mille nuances dans l'encre broyée, la rendent encore plus inaccessible que je ne le craignais... mille couleurs s'égoutent, tâchent et se diluent dans la blancheur du papier. Je me perds dans ce gris aux expressions infinies, je me cache dans le noir plus sombre et plus étrange encore qu'un ciel sans lune... Le blanc quant à lui, ne doute de rien, il tranche les reflets qui s'égarent dans un vide au milieu de nulle part... Je découvre une autre façon de presser le pinceau sur la feuille imprégnée, je relève un autre détail sur sa capacité de lâcher prise avec sa nervosité....
suis-je dans le noir ? suis je absorbée par la puissance du blanc ? Je ne dois ni en faire de trop, ni rester absente ... je n'ai droit à aucune hésitation... le pinceau est mon esprit, l'encre la substance informelle de mon coeur... il faut qu'ensemble, ils trouvent l'accord parfait qui donnera naissance à quelque chose que j'ignore, mais qui appartient à tous ...
le temps s'affole, j'entends le cri du pinceau qui s'exsangue, je devine la respiration du papier qui s'essouffle... se gonfle, se dégonfle, s' aspire, se rejette, se sature à l'agonie et dans une dernière quête vers la perfection ouvre tous son tressage pour l'ultime beauté du trait.
à la frontière du vide
encre et lumière
j'ai perdu la noirceur du trait
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soudain, le poing frappe la table !! Objectant mon comportement peu scrupuleux, la pierre à encre consternée sursaute. Plus rapide que ma conscience, je la rattrape vivement, sachant que sa perte me serait fatale... Séisme d'un soir de travail, une vague visqueuse et noire se lève de l'encrier, déborde, prend ses aises, trace sa voie et improvise sans le savoir, un coup de maître sur le papier de riz... Marquant de nouvelles courbes, que je n'aurais jamais eu l'audace d'essayer, elle laisse le washi absorber goulûment son noir sans nuance, et organiser sa répartition dans la trame encore serrée
Plus blanc que la feuille tendue sous mes mains... Plus noir que la colère qui m'a fait perdre une toute petite seconde ma patience, mon visage reprend ce peu de rose que la surprise lui avait pris par défi. Ce soir, encre et pinceau sont en désaccord avec mon âme... et d'ailleurs ! où l'ai je donc laissée celle là ? là haut dans les montagnes, aux pieds des cinquantes tout jeunes érables du Japon plantés la semaine dernière ? ou sur les rémiges des derniers migrateurs en mal de pays ? Ce soir il pleut même sur mon papier blanc... J'entends les lamentations du bois qui craque dans le poêle... le son de la pluie sur le toit... la splendeur du piano de Satie... et le calme qui revient dans ma tête...
tempête sur papier de riz
noir et blanc se partagent
l'espace vierge
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mille nuances dans l'encre broyée, la rendent encore plus inaccessible que je ne le craignais... mille couleurs s'égoutent, tâchent et se diluent dans la blancheur du papier. Je me perds dans ce gris aux expressions infinies, je me cache dans le noir plus sombre et plus étrange encore qu'un ciel sans lune... Le blanc quant à lui, ne doute de rien, il tranche les reflets qui s'égarent dans un vide au milieu de nulle part... Je découvre une autre façon de presser le pinceau sur la feuille imprégnée, je relève un autre détail sur sa capacité de lâcher prise avec sa nervosité....
suis-je dans le noir ? suis je absorbée par la puissance du blanc ? Je ne dois ni en faire de trop, ni rester absente ... je n'ai droit à aucune hésitation... le pinceau est mon esprit, l'encre la substance informelle de mon coeur... il faut qu'ensemble, ils trouvent l'accord parfait qui donnera naissance à quelque chose que j'ignore, mais qui appartient à tous ...
le temps s'affole, j'entends le cri du pinceau qui s'exsangue, je devine la respiration du papier qui s'essouffle... se gonfle, se dégonfle, s' aspire, se rejette, se sature à l'agonie et dans une dernière quête vers la perfection ouvre tous son tressage pour l'ultime beauté du trait.
à la frontière du vide
encre et lumière
j'ai perdu la noirceur du trait
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elle ne m'oublie jamais... prend négligemment son rendez-vous, sans que je l'y convie, épie sans aucun complexe les moindres de mes soupçons. Me prenant par l'épaule, elle me perd dans les forêts, les plaines et les montagnes. La fragilité !!! la fragilité !!! quelle puissance de déraisonnement, quel vertige d'instabilité... quelle vitalité créative, quelle détermination élémentaire...
Je ne peux vivre sans elle... elle ne peut grandir sans moi... Je suis l'arbre qui attend l'oiseau... elle est l'oiseau qui part et qui revient sans explication... je suis la racine qui marche immobile, elle est la sève entre ciel et terre... je suis la fleur qui fâne, elle est la graine qui s'égare... je la crois loin de moi, alors qu'elle me tient fermement la main... Sans elle je ne vois rien... elle est ma voix qui parle aux étoiles... elle est ma main qui prend le pinceau, elle est mon regard qui découvre la pureté des couleurs... elle est le nuage dans ma tête, la forêt dans mes pieds, l'oiseau dans mon sang, la délicatesse que je cherche inexorablement dans chaque coup de pinceau... elle est le vide que je ne suis pas encore, elle est le plein que je vide sans cesse...
pierre à encre
le tout nouveau pinceau
ignore le goût de l'encre
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reprenant leur ascendance
dans la splendeur des vagues
abandonnant leur injonction dans la souplesse de l'air
visibles et invisibles
ils nous survivront.....
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depuis de nombreuses nuits, d'inflexibles insomnies harcellent mon sommeil... La fatigue accumule mes incohérences et ronge mon bon sens... ce problème récurrent de manque de sommeil, sonne toujours au moment où je reprends courage, comme si paradoxalement mon esprit ne s'accordait pas le droit d'apprécier ces débordements de vitalité... la montée d’adrénaline empoisonne mes veines et mes nerfs, et le sommeil attend au bord de mon lit que je veuille bien l'accueillir... je le sens si proche et totalement inaccessible que j'en perds lentement patience... Viennent alors les questions avec et sans réponses, viennent aussi les larmes refoulées par trop de choses non exprimées, suivent ensuite, les tremblements, les peurs inaltérables, les doutes ravageurs... les tsunami dévastateurs...
et je continue à grandir !!!
Les nuages empesés se fracassent désespérément sur le versant de la montagne, déchargeant au contact de ces remparts inviolables des quantités démésurées d'eau potable. Les sentiers se transforment en ruisseaux, les chemins en rivière...
Déséquilibré par l'acharnement de cette pluie torrentielle, le cèdre, confus, concède avec résignation, un degrès de plus d'inclinaison... Dans un dernier effort de solidarité, la brume tente de le soutenir...
Derrière lui c'est le néant, le vide, la page blanche...
Le vent se lève et pourtant rien ne bouge... tempête immobile... tempête intérieur... suis-je dedans ou dehors ?.. j' oscille sans tomber...
Rangés sur la table, les pinceaux reposent solennels à côté de la pierre d'encre... Fidèles ils me suivent là où je vais, accompagnant, chacune de mes errances... Aujourd'hui, je les regarde, comme s'ils m'étaient devenus étrangers... attendant simplement que la conversation reprennne entre eux et moi...
derrière le cèdre
la brume ouvre
une page blanchedernier effort de solidarité
la brume soutient
le cédre penché
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depuis de nombreuses nuits, d'inflexibles insomnies harcellent mon sommeil... La fatigue accumule mes incohérences et ronge mon bon sens... ce problème récurrent de manque de sommeil, sonne toujours au moment où je reprends courage, comme si paradoxalement mon esprit ne s'accordait pas le droit d'apprécier ces débordements de vitalité... la montée d’adrénaline empoisonne mes veines et mes nerfs, et le sommeil attend au bord de mon lit que je veuille bien l'accueillir... je le sens si proche et totalement inaccessible que j'en perds lentement patience... Viennent alors les questions avec et sans réponses, viennent aussi les larmes refoulées par trop de choses non exprimées, suivent ensuite, les tremblements, les peurs inaltérables, les doutes ravageurs... les tsunami dévastateurs...
et je continue à grandir !!!
Les nuages empesés se fracassent désespérément sur le versant de la montagne, déchargeant au contact de ces remparts inviolables des quantités démésurées d'eau potable. Les sentiers se transforment en ruisseaux, les chemins en rivière...
Déséquilibré par l'acharnement de cette pluie torrentielle, le cèdre, confus, concède avec résignation, un degrès de plus d'inclinaison... Dans un dernier effort de solidarité, la brume tente de le soutenir...
Derrière lui c'est le néant, le vide, la page blanche...
Le vent se lève et pourtant rien ne bouge... tempête immobile... tempête intérieur... suis-je dedans ou dehors ?.. j' oscille sans tomber...
Rangés sur la table, les pinceaux reposent solennels à côté de la pierre d'encre... Fidèles ils me suivent là où je vais, accompagnant, chacune de mes errances... Aujourd'hui, je les regarde, comme s'ils m'étaient devenus étrangers... attendant simplement que la conversation reprennne entre eux et moi...derrière le cèdre
la brume ouvre
une page blanchedernier effort de solidarité
la brume soutient
le cédre penché
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