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Baltique
Il fait nuit, nous venons de traverser la France, l'Allemagne, la chaleur et les autoroutes infernales... Trois heures du matin les oiseaux de la Baltique sont là. Gardiens des côtes et du large, infatigables planeurs, ils strient le ciel de leurs cris perçants, nous laissant peu de répit avant de prendre le ferry qui nous portera en Scandinavie.
Insouciante, la mer Baltique flotte dans son baquet comme si de rien n'était. Je pourrais presque la trouver belle et reposante si j'arrivais à faire abstraction des horreurs qu'elle dissimule dans ses profondeurs... Les guerres lui ont aménagé une place d'honneur en tant que poubelle chimique toxique. Des centaines de milliers de tonnes d’obus rassemblés en Europe y ont été immergés. Elle comprend actuellement sept des dix zones mortes les plus importantes de la planète. Du gaz moutarde, de la chloropicrine, du phosgène, du diphosgène et des substances à base d’arsenic sont contenus dans des douilles et des tonneaux qui tôt ou tard seront totalement rongés par la rouille. Rien de vraiment rassurant...
En 9 heures de lente traversée, de Travemunde à Trelleborg... nous n'avons perçu aucune présence marine... Eau de peu de profondeur, grise devenue presque stérile, la Baltique bien qu'étant la toute petite dernière de notre planète, agonise dans sa morosité de mer sacrifiée...
Nous accusons le coup, de ce que nous savions déjà, mais y être, relève d'une toute autre impression... déconcertante, dangereuse, fragile surprenante... le tout sur fond gris et cris d'oiseaux... De quoi ne jamais l'oublier....
mer Baltique
de sombres souvenirs
remontent avec les poissons morts
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