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Par anna.nomade le 29 Janvier 2012 à 18:33
hiver
au coeur de l'arbre
un sommeil inconnu
lynx
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Par anna.nomade le 29 Janvier 2012 à 16:00
lorsque le cinéma invite des acteurs d'une telle dimension pour exprimer pudeur et dignité, on ne peut que s'incliner devant un tel chef d'oeuvre d'intelligence et de finesse... Tout est dit sans parole... Chaque image dévoile une réalité ordinaire à fleur de peau... Chaque regard croisé nous transporte vers une beauté relationnelle discrète et silencieuse.
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Par anna.nomade le 24 Janvier 2012 à 19:43
Il est tombé cet été... Une nuit de tempête l'a brisé.
Il était né entre les rochers de granit, avait grandi là, sur cette terre sans manière, avec laquelle il avait négocié chaque année de sa vie, un peu plus de profondeur, un peu plus de surface... Terre qui n'a eu d'autre choix que d'accepter ce pacte exhorté d'un faîne, égaré là il y a quelques 70 ans... Terre, qui chaque automne gagnait en échange de sa présence, souplesse et odeur. Il s'était agrippé aux pierres avec une rage de vivre propre aux êtres en péril.. et s'était aménagé lentement un espace presque inviolable. Plongeant ses racines entre les rochers, il prenait possession du lieu sans laisser de place à ses descendants...
L'été, au dessus du torrent, lorsque ses feuilles s'alourdissaient d'humidité, il faisait bon s'adosser contre lui... Le soir lorsqu'un brin de brise chatouillait son feuillage, on pouvait entendre son rire nonchalant glisser le long du tronc et se perdre dans l'entrelacement des racines... Son allure semblait faite d'éternité.
La maladie l'a touché sans que personne ne s'en rende compte... chaque année, il fleurissait et produisait davantage de fruits, prenant soin par ce subterfuge de dissimuler ce détail qui ne trompe pas les initiés... la mort était déjà en lui.
je l'ai trouvé ainsi, allongé par terre, les branches brisées dans le torrent...
L'été s'est terminé sur son agonie, l'automne ne lui a pas servi de linceul. Ses congénères un peu plus loin, accablés par son sort, n'ont rien eu à dire...
tronçonneuse en main, merlin et coins dans l'autre... je suis arrivée ce matin, pour le débiter....
Il est mort depuis 6 mois... je me permets aujourd'hui de prendre ce qu'il m'offre de plus précieux ...
De coeur à coeur, je le remercie sans un mot et je me mets au travail...
bruit régulier du torrent-
frappant de toutes mes forces
le coin éclate le tronc
quartier après quartier
l'arbre se métamorphose
en bois de chauffage
chant de l'arbre qui s'ouvre
chaque frappe raisonne
dans la montagne
m'arrêtant
pour voir le travail
et souffler.
soulevant les copeaux
le vent revient
plus froid
sur la souche
un admirateur à plumes
pas même inquiet
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Par anna.nomade le 5 Janvier 2012 à 09:30
devant la rivière qui s'écoule tout en clapotant son histoire, je regarde sans la voir la berge d'en face... mes pensées ont dépassé ses limites... en un rien de temps, elles ont traversé les forêts, les montagnes, les continents, et se trouvent déjà en train de flotter sur la mer du Japon... Trois cormorans remontent le courant à tire d'ailes, emportant une fraction de seconde un bout de mes pensées ... puis le silence revient, bref et rapide... Je suis désorientée... Une bourrasque de vent guerrier, me rappelle à mon devoir... Marquant sa souveraineté, il évince cette quiétude en rebroussant rageusement les vaguelettes de la rivière... Sans vouloir contrarier les caprices du temps, les branches des arbres, fléchissent sous la menace ... Serrant ma main un peu plus fort, l'enfant inquiet m'appelle... je reviens lentement à ses interrogations... Le bébé dans mon dos s'est endormi, et nous avons encore du chemin à faire...
provisoires
dans la boue
les traces de gibiers et de chiens
gris
les berges les arbres, les oiseaux
et les nuages flottant vers la mer
l'enfant
s'endort
dans le sac de portage
son souffle
sur ma nuque
le plus grand
ramasse les plumes
de cormoran
là où nous avions bivouaqué
plus même la trace
du feu
lente et massive
la rivière élargit
ses limites
l'érable jaspé
se courbe un peu plus
sur l'eau
au printemps
avec les feuilles en plus
l'arbre comtemplera les poissons
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Par anna.nomade le 18 Décembre 2011 à 10:11
Nous voilà à 500 km du cercle polaire... un endroit où les actions humaines et la psychologie paraissent être lestées d'un poids particulier, conséquence d'un climat, d'une présence de l'espace et de la lumière.
L'action se situe à Barrow, petite bourgade du nord de l'Alaska, au coeur de la communauté inuite, à laquelle appartient d'ailleurs le réalisateur, né à Seattle mais venu tourner dans le berceau de sa famille avec des comédiens du cru, tous non professionnels.
Une dispute entre trois adolsecents ivres d'alcool et de crack tourne mal, Un des trois jeunes hommes est tué . les deux autres dissimulent son corps et inventent l'hypothèse d'un accident à l'origine de la disparition de leur camarade
cet accident tragique, devient révélateur d'un mal-être adolescent et plus généralement du malaise d'une civilisation au sein de laquelle les règles morales cessent d'être clairement perçues.
relevant le defis de cet immensité glacé les deux jeunes hommes apprendront à faire face à leur responsabilité et assumeront leur erreur...
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Par anna.nomade le 16 Décembre 2011 à 19:20
d'après un roman de Yasuhiko Tagiguchi dont le cinéaste Masaki Kobayashi (l'auteur de Kwaidan en 1965) réalisa en 1962 une superbe adaptation, Takashi Miike a osé relever le défis et faire un remake de ce classique du cinéma japonais...
Mise en abîme des émotions, à travers l'insoutenable épreuve endurée par Motome ( au début du film), ou cruauté et suspens altèrent avec une esthétique épurée des lieux du rituel, le film évolue ensuite en mode poétique, contemplatif avec un sens de l'honneur d'une pureté déconcertante... honneur des pauvres gens prenant le pas sur celui de samouraïs figés dans des carcans moraux absurdes et inhumains.
Hara Kiri trouve sa poésie dans les flocons de neige tourbillonnants, dans la mousse et les voiles, dans les lattes de bois et les arbres. En jouant des couleurs, des formes et des textures, le réalisateur pose un hommage vibrant aux artistes du Japon ancien en opposant à leur épure un univers foisonnant mais tout aussi profond.
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Par anna.nomade le 14 Décembre 2011 à 11:01
caressant l'écorce
du vieux hêtre
comme un vieil amant
mes doigts discernent
la respiration
de ce plusieurs fois centenaires
sans neige
ses branches sans feuilles
fléchissent
sous ses racines nouées
un petit trou
fraîchement creusé
toutes ces années immobiles
à tendre ses branches
vers les oiseaux
hiver -
au coeur de l'arbre
un sommeil inconnu
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Par anna.nomade le 12 Décembre 2011 à 20:26
un à un
j'abandonne les haïku
le long du sentier
tichodrome échelette
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Par anna.nomade le 6 Décembre 2011 à 23:09
question cynique
et maintenant
à qui appartient la radioactivité ?
neuf mois plus tard
dans l'urine des enfants
le spectre de Fukushima
Seppuku
la planète
se suicide
ce soir
les laines fraîchement colorées
sèchent au dessus du poêle
sur mon rouet
des fils de soie se mélangent à la laine-
nuit claire
je pense au Japon....
celui que je connais
celui que je ne connais pas
tard dans la nuit
au piano
je reprends ce morceau mélancolique
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Par anna.nomade le 5 Décembre 2011 à 09:33
chaque jour est une découverte... bonne ou mauvaise, nous nous devons d'accepter ces pulsions, sans pouvoir y faire grand chose...
laissant, les étangs et les quelques oiseaux d'hiver qui s'y perdent, derrière moi, je me suis réveillée ce matin avec la tension d'un jour douloureux... Commencé trop tôt, il ne me fera aucun cadeau... la détresse qui m'envahit, n'a pas de nom, elle a juste une consistance... épaisse, collante, sinistre...
contre la vitre
la buée
au gout de sel
sur le piano
les partitions
d'une musique désespérée
sous mes doigts
reprenant le morceau
à coeur perdu
décembre
perd de sa clarté
envie d'écrire
un poème
sans mot
goutte à goutte
se souvenir
ou le perdre....
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Par anna.nomade le 21 Novembre 2011 à 07:52
"il était une fois en Anatolie" est un film dont on ne sait pas au juste ce qu'on attend... Sombre, autant par ses hommes aux humeurs changeantes qui occupent tout l'écran pendant 2 h30 que par son paysage d'hiver monotone et glacial... Mais voilà, il faut s'appeler Nuri Bilge Ceylan, pour faire de cet ensemble de vie quelque chose qui frise le magnifique... Ces visages sinistres transpercent le coeur de ceux qui les regardent, ne laissant aucune autre possibilité que de s'attacher à chacun de ces hommes. Au plus profond de cette Anatolie sobre et sauvage, les questions sans réponses heurtent les âmes indulgentes. Jouant du clair obscur à faire pâlir Quentin de La Tour, Nuri Bilge Ceylan apporte au film, une touche pénétrante de sentiments dont on ne peut que deviner la consistance. Avec cet éclairage d'un autre âge, il imprègne les deux femmes qui traversent discrètement ce film, d'une importance majeure. Ombres de lumière parcourant la tristesse des hommes comme un champ de bataille, ramassant au passage quelques regards émerveillés et désespérés, ces femmes sans un mot répondent aux questions essentielles que se pose ce pays dépossédé... La force de Nuri Bilge Ceylan, consiste à nous apporter tout cela avec pas mal d'humour...
Magnifique !!!!
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Par anna.nomade le 16 Novembre 2011 à 19:45
fin de journée, le soir tombe sans ménagement sur le sol détrempé... Un fond de ciel bleu persiste au fond du champ... À l'ouest le soleil laisse les émotions d'un sursaut d'été indien se dissiper dans l'herbe humide... Sans bruit la brume rampe sur la terre blême, passe entre les buissons et les mottes de terre, chevauche les murets et les enclos, mais ne réussit guère à s'élever au delà de ses velléités... La petite route qui me ramène chez moi, tortille du goudron dans les champs maladroitement labourés par des paysans négligeants. Ils ont oublié de goûter la terre... Quelques dernières feuilles pendent aux arbres immobiles. Flasques, elles s'accrochent sans espoir à leurs existences, donnant à leurs tuteurs une allure de détresse...
sans vent
plaine et montagne
s'égouttent
les phares de ma voiture éclairent ce tableau suspendu entre plaine et montagne, obstiné à assombrir les dernières touches d'un automne qui s'essouffle...
traversant le pont de montagne
un tichodrome échelette
ailes noires et rouge sang
mes yeux suivent son vol
dans le méandre
bouche ouverte
aucun son
pour l'effet de surprise
fantôme
la brume rampe
dans la fraîcheur du soir
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Par anna.nomade le 7 Novembre 2011 à 20:08
prendre un itinéraire bis (hors chemin ) pour gravir le Grand Veymont, c'est laisser au fond de la vallée ses peurs et ses doutes... C'est ne plus penser à la minute qui suit... c'est grimper sans pouvoir rebrousser chemin.
L'ascension périlleuse nous invite à franchir des versants rocailleux très pentus, où se reposent dans les derniers rayons d'octobre les bouquetins et les bien plus rares lagopèdes alpins venus terminer la saison avant de retourner dans les forêts intermédiaires.
la solitude dans ces montagnes ouvre un autre regard sur ce monde inaccessible... Un regard rempli d'humilité un regard qui entend le moindre mouvement de cette nature irrésistiblement belle, de cette sauvage en perpétuelle conversation.
sur la crête escarpée
toucher le ciel
d'un peu moins loin
sous mes pieds
et mes mains
la roche s'effrite
grimper
la tête vide
le coeur plein
sans un mot
grimper
vers le ciel
au dessus du vide
rien ne me rassure
sauf la couleur des arbres dans la vallée
paisibles
les habitants des montagnes
nous regardent peiner
la neige ne tardera pas à tomber
sur la blancheur des lagopèdes
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Par anna.nomade le 5 Novembre 2011 à 11:14
troublant et très poétique Curling fractionne les vies... les frotte les unes aux autres, les empêche d'atteindre leur destin... Dans cet univers de glace et de neige, les histoires pourtant singulières, se déroulent monotones sans étonnement. Devant le pire, elles se divisent simplement et s'éloignent l'une d'elle, pour se préserver des réponses inutiles.
superbe !!!!
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Par anna.nomade le 2 Novembre 2011 à 18:24
parfois
le vent s'arrête
sur la plage
au fond du landeau
l'enfant rêve
de marée
dos à la mer-
le rose de la saladelle
protégée
dans les enganes
le sel remonte sur la terre
grise
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