-
au délice du soleil
Les fleurs des prés caressent les mains ballantes le long du corps... Une attention douce et soyeuse s'échange alors entre les fleurs et les doigts, provoquant dans le ventre un frisson presque divin. Une façon peut-être de rappeler aux rêveurs, qu'elles veulent rester libres et accomplir leur cycle tranquillement. Une façon d'essayer de se protéger de ce cauchemar préoccupant, qui consiste à les réduire de manière obsessionnelle à ces quelques centimètres de haut, qu'une esthétique formatée par "un prêt à tailler" régenté dans les lotissements copier-coller au mètre, impose comme seul modèle recevable.
Lorsqu'on les laisse faire, ces herbes et ces fleurs grandissent en toute simplicité au gré des jours et des nuits, au délice du soleil, à l'insolence des pluies et au bercement des étoiles. Elles n'aspirent qu'à devenir fleurs et séduire abeilles et papillons pour le renouvellement de leur espèce... Massacrées, par l'acharnement des tondeuses qui ramènent les coupes de ces malheureuses qui poussent trop vite à ces quelques centimètres réglementés dans les salons obséquieux d'une mode infirme, les herbes s’asphyxient par hectare. On les veut courtes, vertes, sans insectes et si possible sans pousser... Une absurdité supplémentaire parmi les milliers qui cannibalisent totalement notre bon sens. Fragilisées par tant de frénésie, certaines de ces fleurs disparaissent à jamais ne laissant comme souvenir de leur beauté, que quelques couleurs ternies dans un herbier oublié...
fleurs d'acacias
une pointe de rosée en plus
pour apaiser la soif
dans la troisième fleur
un goût acide d'insecte
sous la dent
aucune trace de notes
sous la fleur séchée
trop d'années passées
-
Commentaires