• J'ai troqué mes rires pour des sourires, des sourires pour des tristesses, des larmes pour des silences. Dans ce corps hérité sans formalité que j'incarne depuis tant d'années, le temps  se déchire sans diplomatie, brisant dans cette inflexible évidence tout repère instruit  avec patience. 

    Le monde des hommes se contracte sous l'ingérence des imbéciles. L'ignorance qui en résulte démontre l'ampleur des dégâts.  

    Que faut-il  comprendre de ce monde incapable de se corriger ?

    Pourtant, à l'abri des regards et  en toute clandestinité, un brin de mystère incontesté s'empare des montagnes, des mers et des forêts. Une touche anonyme, tout juste décalée d'imaginaire, réinterprète avec allégeance la suite de l'histoire. Les informations s'échangent  à une lenteur  défiant toute possibilité. Un monde gravitant autour des papillons, grignotant telles les chenilles nos  consciences intoxiquées.

     

    troquant pour un sourire

    l'inconstance du papillon

     


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    la terre s'efface et je cris au delà de l'enfer que le paradis est à portée de main...

    pendant ce temps  sans effort

    la nuit  continue à se remplir d'étoiles...

     

    sur la table à dessin

    un oiseau

    le plus rapide

    se lasse d'attendre


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    Ce n'est plus le cri des oiseaux que la mer porte vers le rivage, mais les pleurs des enfants qu'elle engloutit. Leurs larmes amères vaines et inutiles assiègent nos esprits impuissants. L'ombre de leurs petits corps rode sur le rivage comme des fantômes errants. Trop loin de chez eux, ils n'ont pu atteindre l'autre côté de la vie. Pas eu le temps de comprendre, pas le temps de connaître. Le naufrage, seule issue qu'un monde déshumanisé leur réserve, les condamne à sombrer dans l'insoutenable abandon. Pourtant par mer calme, lorsqu'on se dispose à être présent, on perçoit leur chant triste et monotone glisser sur le bleu infini, du ciel et de la mer. Les sirènes se taisent, troublées par toute cette barbarie... Neptune lui-même en oublie de gérer son règne.

    Lorsque leurs petites mains se tendent  vers la terre promise, mélangeant à leur prière leur chevelure blanchie par trop d'injustice, la lune se cache, les crabes s'enlisent et le soleil se voile.

    Qui sont-ils eux dont on ne connaît plus  les corps rongés de sel par une mer indifférente à leur tourment ? Une mer qui les recrache chaque jour sur des rivages désenchantés...

     

     

    en deuil

    ce bleu infiniment bleu

    abandonné par les sirènes

     

     


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  • attends moi là

    là où les oiseaux parlent aux poissons

     

     


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  • un brin de lune se brise sur les rochers pulvérisant dans les vagues sa solitude astrale. A chaque variation des flots, mille cristaux froids se dilatent dans l'eau. Au large les guerriers se rassemblent pour une guerre sans rival. De la falaise je les devine fiers et confiants, marchant sur l'écume glacée, à la recherche de leur légende impérissable. De la falaise remonte empreint d'algues et de poissons, leur souffle déterminé. A marée basse ils retournent,  fantômes impuissants, se réfugier au sein des coquillages délaissés. Le réveil des dieux tardent à leur survie, leur léthargie immobilise le temps, mais là où sommeille le rêve se concentre invariablement le mythe universel.

     

    un rien de trop

    ce léger bruit

    venu du large

     

     

     

     


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  • lune à la porte

    sans parole

     se  laisse guider


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  • Le réveil sonne, je bascule d'un mystère à un autre. La nuit s'efface discrète, abandonnant au jour le dernier croissant de lune d'une fin de cycle. Une nouvelle nuit sans sommeil  engourdit mes pensées. Je tarde à sortir de ma torpeur. Trouvant la chaleur de mes draps plus douce  que la vieille, je m'enfonce encore d'un degré sous cette moiteur confidentielle. Il me faut pourtant me décider, le travail au jardin ne peut se concevoir que dans la première moitié du jour, l'autre moitié étant tout simplement réservée à des taches moins exposées à la chaleur

    et le chien  devant la porte me regarde avec insistance. Ma lenteur semble le surprendre, mon indécision l’interpelle inclinant dans ce questionnement sa tête si familière. Son regard extraordinairement volontaire m'encourage à me bouger...

    Cette année le jardin parfait son existence. Fleurs et légumes évoluent avec flegme. Le temps soigne leur éclat. Ils le prennent donc tout entier pour parfaire leur saveur.

    Je ne sais pas qui s'accorde à qui dans cet échange. Mais de plus en plus  le jardin me semble être l'unique bâtisseur de  ma résistance. Il  m'impose son souffle avec délicatesse et m'absorbe dans sa réalité. Il ralentit mes pas, mes gestes et mes pensées... je l'accompagne dans sa croissance, dans ses récoltes, dans ses échecs... je ne suis rien sans lui, il me donne cet étrange envie de vivre diluée dans l'espace...

    C'est au cœur de cette forêt au centre de ces montagnes au fond de ce jardin que j'apprends à être et à disparaître, j'apprends la persévérance et la perfection,  le nomadisme fondamental, le sédentarisme substantiel. J'apprends à m'affranchir de moi-même. 

     

    étoile polaire

    toujours à la même place

    au dessus du cèdre

     


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  • vers luisants

    plus que de la lumière

    la beauté de les revoir


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  • seuil de la yourte
    un vieux crapaud
    à l'abri de l'orage


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  • voilà quelques semaines déjà que ce versant de montagne, vibre sous le bourdonnement de nouvelles ruches. Je remercie les deux personnes qui m'ont aidée financièrement et moralement d'avoir permis cela. Sans elles je n'y serais tout simplement pas parvenue. Les ruches ont adopté leurs noms comme emblème de reconnaissance et chaque fois que je retourne au rucher, ils  me rappellent leur volonté de permettre à ceux qui s'occupent de ces  derniers lieux retranchés, de survivre. Leurs mots, leur espoir, leur confiance, m'ont encouragée à tenir bon au delà de toutes les difficultés insolites et désagréables que rencontre  tout apiculteur en exercice.

    L'observation a repris son rythme de croisière et tous les jours je monte saluer les abeilles et veiller à leur santé. Elles sont passionnantes de vie et d'ingéniosité.

    Merci Luc, Merci Sophie.

    Dans quelques semaines, si cela se confirme, je partirai à nouveau en estive pour quelques temps. Et ce sera le massif du Dévoluy cette fois qui m'accueillera avec 800 brebis à garder. Tout reste encore à organiser ...

    Je ne suis pas très présente sur le blog actuellement. Je suis passée en mode silencieux, et préfère observer ce qu'il se passe autour de moi tout en prenant note de ce qui noue mon quotidien au travail constant et varié que demande un tel lieu de vie... Les journées sont longues et pleines d'occupation, des pénibles au plus agréables, tout se passe avec un naturel peu contrariant ... 

    Une nouvelle expo me tient également en éveil  sans relâche et me rappelle qu'il faut tenir compte de ces multitudes de  petits détails discrets qui se dissimulent derrière le gros travail de préparation, sans quoi tout pourrait devenir rapidement insignifiant.

     

    Il fait si chaud, que mes doigts aux ongles noircis de terre enflent sur le clavier...

     

    cette tendance

    à nous casser les oreilles

    bande de cigales

     

    ce lézard sans queue

    immobile comme un fossile

     

    et le soir

    tout se met à bouger

    sous le mouvement des étoiles

     

     les aquarelles dans ma tête

    n'ont pas encore de couleur

     

     


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    les mains terreuses

    je reviens du jardin

     

     

    de jour en jour

    tout s'inscrit dans ma tête

    le moindre cri d'oiseaux


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  • tatami

    à l'odeur d'herbe coupée

    un bol de thé vert renversé

     


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     Le temps se froisse, se contracte derrière ce rideau de pluie régulier qui  dilue les montagnes derrière la brume. Les heures passent lentement, sans jamais faillir à cette discipline sévère que nous leur avons organisé pour ne jamais perdre nos repères... Et pourtant aujourd'hui, plus que jamais, mes pinceaux à la main, devant ma pierre à encre, il me semble avoir perdu quelque chose d'essentielle, quelque chose que je ne peux pas nommer, quelque chose  qui me désillusionne nuit et jour. Où que je sois quoi que je fasse, c'est là, absent,  dans mon cœur, dans mon ventre, dans mon sang...

    Je tourne la page d'un monde que j'ai espéré enfant, désiré adolescente,   aménagé adulte et qui sans jamais évolué autrement que dans ma tête, se confond à des rêves perdus.

    Ici, dans ce bout de nulle part, les nichoirs se remplissent d'oiseaux, les murs de la maison de chauves souris, la grange à foin de petits chats qui devront apprendre très vite que la vie n'est pas aussi simple que cela, de prés que je ne fauche pas avant que tout le cycle des fleurs soit accompli, d'insectes et de batraciens qui reviennent enfin après une trop longue absence, d'arbres qui fleurissent à tour de rôle, parfois si discrètement qu'on les soupçonne à peine... d'abeilles sauvages qui en attendant celles qui viendront le mois prochain donner la touche finale à ce petit paradis volontairement caché, s'acquittent du travail de pollinisateur avec une conscience absolue.

    Et pourtant, malgré les cinquante espèces d'arbres plantées  sur ce flanc abrupt de montagne, toutes les plantes semées, soignées, destinées à réinventer tous ceux et celles qui ont disparu, une profonde mélancolie trouble mes pensées. 

    Dans la yourte, araignées et lézards se sont aménagés leur territoire et tous les soirs je les regarde négocier leur espace... Les grands mangent les petits, mais la stratégie des petits pour éviter le pire relève d'une telle intelligence que les grands en perdent leur monopole... Et nous ? sommes nous à un point tel d'insuffisance et de dépendance que nous ne pouvons réagir avec génie et détourner ce qui nous anéantit ?

    Il nous faut cette conscience souveraine, cette vacuité impermanente, ce génie indispensable au choix entre l'urgent et l'important, ce but sans but à atteindre, pour libérer  notre action et faire de nous des êtres clairvoyants capables de réaliser notre monde...

     

     

    rayon de soleil 

    par hasard

    sur la table à dessin


    3 commentaires
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    le jour se lève

    empruntant le sentier de  la cabane

    si proche de l'étang

     

    L'envie de vivre tient à si peu. Ce si peu mis à l'épreuve quotidiennement, et courageusement remis au lendemain, résiste au temps et à l'usure par fantaisie. Le combat est coquasse et les impostures fantasques mais il suffit d'un souffle, d'un regard, d'une infime éclosion, pour remettre de l'ordre dans cette plaisanterie caustique, relever le pied pour enjamber la mer, pousser les arbres les forêts et emprunter une nouvelle voie. Caresser les vallées, les montagnes, s'abandonner au ciel, aux nuages et remplir nos têtes de poésie infinie.

     

     


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    silence au bout du rang

    rien n'a encore

    germé

     

    "présidentielle"

    le programme de mon jardin

    ne rentre dans aucune de leur tête

     

     

     

     

     


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