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  • l'impermanence est un état d'incertitude dans lequel nous organisons avec obstination un vide permanent... Une structure intemporelle qui nous balade, nous les incrédules, vers des néants artificiels sans amnistie. Nous ne cessons de nous perdre, de nous égarer dans des nécessités, les unes plus inutiles que les autres, et nous nous accrochons à ce décor virtuel, comme des âmes en errance, comme des êtres sans avenir... Celui-ci est menacé, jusque dans le moindre recoin de notre planète... sans repère, nous ignorons jusqu'à l'urgence de le sauver, de lui donner une dernière chance de salut... mais notre altruisme disloquée ne sait que faire de cette ultimatum, et tels des êtres normalisés nous avançons sans destin, sans espoir, sans envie, vers un lendemain macabre...

    Le voyage aère les pensées funestes, mais ne soulage pas la clairvoyance que notre instinct génère. Nous sommes pris au piège de notre condition humaine. Que nous le voulions ou non, notre prédisposition à nuire domine et de loin, celle à construire... l’équilibre ne peut-être rétabli, la vacuité sert les inconscients, pendant que les autres perdent leur patience dans des combats sans espoir...

     

    il va des jours, où même dans le plus beau des sourires se cache une larme.....

     

     

     


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     Déchiquetée en lambeaux de roches arrachés à sa matrice, plongeant ses fragiles amarres dans cette mer froide qui s'étend devant elle jusqu'au Groenland, la Norvège s'agrippe sans espoir à sa terre rongée par des vagues jamais repues. Ses fjords pénètrent son sol, en se taillant des passages sinueux et dangereux... Les glaces se sont retirées depuis longtemps, laissant aux hommes des eaux poissonneuses et des oiseaux aux notions d'espace très périlleuses... Quitter la Suède pour  la Norvège est déconcertant. Voilà deux pays scandinaves qui se mesurent en tension pas toujours favorables pour s'apprécier... Le second devenu démesurément  riche en un peu plus d'un demi-siècle, alors que sa pauvreté égalait les plus pauvres d'Europe, nargue de son regard de glace son voisin nettement plus modeste et de plus en plus à son service, avec l'outrecuidance des parvenus... Clinquante et lumineuse, séduisante et colorée elle attire le long de ses côtes les touristes, comme des nuées de moustiques. Les paysages sont sublimes, et pourtant, ils n'imprègnent pas mon cerveau... Ce pays sans défaut, aseptise le prêt à penser de sa population, engloutissant à jamais toute fantaisie inappropriée... Grands, blonds aux yeux très bleus, les scandinaves ont la chevelure rêche, les yeux perçants et une taille qui ne se mesure plus tant elle en impose.

    Le Vidda est loin derrière nous, mais je le retiens dans mon sang avec les quelques piqûres de moustiques restantes, comme une destination qui démangera encore un bon moment ma détermination à y retourner...

     

     


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    jour sans fin

    après la pluie


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    Le Sarek, juste du bout des pieds... Frontière entre la Suède et la Norvège, ce parc national garde en son âme la plus grande des surfaces vierges d'Europe. Est-ce une légende ? Je ne saurais le dire, mais je me prends, rien qu'à l'approcher, à rêver de ses histoires de rennes de glaciers, de lynx et de coqs de bruyère. Voilà sept milles ans que le peuple Sami y laisse son empreinte, voilà sept milles ans que les Samis veillent sur les esprits qui imprègnent  cette toundra. Que de passage depuis qu'ils sont devenus éleveurs, ils transhument durant une longue période les troupeaux de rennes par ce parc aux piètres accès. Nomades, les Samis ne perdent jamais la raison de faire valoir leur droit. Ils se placent au devant des intérêts qui leur sont légitimes et ne laissent passer aucune occasion de plaider pour ce qui leur appartient. Peu enclin au tourisme et jugeant ces migrations artificielles comme des entités sans intérêt, rien n'est  organisé pour celui qui s'aventure dans ces espaces infinis.

    Et c'est là que tout commence à devenir intéressant... Les sentiers peu indiqués se perdent très vite entre ruisseaux et végétation rase. Il ne faut donc louper aucune indication aussi petite soit-elle pour pouvoir cheminer dans ces étendues vertigineuses...

    la neige n'est pas très loin. C'est la mi-août et l'altitude à laquelle nous progressons, n'est guère élevée. Au delà du cercle polaire, les réalités n'ont de valeur que ce que nous voulons bien leur définir... elles nous détournent de notre logique et nous apprennent dans leur singularité à écouter un autre chant... celui des lynx, des coqs de bruyère, de la chouette de l’Oural et de l'épervière ... de la plus singulière lapone qui se cache dans les sous bois sans jamais se laisser séduire par notre désire de l’apercevoir.

    Ils sont là tous ces grands dieux de la toundra, leur présence se ressent dans le moindre détail de ce tableau en mouvement.. Ils sont là, mais je ne peux que palper de mon imagination leur existence. Il ne me reste plus qu'à espérer que peut-être, s'ils le veulent bien, une rencontre pourrait s'organiser entre nous....

    Elle se fera, cette rencontre, avec le coq le plus majestueux de notre planète, le plus discret aussi, mais également le plus massif... Il nous accordera dix bonnes minutes de son temps à une distance totalement inespérée. C'est un cadeau devant lequel je perds une fraction de seconde mon calme et me laisse emporter par une surcharge d'émotions qu'il me faut reprendre au vol, pour ne pas perdre de vue la beauté de cet oiseau...

    Quatre milles, peut-être cinq milles kilomètres de distance parcourue, depuis notre départ. Je ne sais plus et j'oublie tout... Mon corps tremble et derrière l'objectif les larmes montent libres et sauvages à l'image de ce je vois... De plus, l'oiseau n'est pas bagué. Il fait donc parti de ces oiseaux qui ont échappé à cette dictature du tout suivi, formaté et répertorié. Ma reconnaissance à son égard est marqué par un ultime respect et un message silencieux qui se veut de rester à jamais libre de tout marquage ...

     

    du coq de bruyère

    son dieu sous les myrtilles

    sa dignité dans le sous bois

     


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     Dans ce pays où les moustiques vous rongent jusqu'à l'os, il faut une volonté quasi chronique pour surmonter la fureur qu'ils sèment. Marcher dans ces grands espaces demandent pas mal d'adaptation autant vestimentaire que mental... Rester calme, semble être la meilleure façon de ne pas se faire dévorer et de garder à distance une partie de ces petits monstres. (pas toujours évident tout de même comme technique). Dépasser l'angoisse des moustiques est la première étape d'un long voyage intérieur vers des terres souvent soupçonnées hostiles... Ciel bas et gris, quelques gouttes de pluie se perdent de temps à autres, dans les lacs et les tourbières... Les lumières sont uniques. Les couleurs des mousses, des lichens donnent à la grisaille obsédante une teinte brutale, impérieuse, urgente. Les nuits ont perdu leurs étoiles et les jours une raison de s'imposer. Rien ne leur fait obstacle et le soleil avec un flegme inflexible décline en prenant tout son temps.
    Les cris des catmarins traversent les eaux dormantes de ces paysages consternants comme des fantômes en détresse. Ces oiseaux arctiques sont d'une beauté à faire pâlir d'envie le monde qui les entoure, mais leurs cris étranges effraient autant qu'ils interrogent toute personne qui les entend la première fois.
    Jokkmok la ville où réside la seule école Sami destinée aux Samis, protège en son sein les derniers tambours de leurs chamans presque disparus. Puis,  plus au Nord, Galliväre et Malmberget se dressent comme des insultes à la toundra naissante. Premières villes minières qui sans  complexe étalent leurs lourdes infrastructures au ciel boréal  précèdent de peu Kiruna, ville  au sous sol tellement exploité, qu'une menace d'effondrement la contraint à déménager.

    J'ai froid soudain. La réalité économique et ses manières de mercenaire est partout, implacable, elle se solde là aussi par des exploitations délétères du sous sol. Le monde a ses lois, ses lobbys, ses contradictions, ses obligations et ses contraintes. L'exploitation du minerai de fer en fait partie, mais aussi les déforestations inhospitalières qui saignent cette Scandinavie à peine sortie des glaces. D'autres ressources non moindre attendent leur tour un peu plus au Nord. 

    Difficile de s'avouer vaincue devant cet acharnement compulsif de destruction massive de tout ce qui est beau et  de ce qui respire encore un peu d'indépendance, mais mon malaise face à cette évidence ne me permet pas d'en douter et je me demande bien, en ce début de siècle  où pourrait être encore ma place dans ce monde là.

     

     

    dans notre langue

    sans le savoir, un mot Sami

    TOUNDRA

     


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  • De lacs en forêts, de forêts en lacs, après un détour  par le golfe de Botnie nous nous réorientons vers le Nord. Les oiseaux restent les grands absents de cette pérégrination. La plupart d'entre eux, se sont tournés vers d'autres préoccupations.

    Les routes n'en finissent plus d'être limitées par les arbres et les taillis... Après 4000 km d’errance dans ce pays de  granit et de tourbe, nous commençons à ressentir une fatigue persistante, mais jamais de lassitude. Plus nous approchons du cercle polaire, plus Les jours se rallongent ne laissant aux nuits que quelques heures de crépuscule à gérer. Manque de sommeil, manque de nourritures équilibrées, des maux de tête se rajoutent à la fatigue. De temps à autres nous croisons une voiture puis un troupeau de rennes égarés du gros de la troupe dispersée dans les toundras franchement septentrionales. Rien d'exceptionnel à ces rencontres fortuites, nous comprenons très vite que rien ne les inquiète et surtout pas nous...

    Napapijri... nous le franchissons enfin ce cercle polaire avec beaucoup d'émotions... Le pays Sami, le Sapmi ou Laponie, nous accueille avec la même indifférence que tout le reste du bouclier scandinave... Mis à part des nuées de moustiques supplémentaires et des nuits de plus en plus minimalistes, il nous faudra  parcourir pas mal de kilomètres supplémentaires pour saisir toute la subtilité de cette imperceptible évolution de la forêt vers la toundra, et admettre  la rigueur de cette végétation aux nuances impondérables qui épure le paysage et pardonne au reste du monde de ne pas toujours  savoir l'apprécier...

     

    cercle polaire

    à la nuit qui ne vient pas

    je négocie les moustiques

     

     

     

     

     

     


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