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j'ai perdu la noirceur du trait
mille nuances dans l'encre broyée, la rendent encore plus inaccessible que je ne le craignais... mille couleurs s'égoutent, tâchent et se diluent dans la blancheur du papier. Je me perds dans ce gris aux expressions infinies, je me cache dans le noir plus sombre et plus étrange encore qu'un ciel sans lune... Le blanc quant à lui, ne doute de rien, il tranche les reflets qui s'égarent dans un vide au milieu de nulle part... Je découvre une autre façon de presser le pinceau sur la feuille imprégnée, je relève un autre détail sur sa capacité de lâcher prise avec sa nervosité....
suis-je dans le noir ? suis je absorbée par la puissance du blanc ? Je ne dois ni en faire de trop, ni rester absente ... je n'ai droit à aucune hésitation... le pinceau est mon esprit, l'encre la substance informelle de mon coeur... il faut qu'ensemble, ils trouvent l'accord parfait qui donnera naissance à quelque chose que j'ignore, mais qui appartient à tous ...
le temps s'affole, j'entends le cri du pinceau qui s'exsangue, je devine la respiration du papier qui s'essouffle... se gonfle, se dégonfle, s' aspire, se rejette, se sature à l'agonie et dans une dernière quête vers la perfection ouvre tous son tressage pour l'ultime beauté du trait.
à la frontière du vide
encre et lumière
j'ai perdu la noirceur du trait
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