• la pente raide couverte de neige indéfinissable, sollicitait toute l'énergie qu'il me restait dans les jambes et les pieds pour gravir cette mauvaise passe...

    Versant nord, tout aurait pu nous être favorable, mais, ce matin là, cette option des choses n'avait pas été retenue dans nos fonctions  d'errance... La montagne, fidèle à son immobilité capricieuse, indifférente aux agitations de deux humains en galère, gardait dans sa dignité de titan toute l'insensibilité qu’exige son statut de haut rang. Nous avions besoin de son avis, et nous avions beau l'observer avec grand intérêt, elle ne semblait pas vouloir nous accorder de son temps. Il nous fallut donc évoluer sur ses flancs sans ses conseils, augmentant par la même, la complexité de notre progression.

    Trois heures,  trois heures pour gravir péniblement quatre cent mètres, trois heures à ne plus savoir si nous devions ou pas garder les raquettes aux pieds. N'avançant parfois qu'au prix d'insurmontables efforts, faire demi tour devint bientôt tout aussi dangereux que progresser vers le plateau. La pente vierge de tout passage ne laissait aucun doute sur les difficultés à entrevoir et une fois engagés nous n'avions d'autre choix que d'arriver à dépasser notre appréhension pour arriver au sommet. Changeant d'humeur à chaque pas, contrôlant très mal mes doutes et mes peurs,  je laissais mon cerveau réceptionner tout et n'importe quoi, afin de pouvoir lâcher par touches démesurées, mon mécontentement et mon trop plein d'émotions.

     

     juste nos traces

    dans la neige les  histoires s'oublient

     

     

     

     

     

     


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  • sous les vieux arbres en dormance

    la nostalgie  des  petits  temples zen

     

     


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  • Sur les plateaux arides, la végétation évolue avec une telle tranquillité qu'il semblerait parfois qu'elle retient son souffle pour en garder le peu d'humidité que celui-ci contient. Elle épargne sa vie avec acharnement ne poussant que lorsqu'il faut, et tellement lentement, que cueillir quelques unes de ses feuilles, relève à enlever aux plants de nombreuses années de croissance... Tout est sec ici... sur ce calcaire torturé par le vent et le soleil la terre craquelle... les odeurs y sont fortes, les plantes conservent leurs senteurs et leurs vertus à huis clos... Il suffit pourtant d'un rien, seulement d'un piétinement parfois, pour que leurs subtilités sortent de leur clandestinité et éveillent dans nos esprits, tous les plats qu'elles accommodent avec raffinement. Ce n'est pas la saison de la cueillette, mais il me manque quelques unes de ces herbes précieuses. Me permettant une entorse à la règle, je les prie de m'excuser de cette indélicatesse et ne prends que ce qu'il me faut...

    Dans ce ciel d'un bleu presque vulgaire, tant il impose sa profondeur, je cherche désespérément l'aigle de Bonelli. La saison des amours tire à sa fin pour cette aigle méridional, je ne le verrai plus aussi aisément qu'en ces périodes de troubles amoureux... d'autres préoccupations rempliront ses  journées prochaines et sa présence sera de plus en plus difficile à observer...

     

    paroi

    les bruits du village grimpent à toute vitesse

    sans ouvrir de voie

     

     


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  • femme de Wajima

                                                 la revoir

                                                 un instant  bleu


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  •  par de là les montagnes et les océans, des plaines monotones, aux forêts muettes, le marcheur, pas à pas, cherche la raison de son déplacement. Ses pensées circulent dans ses veines, procurant à ses muscles l'invariant nécessaire à sa progression. Par la fatigue et les besoins élémentaires qu'il assume chaque jour, ses interrogations se dilatent dans sa tête, détournant l'accès de ses tourments. Sa seule volonté d'arriver au bout de son chemin, le conduit à supporter toutes les incertitudes que ce choix lui afflige... des rires aux pleurs, des doutes aux convictions, il passe d'un état à un autre sans aucun contrôle. Jour après jour il abandonne ses obsessions et gagne en quiétude ce que la nuit consolide en sommeil équivalant. Les pieds du marcheur foulent tous les reliefs possibles et inimaginables inscrivant à chaque pas un bout d'histoire dans sa mémoire. le chant de la terre remonte dans ses muscles vers le ciel, vers l'univers, laissant en lui les traces intemporelles d'une existence incontestable

     

     

     

    la roche suinte son trop plein d'automne

    aujourd'hui

    en glace

     


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  • à l'heure où la nécessité de changer les choses relève d'une urgence non négociable, à l'heure où les politiques ne sont plus que des pantins de foire animés par des puissances occultes, à l'heure où nous devrions nous soucier impérativement de l'avenir et de ce que nous sommes capables de léguer à nos contemporains, nous nous divisons et entre-déchirons  sans ultimatum. Le mal de notre siècle, de celui d'avant et d'avant encore, c'est ce narcissisme névrotique, fruit d'une industrialisation effrénée suivie d'un ultralibéralisme incontrôlée et incontrôlable qui touche tout un chacun n'épargnant rien ni personne...

    Il va de soit que nous ne sommes pas prêts d'en sortir... Plutôt que de se pauser en tant qu'acteurs de notre avenir, nous préférons pour beaucoup d'entre nous, nous déculpabiliser de ce que nous ne pouvons soit disant guère changer et devenir ainsi les victimes d'une dictature impitoyable. Tout doit être rentable... et c'est de cette vision absurde entre autres que nous avons la charge de nous émanciper...

     

    à nous de réfléchir maintenant !!!

     

     


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  • Sur la page encore blanche, un carré de lumière se déplace à la vitesse du soleil. Cette blancheur  fascinante, m'hypnotise... Plongeant à nouveau le pinceau dans l'encre noire je réfléchis à la manière que cette page me pousse à l'investir. Je tourne mon papier, tente une nouvelle approche et pense à cette vieille femme rencontrée au marché de Wajima dans la péninsule de Noto au Japon. D'un autre temps, habillée d'indigo et  de son kappougi que toutes les femmes japonaises portent lorsqu'elles s'occupent dans leurs maisons, elle vendait des sandales en paille de riz, et quelques piments admirablement tressés en collier.

    Ses petits yeux noirs dissimulés sous les plis de sa peau, traversaient l'ambiance apaisée que procurait ce marché local, pour se perdre bien au delà de nous tous... ses pensées étaient ailleurs... perdues dans le temps et les rizières... Elles semblait sans âge, avait cette beauté irrésistible des êtres qui vieillissent avec eux-mêmes. Je remontais le temps avec elle, imaginant son passé, dans cette tranche de vie rurale que ses mains abimées ne pouvaient dissimuler... Connaissant de mieux en mieux l'histoire et la culture du Japon, je la voyais, pendant et après guerre, toujours active et volontaire... sans se plaindre, gérant sa famille et l'argent que son mari rapportait, de main de maître.

    Son regard dur ne laissait place à aucune fantaisie... elle avait dû en vivre si peu, que ces extras n'avaient pu s'aménager une place dans ses yeux. Mais cela n'avait aucune importance et sa présence imposait une telle force qu'elle arrivait à se tailler une existence, même cachée entre les  étals qui semblaient l’engloutir.

    Je ne me souviens pas avoir croisé son regard. Lorsque je l'ai aperçue, elle était déjà trop loin de nous, dans un lieu qui lui était unique et certainement précieux.

    C'est elle que je cherche à peindre aujourd'hui, c'est elle qui éblouit mon papier au point de ne pas réussir à la saisir... Mais je sais attendre et recommencer... juste pour le plaisir de la revoir...

     

    d'un trait de pinceau

    revivre un instant

     

     


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