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Par anna.nomade le 30 Mai 2019 à 00:52
puis je encore espérer parcourir un jour ce long voyage à pied qui hante mes pensées ?
mon courage soudé à une parcelle d'inconscience se fait et se défait sans raison... la volonté abandonne parfois mes rêves, mais jamais suffisamment pour me convaincre du contraire... si je me décide, il me faudra des semaines de marche solitaire pour atteindre un but sans but... pour atteindre ce fragment de cet être discret dont je ne sais rien.
le vent encore le vent
toujours
dominant
et tu chavires, dans ton incertitude, toi climat dont on parle sans relâche, vers cette sombre inconnue sans héritiers...
comment faut-il le dire ?
le hurler peut-être ?
... sortir les armes invisibles, brandir les derniers murmures présents...
au cœur des montagnes
la yourte se nourrit de silence
monts et vaux se soustraient à l'usure du temps
succombent à la nuit sans lune
assise dans la nuit
sans aucune histoire à raconter
le soupir des constellations
la folie des hommes, pour les hommes, par les hommes... intoxique leur raison, consume leur intelligence, détruit leur pensée, corrompt leur imagination...
et cette guerre sournoise, travestie en imposture intellectuelle, résigne le monde en abnégation, ruine un peuple muet déjà à genoux...
me réveille la nuit
en sueur en pleur en tristesse en rage
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Par anna.nomade le 8 Mai 2019 à 16:00
goutte à goutte
la pluie frappe la taule de mon atelier
sans aucune variation
pas un souffle d'air
les herbes souples se replient sur le bassin
leurs courbes régulières apportent une douceur insoupçonnée aux heures lentes de la journée.
Cette pluie m'endort
à la beauté de ces instants organiques
s'ajoute la complaisance de mon petit atelier
quelques notes de piano
ouvrent une voie déterminée
vers la consolation
la beauté traverse mon âme
je l'entends
exporter mes émotions
une ébauche de sculpture
attend mon réveil
quatre tritons au fond du bassin
en nombre involontaire
grenouilles et poissons se glissent dans les roseaux
une salamandre dans le jardin
tant et tant d'abeilles aujourd'hui, privées de sortie
trente neufs espèces d'oiseaux recensés
des fleurs que j'avais oubliées
des herbes frôlant le bout de mes doigts
soixante érables du japon dressant leurs feuilles dans le plus impeccable des désordres
un printemps de plus...
de tout jeunes plans toujours à l'abri dans la toute petite serre
la maison se cache sous les arbres
la yourte derrière les herbes
cette pluie ne cesse de frapper le toit de mon atelier
dans sa fourrure d'un blanc arctique
les yeux noirs du chien d'une infinie tendresse
loin du monde
sans regret
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Par anna.nomade le 5 Avril 2019 à 15:13
sans humeur
ni bonne ni mauvaise
je m'inscris dans le temps avec une lenteur méticuleuse
dans la yourte le poêle a repris un peu de service
sans lune sans bruit sans vent
la nuit déplie sa face obscure
encore et encore
obstinément
mes illusions se métamorphosent
en chimères perdues
enlevant les ponctuations de mes rêves
les majuscules de mes angoisses
le texte nu
délivre
sa chair
sanglante
aux saisons fatiguées
et ce silence qui inventorie les absences
rien que des murmures
des lamentations
des rumeurs
déjà oubliés
puis de rien
la colère assiège mon sommeil
en otage
je serre ma dernière arme sur mon cœur
encore chaud
et ce silence
qui devient trop silence
consume les songes de la montagne
sans bruit
sans vent
sans pluie
3 commentaires -
Par anna.nomade le 20 Mars 2019 à 19:05
terre de ces peuples inconnus, je te tourne et retourne avec pudeur vers une nouvelle saison, te visite en surface pour connaître ta fertilité.
Ton odeur féconde n'apaise guère mes incertitudes chroniques contractées au fil du temps.
Le soleil brutal de ce printemps bien trop chaud t'accable franchement, plongeant les touts petits et les rampants plus loin dans tes moiteurs cachées.
Trente cinq ans déjà, que tu glisses entre mes doigts fatigués, me livrant chaque année davantage à mon incontournable destin
C'est à genoux que je te soigne implorant ta connaissance
et t'imagine m'observant à ta manière
avec l'inconstance des grands Sages.
glissant entre mes doigts
oh terre de mon jardin
avec cet étrange vent chaud
aujourd'hui c'est le bleu du ciel, qui m'effraie...
son éclat acharné me rappelle l'inquiétude de cet avenir désorienté...
C'est ainsi que la beauté avec ses allures de paradis, adopte son genre cruel, son élégance dissidente, son arrogance meurtrière.
dans les rues
les enfants de ce monde hurlent leurs rêves
affolés par leurs cauchemars
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Par anna.nomade le 14 Mars 2019 à 21:52
De l'autre côté de la montagne, le soleil décroche son dernier rayon de la journée. Je m'absente de mon travail et emprunte à la forêt un peu de sa beauté.
les gouges de sculpture se résignent à l' instant.
de l'autre côté de mes pensées se dérobent mes obsessions. Sans le savoir, de l'oiseau de rivage observé, à mon morceau de bois à peine façonné se trace un chemin clandestin.
rien ne bouge, le silence est presque parfait.
mes mains se crevassent, mes ongles se fendent, mes doigts s'épaississent.
Aux yeux ouverts, flocons de neige et pétales de prunelliers se mélangent provisoirement dans un concentré d'illusion.
Un doute d'éternité, une attente peut-être, s'éclipsent devant la fenêtre.
qui me contrôle ? qui m'ignore ?
aux cheveux ouverts jusqu'à la taille
en une fraction de temps
rassemblés en chignon
l'habitude
le geste
tout devient monochrome
au fond du couloir
les fantômes s'embrassent
leurs mains se tendent
je tourne la tête
reprends les gouges
et laisse filer le temps
sans moi
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Par anna.nomade le 22 Février 2019 à 15:28
viens
il est temps de rentrer
l'enfant que j'étais
pousse la femme que je suis
vers la beauté brutale du crépuscule
2 commentaires -
Par anna.nomade le 28 Décembre 2018 à 23:58
fragments de terre
fragments de mer
je trie mes vêtements d'hiver
et le sourire de cet arbre
au sommet de la montagne
juste pour l'image
il va souvent de part le monde
de la mare au jardin
convertissant le temps en poèmes
et les poèmes en poussière
le vieux crapaud
mes mains lui ressemblent
mais en vain
sa sagesse me reste inaccessible
le monde provisoire
tremble
se déplace, migre, s’éteint
l'éternité est là pourtant
dans ces étoiles d'hiver
où nul n'accède
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Par anna.nomade le 20 Décembre 2018 à 18:29
j'écoute la montagne
qu'ai je à craindre ?
elle retient derrière la fenêtre
les limites du monde que je ne connais pas
demi-jour
ce ciel usé par les tempêtes
métamorphose mes doutes
conduit mon cœur vers un silence qui vient de la forêt.
je me rêve oiseau
sans connaître l'arbre sur lequel
je me pose
remontant de la vallée
le vent de fin de journée
s'arrête devant ma porte
en tribut
je lui murmure
un poème de Wang Wei
en retour
à l'aube
les sommets m'apporteront
leur odeur
nous sommes faits de tant de mystère
qu'ai je à regretter ?
il me suffit de planter quelques arbres de plus
en oubliant d'attendre
2 commentaires -
Par anna.nomade le 14 Décembre 2018 à 11:23
il va de ses tresses noires retenues par des rubans multicolores
de ses yeux plus sombres que les ténèbres
une étincelle de vie sortie des mers et des montagnes
transie de froid
l'enfant ne voit rien n'entend rien
elle ne respire que cette immensité qu'elle désire devant elle
laissant à son ombre blessée le soin d'effacer les folies meurtrières...
je la regarde jusqu'au bout du chemin
disparaître
engloutie par autant de bruit que de silence.
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extrait d'un article de Médiapart:
Aide aux migrants: jusqu'à 4 mois de prison ferme pour les «7 de Briançon»
« On ne va pas se laisser faire, on va faire appel », réagit auprès de Mediapart Benoît Ducos, un ancien pisteur-secouriste de 42 ans, parti en maraude tout l’hiver dans « sa » montagne pour éviter que des migrants, des femmes et des enfants, lancés depuis l’Italie, se perdent sur les sentiers enneigés avant d’arriver jusqu’au refuge de Briançon.
« L’enjeu de ce procès était de savoir si la justice venait confirmer l’engagement de l’État aux côtés des identitaires, contre les solidaires et contre les migrants, poursuit-il. On a la réponse. C’est un grave signal envoyé à la société française : le tribunal fait le choix de la mort. En ce moment, à Briançon, des gens continuent de franchir la montagne par des nuits très froides, à moins 15 degrés déjà. Dans le même temps, nos signalements récents au parquet pour dénoncer le comportement de certaines forces de l’ordre, des gens pris en chasse et mis en danger, sont balayés. » Sollicité par Mediapart, le procureur de la République, Raphaël Balland, n’a pas encore retourné nos appels.
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Par anna.nomade le 10 Décembre 2018 à 21:49
chaos, comme toujours, tu es là, sans haine sans résistance, sans peur, sans passion... Tu es là, normalement là, tout en désordre, et c'est ce que notre ignorance te reproche... Tu vas tu viens, inaccessible aux humains... Sans médire, sans prédire tu n'as cure des agitations désordonnées qu'une société désespérée dispose provisoirement hors contrôle. Inconditionnel à l'ordre établi, tu négliges toute souveraineté. Tu te tiens là entre chien et loup, au bord du monde, sans notion de temps, sans volonté d'espace. Tout bouge, dans ton immobilité fossile. Tu perds et prends vie avec raffinement. Rien ne t'affecte, tu es chaos et tu resteras chaos. La guerre t’indiffère, la paix te désintéresse. Tu es la naissance du monde et bien sûr tu en es sa fin. Qu'importe le changement à suivre, cette connaissance nous reste inaccessible... et c'est pourtant tout ton mystère qui guide notre unique raison de vivre ...
la lune en son croissant
décroît ce soir
en plein vent
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Par anna.nomade le 28 Novembre 2018 à 11:21
les jours dévorent le temps, alors que tout semble s'organiser avec soin pour un avenir de plus en plus incertain
un sentiment étrange me serre le ventre
pourtant
de l'été
il reste dans le jardin
toutes les graines promises
à l'éternité
entre automne et hiver
le petit atelier, lui même,
se tient au calme
de l'Ouest
il me vient un vent
presque froid
d'un jour familier
tombant au sol
les pommes de pin
ont entrepris un long voyage
vers le futur
en nuit pleine
l'appel d'un renard
pas si loin du poulailler
C'est ici que la Beauté du monde me tient en otage
C'est ici que l'effacement du monde relâche un peu sa tension
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Par anna.nomade le 23 Novembre 2018 à 16:32
jours sans fin
s'isolent les uns des autres
sans direction
le coeur presque soulagé
il pleut
encore
il pleut
toujours
la montagne enseigne de nouvelles règles
les sources gonflent les rochers
les rochers deviennent torrents
d'une marche à l'autre
de l'escalier en pierre
de petites chutes d'eau
miniaturisent le monde
toutes ces nuances de gris
que rien n'arrête
du ciel à la forêt
rien est rançonné
ces alternances de couleurs
séquestrent mon âme conquise
fuite d'eau
un seau de plus à vider
du coté du poêle
il me semble que même mes rêves prennent la couleur de la pluie
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Par anna.nomade le 21 Novembre 2018 à 18:26
l'arbre s'empare de la lumière, la terre de ses ombres fertiles
le temps est un caniveau perdu dans l'espace
l'espace une notion qui sombre en friche
le brouillard empoigne le maquis
personne n'y entre
personne n'en sort
simplifiez vous la vie en mode sans contact
et les fantômes se glisseront dans vos têtes
chaque nuit dans la valléequand les lampadaires s'allument
les mystères se lèvent plus tôt qu’ailleurs,
volent notre folie
l'abreuvent, l'assoiffent
la nourrissent, l'affament
c'est tellement facile de dire n'importe quoi
une goutte de pluie c'est tellement puissant....
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Par anna.nomade le 10 Novembre 2018 à 23:30
2 août 1914
ses premiers cris de nouveau né
ont traversé le champ d'une bataille tout juste gagnée
ma grand mère le tenait encore entre ses cuisses
lorsque mon grand père revêtit son horrible uniforme de poilu
mon père cria et hurla sa rage et sa faim
le sein de ma grand mère en resta désespérément vide
ce mois d'été fut triste et sans lumière
ma grand mère arpentait son village sans relâche
vendant tout ce qu'elle avait pour quelques gouttes de lait
on lui en fit le reproche bien des années après
la suspectant des pires actes
tant réprimés par sa religion dépourvue d'esprit
mais moitié bigote moitié rebelle
elle avait pris l'habitude d’immerger ce malentendu
dans l'eau douteuse des bénitiers de son église de campagne
et de continuer son combat au dessus du berceau
c’était un tout petit bout de femme
au chignon désordonné
courant sur le pavé rugueux d'un village
ordinairement méchant
serrant ses poings sous son tablier usé
pour dissimuler sa honte,
et empêcher que la colère ne caille ce lait si mal acquiselle savait
avec son courage de guerrière
voir au delà de l'horreur
voir au delà du déshonneur
et je l'ai connue
tant d'années après
douce et sauvage
avec ce regard infiniment bleu
farouchement lucide
qu'un souvenir funeste
par jour d'orage
endeuillait clandestinement
ma grand mère
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Par anna.nomade le 6 Novembre 2018 à 15:22
et toi tu l'as suivi,
sans rien dire, sans bouger
jusqu'au bout du monde
d'un pôle à l'autre
tes battements d'ailes forcent les tempêtes
quelques grains de sel
sur tes plumes délavées
tu l'as suivi
ce temps qui ordonne ta vie
sans que nous ne comprenions pourquoi
et
tu es déjà en train de disparaître
la mémoire de ceux qui oublient
te rangera dans des livres savants
d'autres célébreront tes prouesses de voilier, de marin
souvenirs risqués d'un temps provisoire
mais sans toi
le temps titube
l'espace transhume sans fin
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