• carnet de bergère-4

    Dernier jour de septembre, le brame du cerf retentit dans toute la montagne. Rauque et sinistre cet appel à la reproduction effraie plus qu'il ne rassure. Je me sens souvent étrangère à ce monde énigmatique. Les reliefs  abrupts de ce paysage rustique me condamnent parfois à des impressions de vertige contraignantes. Mon courage se retranche alors sauvagement derrière mes doutes, sans pour autant m’assujettir à leurs influences.

    Aujourd'hui le soleil frôle les reliefs. Ma peau a plus d'instinct que mon cerveau, et m'invite discrètement à saisir les faibles rayons qui se taillent un passage entre les nuages.  Le brouillard s'est levé brutalement ouvrant une trace entre buissons et pâturages.  Avec l'aide de Dick, j'engage, le troupeau sur le sentier des crêtes, dans l’espoir de lui trouver un peu plus d'herbes grasses à brouter.

    Jour après jour, les teintes vives de l'été abandonnent leur splendeur aux gelées incontournables des petits matins grelottants. Ce changement de décor déconcertant, décline un instant inachevé sans postérité. Aucune proposition de futur ne sera soumise. Dans quelques semaines, la neige effacera toute trace de notre passage. Cette circulation du temps traverse mes veines, effaçant tout ce qui encombre le destin...

    Empreinte perdue au fond de soi, tout renaît avec plus de simplicité, plus d'humilité, d'honnêteté, sans chimère, sans conséquence.

     

    odeur d'urine

    piquant le nez

    dans le brouillard

     


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