• carnet de bergère-1

    12 septembre 2016 alpage entre 1800 et 2000 m d'altitude, chalet de l'Arbaretan, Savoie

                                

    carnet de bergère

     

    matin de septembre

    l'haleine des moutons

    gèle dans l'air

     

    Être poète c'est presque un handicap. On est toujours poète quelque chose, poète maçon, menuisier, charpentier, sculpteur, jardinier, bûcheron correctrice, ornithologue et même poète bergère. Voilà le dernier que j'ai gagné à la loterie des imprévus.

    Berger, voilà un travail que l'on associe aisément à la rêverie, la contemplation, la sieste, aux grandes balades.

    Au mois de septembre lorsque le brouillard et la pluie deviennent une affaire quotidienne, on peut de suite oublier tous ces petits bonheurs que l'été peut dans ces moments généreux offrir au troupeau et au gardien.

    Au mois de septembre et de surcroît à la fin de ce mois, on passe plus de temps à chercher les vêtements qui pourront nous tenir au chaud et au sec tout au long de la journée.

    Lorsque le soir arrive et qu'il faut rentrer les 700 brebis dans un enclos à refaire tous les deux jours en prévision d'une visite insolite de la gente canine, deux idées deviennent obsédantes, refaire un parc pour la nuit suivante et rejoindre au plus vite la minuscule caravane de 5m2 devenue par défaut la seule source de chaleur et de douceur disponible dans ce climat austère.

    Tous les jours, enfermée dans ce brouillard matinal, je me dis que c'est trop dur et que je ne tiendrai pas. Tous les matins, je reprends mon bâton, siffle le chien pour rejoindre le troupeau et continue consciencieusement mon travail. Au courant de l'après-midi le ciel se dégage, le Mt-Blanc apparaît en face de moi, et toute la noblesse des montagnes m'encourage à tenir le choc.

    Dick est mon chien de garde. Livré avec le troupeau, il devient en quelques heures un compagnon fidèle sur lequel je mise toutes mes attentes, tous mes espoirs. Actif, fidèle, attentif, d'une gentillesse déconcertante, il ne me lâche plus d'une semelle et moi plus d'un coup d’œil. Indispensable au delà de tout attente, mon regard se porte sans cesse sur lui. il suffit d'un ordre, d'un geste, d'un sifflement, pour que le troupeau prenne sous sa détermination  la direction espérée. Ce chien m'apprend jour après jour, la mobilité de toutes ces brebis, leurs longs déplacements générés par leur faim inapaisable. Il m'apprend ses limites et mes limites, me dicte ce qu'il ne faut pas faire et ce qui peut être envisageable. Il m'apprend qu'ici, seul compte le présent conjugué par défaut à une fraction de  temps inexistante ailleurs.

    carnet de bergère

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  • Commentaires

    1
    veronique
    Lundi 10 Octobre 2016 à 11:00

    très chère anna merci de partager ces magnifiques photos et ces moments purs où seul le présent compte

    2
    Corinne
    Lundi 10 Octobre 2016 à 21:08

    Allez jusqu'au bout de soi, se donner les moyens une fois de plus d'assouvir ses rêves les plus fous, avoir puisé tout au fond de toi la  force de persuasion et le courage pour en fin de compte être juste au bon endroit, au bon moment. 

    Ce projet te tenait à cœur. Je suis si contente que tu vives cette belle expérience. 

    Je t'embrasse tendrement et merci pour ce partage.

    Corinne

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