• hiver

    au coeur de l'arbre

    un sommeil inconnu

     

    lynx

     

    lynx


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  •  

    lorsque le cinéma invite des acteurs d'une telle dimension pour exprimer pudeur et dignité, on ne peut que s'incliner devant un tel chef d'oeuvre d'intelligence et de finesse... Tout est dit sans parole... Chaque image dévoile une réalité ordinaire à fleur de peau... Chaque regard croisé nous transporte vers une beauté relationnelle discrète et silencieuse.

     

     

     



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  • Il est tombé cet été... Une nuit de tempête l'a brisé. 

      Il était né entre les rochers de granit, avait grandi là, sur cette terre sans manière, avec laquelle il avait négocié chaque année de sa vie, un peu plus de profondeur, un peu plus de surface... Terre qui n'a eu d'autre choix que d'accepter ce pacte exhorté d'un faîne, égaré là il y a quelques 70 ans... Terre, qui chaque automne gagnait en échange de sa présence, souplesse et odeur. Il s'était agrippé aux pierres avec une rage de vivre propre aux êtres en péril.. et s'était aménagé lentement un espace presque inviolable. Plongeant ses racines entre les rochers, il prenait possession du lieu sans laisser de place à ses descendants...

     

    L'été, au dessus du torrent, lorsque ses feuilles s'alourdissaient d'humidité, il faisait bon s'adosser contre lui...  Le soir lorsqu'un brin de brise chatouillait son feuillage, on pouvait entendre son rire nonchalant glisser le long du tronc et se perdre dans l'entrelacement des racines... Son allure semblait faite d'éternité.

     

    La maladie l'a touché sans que personne ne s'en rende compte... chaque année, il fleurissait et produisait davantage de fruits, prenant soin par ce subterfuge de dissimuler ce détail qui ne trompe pas les initiés...  la mort était déjà en lui.

     

    je l'ai trouvé ainsi, allongé par terre, les branches brisées dans le torrent...


    L'été s'est terminé sur son agonie, l'automne ne lui a pas servi de linceul. Ses congénères un peu plus loin, accablés par son sort, n'ont rien eu à dire...


    tronçonneuse en main, merlin et coins dans l'autre... je suis arrivée ce matin, pour le débiter....

     

    Il est mort depuis 6 mois...  je me permets aujourd'hui de prendre ce qu'il m'offre de plus précieux ... 

     


     

    De coeur à coeur, je le remercie sans un mot et je me mets au travail...

     

     

     

     

    bruit régulier du torrent-

    frappant de toutes mes forces

    le coin éclate le tronc


     

     

     

    quartier après quartier

    l'arbre se métamorphose

    en bois de chauffage

     

     

     

     

    chant de l'arbre qui s'ouvre

    chaque frappe raisonne

    dans la montagne

     

     

     

     

    m'arrêtant

    pour voir le travail

    et souffler.

     

     

     


    soulevant les copeaux

    le vent revient

    plus froid

     

     

     

     

    sur la souche

    un admirateur à plumes

    pas même inquiet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • devant la rivière qui s'écoule tout en clapotant son histoire, je regarde sans la voir la berge d'en face... mes pensées ont dépassé ses limites... en un rien de temps, elles ont traversé les forêts, les montagnes, les continents, et se trouvent déjà en train de flotter sur la mer du Japon... Trois cormorans remontent le courant à tire d'ailes, emportant une fraction de seconde un bout de mes pensées ... puis le silence revient, bref et rapide... Je suis désorientée... Une bourrasque de vent guerrier, me rappelle à mon devoir... Marquant sa souveraineté, il évince cette quiétude en rebroussant rageusement les vaguelettes de la rivière... Sans vouloir contrarier les caprices du temps, les branches des arbres,  fléchissent sous la menace ... Serrant ma main un peu plus fort, l'enfant inquiet m'appelle... je reviens lentement à ses interrogations...  Le bébé dans mon dos s'est endormi, et nous avons encore du chemin à faire...

     

     

    provisoires

    dans la boue

    les traces de gibiers et de chiens

     

     

    gris

     les berges les arbres, les oiseaux

    et les nuages  flottant vers la mer

     

     

    l'enfant

    s'endort

    dans le sac de portage

     

     

    son souffle

    sur ma nuque

     

     

    le plus grand

    ramasse les plumes

    de cormoran

     

     

    là où nous avions bivouaqué

    plus même la trace

    du feu

     

     

    lente et massive

    la rivière élargit

    ses limites

     

     

     

    l'érable jaspé

    se courbe un peu plus

    sur l'eau

     

     

     

    au printemps

    avec les feuilles en plus

    l'arbre comtemplera les poissons

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Nous voilà à 500 km du cercle polaire... un endroit où  les actions humaines et la psychologie paraissent être   lestées d'un poids particulier, conséquence d'un climat, d'une présence de l'espace et de la lumière.

     

    L'action se situe à Barrow, petite bourgade du nord de l'Alaska, au coeur de la communauté inuite, à laquelle appartient d'ailleurs le réalisateur, né à Seattle mais venu  tourner dans le berceau de sa famille avec des comédiens du cru, tous non professionnels.


    Une dispute entre trois adolsecents ivres d'alcool et de crack tourne mal, Un des trois jeunes hommes est tué . les deux autres dissimulent son corps et inventent l'hypothèse d'un accident à l'origine de la disparition de leur camarade

     

    cet accident tragique, devient révélateur d'un mal-être adolescent et plus généralement du malaise d'une civilisation au sein de laquelle les règles morales cessent d'être clairement perçues.

     

    relevant le defis de cet immensité glacé  les deux jeunes hommes apprendront à faire  face à leur responsabilité et assumeront leur erreur...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  •  

     

    d'après un roman de Yasuhiko Tagiguchi dont le cinéaste  Masaki Kobayashi (l'auteur de Kwaidan en 1965) réalisa en 1962 une superbe adaptation, Takashi Miike a osé relever le défis et faire un remake de ce classique du cinéma japonais... 

     

    Mise en abîme des émotions, à travers l'insoutenable épreuve endurée par Motome ( au début du film), ou cruauté et suspens altèrent avec une esthétique épurée des lieux du rituel, le film évolue ensuite en mode poétique, contemplatif avec un sens de l'honneur d'une pureté déconcertante... honneur des pauvres gens prenant le pas sur celui de samouraïs figés dans des carcans moraux absurdes et inhumains.

     

     

    Hara Kiri trouve sa poésie dans les flocons de neige tourbillonnants, dans la mousse et les voiles, dans les lattes de bois et les arbres. En jouant des couleurs, des formes et des textures, le réalisateur pose un hommage vibrant aux artistes du Japon ancien en opposant à leur épure un univers foisonnant mais tout aussi profond.

     


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  • caressant l'écorce

    du vieux hêtre

    comme un vieil amant

     

     

    mes doigts discernent 

    la respiration

    de ce plusieurs fois centenaires

     

     

     

    sans neige

    ses branches sans feuilles

    fléchissent

     

     

    sous ses racines nouées

    un petit trou

    fraîchement creusé

     

     

    toutes ces années immobiles

    à tendre ses branches

    vers les oiseaux

     

     

     

    hiver -

    au coeur de l'arbre

    un sommeil inconnu

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  •  

    un à un

    j'abandonne les haïku

    le long du sentier

     

    tichodrome échelette-copie-1

     

    tichodrome échelette


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  •  

    question cynique

    et maintenant

    à qui appartient la radioactivité ?

     

     

     

      neuf mois plus tard

    dans l'urine des enfants

     le spectre de Fukushima

     

     

     

    Seppuku

    la planète

    se suicide

     

     

     

    ce soir

    les laines fraîchement colorées

    sèchent au dessus du poêle

     

     

     

    sur mon rouet

    des fils de soie se mélangent à la laine-

    nuit claire

     

     

     

    je pense au Japon....

    celui que je connais

    celui que je ne connais pas

     

     

     

    tard dans la nuit

    au piano

    je reprends ce morceau mélancolique

     

     

     

     

    arton1963-cff17


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  • chaque jour est une découverte... bonne ou mauvaise, nous nous devons d'accepter ces pulsions, sans pouvoir y faire grand chose...

     

    laissant, les étangs et les quelques oiseaux d'hiver qui s'y perdent, derrière moi, je me suis réveillée ce matin avec la tension d'un jour douloureux... Commencé trop tôt, il ne me fera aucun cadeau... la détresse qui m'envahit, n'a pas de nom, elle a juste une consistance... épaisse, collante,  sinistre...

     

     

     

    contre la vitre

    la buée

     au gout de sel

     

     

    sur le piano

    les partitions

    d'une musique désespérée

     

    sous mes doigts

    reprenant le morceau

    à coeur perdu

     

     

    décembre

    perd de sa clarté

     

     

    envie d'écrire

    un poème

    sans mot

     

     

     

    goutte à goutte

    se souvenir

    ou le perdre....

     

     

     

     

     

     


     

     

     



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  •  

     

    "il était une fois en Anatolie" est un film dont on ne sait pas au juste ce qu'on attend... Sombre, autant par ses hommes aux humeurs changeantes qui occupent tout l'écran pendant 2 h30 que par son paysage d'hiver monotone et glacial... Mais voilà, il faut s'appeler Nuri Bilge Ceylan, pour faire de cet ensemble de vie quelque chose qui frise le magnifique... Ces  visages sinistres transpercent le coeur de ceux qui les regardent, ne laissant aucune autre possibilité que de s'attacher à chacun de ces hommes. Au plus profond de cette Anatolie sobre et sauvage, les questions sans réponses heurtent les âmes indulgentes.  Jouant du clair obscur à faire pâlir Quentin de La Tour, Nuri Bilge Ceylan apporte au film, une touche pénétrante de sentiments dont on ne peut que deviner la consistance. Avec cet éclairage d'un autre âge, il imprègne les deux femmes qui traversent discrètement ce film, d'une importance majeure. Ombres de lumière parcourant la tristesse des hommes comme un champ de bataille, ramassant au passage quelques regards émerveillés et désespérés, ces femmes sans un mot répondent aux questions essentielles que se pose ce pays dépossédé... La force de Nuri Bilge Ceylan, consiste à nous apporter tout cela avec pas mal d'humour...

     

    Magnifique !!!!

     

     

     


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  • fin de journée, le soir tombe sans ménagement sur le sol détrempé... Un fond de ciel bleu persiste au fond du champ... À l'ouest le soleil laisse les émotions d'un sursaut d'été indien se dissiper dans l'herbe humide... Sans bruit la brume rampe sur la terre blême, passe entre les buissons et les mottes de terre, chevauche les murets et les enclos, mais ne réussit guère à s'élever au delà de ses velléités... La petite route qui me ramène chez moi, tortille du goudron dans les champs maladroitement labourés par des paysans négligeants. Ils ont oublié de goûter la terre...  Quelques dernières feuilles pendent aux arbres immobiles. Flasques, elles s'accrochent sans espoir à leurs existences, donnant à leurs tuteurs une allure de détresse...

     

    sans vent

    plaine et montagne

    s'égouttent


     

    les phares de ma voiture éclairent ce tableau suspendu entre plaine et montagne, obstiné à assombrir les dernières touches d'un automne qui s'essouffle...

     

     

    traversant le pont de montagne

    un tichodrome échelette

    ailes noires et rouge sang

     

     

    mes yeux suivent son vol

    dans le méandre

     

     

     

    bouche ouverte

    aucun son

    pour l'effet de surprise

     

     

     

    fantôme

    la brume rampe

    dans la fraîcheur du soir

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • prendre un itinéraire bis (hors chemin ) pour gravir le Grand Veymont, c'est laisser au fond de la vallée ses peurs et ses doutes... C'est ne plus penser à la minute qui suit... c'est grimper sans pouvoir rebrousser chemin.

    L'ascension périlleuse nous invite à franchir des versants rocailleux très pentus, où se reposent dans les derniers rayons d'octobre les bouquetins et les bien plus rares lagopèdes alpins venus terminer la saison avant de retourner dans les forêts intermédiaires.

     

    la solitude dans ces montagnes ouvre un autre regard sur ce monde inaccessible... Un regard rempli d'humilité un regard qui entend le moindre mouvement de cette nature irrésistiblement belle, de cette sauvage en perpétuelle conversation.

     

     

     

    sur la crête escarpée

    toucher le ciel

    d'un peu moins loin

     

     

    un peu plus loin 9644 DxO

     

     

     

    sous mes pieds

    et mes mains

    la roche s'effrite

     

     

    un peu plus loin 9630 DxO

     

     

    grimper

    la tête vide

    le coeur plein

     

     

    sans un mot

    grimper

    vers le ciel

     

     

    un peu plus loin 9709 DxO

     

     

    au dessus du vide

    rien ne me rassure

    sauf la couleur des arbres dans la vallée

     

     

     

     

     


    paisibles

    les habitants des montagnes

    nous regardent peiner

     

    un peu plus loin 9675 DxO

     

     

    un peu plus loin 9771 DxO

     

     

    un peu plus loin 9733 DxO

     

     

     


    la neige ne tardera pas à tomber

    sur la blancheur des lagopèdes

     

     

    un peu plus loin 9727 DxO

     

     


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  •  

    troublant et très poétique Curling fractionne les vies...  les frotte les unes aux autres,  les empêche d'atteindre leur destin... Dans cet univers de glace et de neige, les histoires pourtant singulières, se déroulent monotones sans étonnement. Devant le pire, elles se divisent simplement et s'éloignent l'une d'elle, pour se préserver des réponses inutiles.

     

    superbe !!!!

     

     

     


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  • parfois

    le vent s'arrête

     

    sur la plage

     

     

     

    au fond du landeau

    l'enfant rêve

    de marée

     

     

     

    dos à la mer-

    le rose de la saladelle

    protégée


     

    dans les enganes

    le sel remonte sur la terre

    grise

     

     

     

     

     

     

    entre mer et étangs

     

     

     

     

     


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