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dans le creux des arbres
et la forêt enfin !!... De vieux hêtres, là depuis trop longtemps pour qu'on se souvienne de leur absence, garantissent une souveraineté tranquille sur ce versant de montagne... Pour que nul, ne puisse y mettre un quelconque désordre, ils chargent leurs racines noueuses de tisser une histoire plusieurs fois centenaires dans une trame inextricable.
Ils se parlent ainsi les arbres... par la terre et par le ciel... par les racines et par les branches... ils retiennent leur immensité.
les plus vieux aspirent les plus jeunes vers la lumière.... et ces tout jeunes hêtres encore fragiles, pour ne pas succomber dans l'ombre de leurs aînés, se dressent de toutes leurs forces, vers leur salut... Pour atteindre leur destin, ils se tordent, s'agrippent aux rochers qui les entourent, les avalent progressivement dans leur croissance... se blessent et blessent les congénères qui les accompagnent d'un peu trop près... saignent et soignent leurs plaies en silence... parfois sous le poids de la neige, une de leurs branches se détache, laissant, en mémoire de son existence un trou ou une boursouflure... dans leur progression séculaire, rien ne les épargne... Le ciel d'été gonflé d'orage, les foudroie par endroit, jusque dans leur coeur... Les moins mutilés, arrangent autour de leur brûlure une condition de survie provisoire, alors que d'autres, trop atteints, attendent dignement qu'une grosse rafale de vent ou de pluie les couche pour l'éternité...
ces très vieux arbres
à force de temps
ont la peau couleur pierre
... je me fais toute petite dans cet empire de feuilles et d'écorce, de visibles et d'invisibles... depuis mon enfance oiseaux et arbres accompagnent mon existence, ils ne m'en impressionnent pas moins... de la tête au pied ils imposent leur immobilité... s'y accrochent, mousse, lichen et champignons.. lorsque mon imagination, me permet de voir le non visible, je découvre en dessin de leur cheminement, des jambes , des coudes, des visages, des corps couchés... tout ce que leur recherche d'eau et de nourriture, leur confère comme fantaisie de croissance..
trop loin de tout et complètement inaccessible, l'homme n'a rien touché dans cette forêt d'altitude. Elle prend ses aises sans angoisse, sans terreur... Elle vit au rythme de ses morts et de ses naissances. Les oiseaux y sont tout juste présents... certains pourtant poussent leur voix à l'excès pour limiter fermement leur territoire, mais la concurrence n'est pas énorme, et le territoire pas trop menacé....
sur ce versant
les oiseaux
prennent un accent de montagne
dernier arbre de la forêt
le silence s'arrête
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