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    ... je le vois, je le regarde, je l'observe, je le touche...  je sens sa chaleur, sa froideur, sa rusticité ostentatoire... Depuis quand veille t-il sur moi et m'éveille t-il un intérêt quasi monacal ? Dans sa solennelle présence, le mur recueille sans méfiance toutes les fréquences, qui le traversent... Vieux, sans âge, puisque je ne lui en connais pas, il  se tient là depuis si longtemps, qu'il ne sait plus qui l'a bâti... Ouvrant la porte de la cuisine, un courant d'air décroche une vieille carte postale. Son empreinte dévoile la profondeur d'un ocre qui n'a pas vu de soleil depuis de nombreuses années. Sur ce torchis vernaculaire, court, et se rencontre une gamme inouïe de nuance... À la lumière changeante  de la journée, il convertit les couleurs en force et expose de nouvelles eurythmies... pour quelques variations...
    Ses renfoncements, ses irrégularités appellent l'ombre des imperfections et renvoient la lumière des ondes pénétrantes. Prisonniers du mur, les infrarouges attendent la nuit pour se travestir en halo électrique...  Entre les louches et les cuillères en bois accrochées au mur, une araignée a élu domicile. Sa toile immense voile le destin de l'oblique rayon courant insousciant sur le jaune un peu fatigué de la cloison... et je suis en face, tenant mon pinceau imprégné de noir... au dessus du washi blanc... cherchant cet éclat éblouissant, cet impénétrable wabi sabi qui me donneront toutes les nuances, toutes les émotions du vieux mur assagi, pour guider ma main suspendue...

     

     


    emportant les couleurs de la carte postale
    un malheureux
    courant d'air

     

     


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  • ce sont les nuits que j'aime le plus... lorsque le silence se fait tel, que j'arrive à l'embrasser... lorsque la lune pleine, s'enfile dans le moindre recoin du sous bois, ne laissant rien au hasard prospectant le moindre soupçon de ténèbre... lorsque le cèdre  penché prend son air obscur des jours d'angoisse, et que son inclinaison change l'horizon... lorsqu'à chacune de ses  destabilisations, son allure évoque quelque chose d'autre qu'il me reste à comprendre... La nuit retient les formes, les absences, les lumières et les couleurs, elle ne lâche aucun mystère, attend tout simplement les lueurs de l'aube pour me redonner un jour sans équivoque... une vie avec et sans secret...

     

    Voilà, plus d'une semaine, que je suis revenue vers cette montagne, ventre et centre de mon esprit... voilà huit jours, que je n'ai touché personne mis à part,  le chien de la maison, l'âne vieillissant, la chatte maternant et  les poules bavardes... voilà huit jours que je converse avec les tomates rouges, jaunes, noires et roses que j'ai plantées au printemps...  voilà huit jours que je dialogue avec les poissons du bassin, que je devise avec les noisettes et les pommes que je ramasse, que je m'entretiens avec les haricots que je cueille... Voila huit nuits, que le passage des chouettes, apportent à mes nuits une note de vérité... me rappelant dans le plus pofond de mon sommeil, que je suis là, dans le ventre de la montagne, à l'interieur des arbres, sous les mousses et les lichens...

     

    chaque jour, je me charge et me recharge  de cette solitude et je me sens de mieux en mieux, chaque jour je sors de mon lit en regardant le jour se lever avant de me remettre au boulot... travaux de jardin, de coupe d'herbe, de ramassage de fruits précèdent le travail intelectuel de l'après-midi... le rythme est donné, il me suffit de m'accommoder de ce qui m'est offert. Mes journées se déplacent ainsi dans le temps, discrètes et silencieuses, évitant de déranger l'ordre des choses...

     

    et puis de temps à autres je me remets au goût du jour... Les infos arrivent malgré moi, sur mon espace virtuel... et je ne peux ni ne veux  les esquiver...  Le chaos s'empare alors de mes dernières résistances et je me fracture en mille morceaux... les larmes suivent désespérément  le cortège d'ignominie qui s'étale devant moi...

     

    puis, je laisse aller, ce qui doit aller... Je redeviens farouche, sauvage, rugueuse... recommençant encore et encore à chercher l'équilibre du temps, la force de sourire, de rire, avec les simples de mon existence...

     

     

     

    sans route ni trottoir

    le chien pisse dans le vide

     

     


     


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  • et des nuages hier soir

    j'ai vu sortir

    un singe

     

     

     

    そして雲に抜けて私が猿の外に見た昨晩

     


     

     


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  • Ciel blanc ce matin, le cri d'alarme d'un pic noir traverse la vallée... cela faisait un bout de temps que je ne l'avais pas entendu celui là... Alors que le mois d'août est un mois de labeur et de retrait pour les oiseaux, certains lèvent le défi, et manifestent leur volonté d'être et de rester là où ils sont...

     

    Des Alpes françaises aux Alpes italiennes, mes pas ont foulé les fleurs et les sentiers d'altitude tout juste impressionnante... J'ai vu des choses étonnantes... Des forêts entières capables d'avaler des montagnes... des abres, d'engloutir sans ménagement des rochers grands comme des maisons... des mousses, de s'accumuler les unes sur les autres, accrochant à la moindre surface susceptible de les porter ou de les entretenir, leurs microscopiques amarres... Éponges parmi les éponges elles filtrent et engorgent avec soin tout le surplus d'eau retenu entre les racines... Cachées derrière toute cette splendeur de vie, j'ai découvert des cascades à faire pâlir les plus grands peintres de sumi e... des trous d'eau aux profondeurs vertigineusement bleues... des glaciers désespérément magnifiques.  Je n'avais jamais poussé ma foi des montagnes jusqu'aux Dolomites. Ce nom résonnait dans ma tête depuis mon enfance comme un sanctuaire de l'impossible ascencion... Et je me suis laissée conduire tanquillement vers ces monolithes de calcaire, comme si le temps était enfin venu pour cette aventure là... comme si le temps organisait à ma place mes itinéraires initiatiques.

     

     

    devant - derrière

    nos pas se croisent 

    avec beaucoup de fatigue

     

     

    silencieux

    son appareil photo

    au paysage sans parole

     

     

     

    vent froid

    passant le col

    avec nous

     

     

     

    aussi haut !

    les étoiles ont du mal

    à se cacher

     

     


     


     

     

     



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  • ce sont les nuits que j'aime le plus... lorsque le silence se fait tel, que j'arrive à l'embrasser... lorsque la lune pleine, s'enfile dans le moindre recoin du sous bois, ne laissant rien au hasard prospectant le moindre soupçon de ténèbre... lorsque le cèdre  penché prend son air obscur des jours d'angoisse, et que son inclinaison change l'horizon... lorsqu'à chacune de ses  destabilisations, son allure évoque quelque chose d'autre qu'il me reste à comprendre... La nuit retient les formes, les absences, les lumières et les couleurs, elle ne lâche aucun mystère, attend tout simplement les lueurs de l'aube pour me redonner un jour sans équivoque... une vie avec et sans secret...

     

    Voilà, plus d'une semaine, que je suis revenue vers cette montagne, ventre et centre de mon esprit... voilà huit jours, que je n'ai touché personne mis à part,  le chien de la maison, l'âne vieillissant, la chatte maternant et  les poules bavardes... voilà huit jours que je converse avec les tomates rouges, jaunes, noires et roses que j'ai plantées au printemps...  voilà huit jours que je dialogue avec les poissons du bassin, que je devise avec les noisettes et les pommes que je ramasse, que je m'entretiens avec les haricots que je cueille... Voila huit nuits, que le passage des chouettes, apportent à mes nuits une note de vérité... me rappelant dans le plus pofond de mon sommeil, que je suis là, dans le ventre de la montagne, à l'interieur des arbres, sous les mousses et les lichens...

     

    chaque jour, je me charge et me recharge  de cette solitude et je me sens de mieux en mieux, chaque jour je sors de mon lit en regardant le jour se lever avant de me remettre au boulot... travaux de jardin, de coupe d'herbe, de ramassage de fruits précèdent le travail intelectuel de l'après-midi... le rythme est donné, il me suffit de m'accommoder de ce qui m'est offert. Mes journées se déplacent ainsi dans le temps, discrètes et silencieuses, évitant de déranger l'ordre des choses...

     

    et puis de temps à autres je me remets au goût du jour... Les infos arrivent malgré moi, sur mon espace virtuel... et je ne peux ni ne veux  les esquiver...  Le chaos s'empare alors de mes dernières résistances et je me fracture en mille morceaux... les larmes suivent désespérément  le cortège d'ignominie qui s'étale devant moi...

     

    puis, je laisse aller, ce qui doit aller... Je redeviens farouche, sauvage, rugueuse... recommençant encore et encore à chercher l'équilibre du temps, la force de sourire, de rire, avec les simples de mon existence...

     

     

     

    sans route ni trottoir

    le chien pisse dans le vide


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  • ... je le vois, je le regarde, je l'observe, je le touche...  je sens sa chaleur, sa froideur, sa rusticité ostentatoire... Depuis quand veille t-il sur moi et m'éveille t-il un intérêt quasi monacal ? Dans sa solennelle présence, le mur recueille sans méfiance toutes les fréquences, qui le traversent... Vieux, sans âge, puisque je ne lui en connais pas, il  se tient là depuis si longtemps, qu'il ne sait plus qui l'a bâti... Ouvrant la porte de la cuisine, un courant d'air décroche une vieille carte postale. Son empreinte dévoile la profondeur d'un ocre qui n'a pas vu de soleil depuis de nombreuses années. Sur ce torchis vernaculaire, court, et se rencontre une gamme inouïe de nuance... À la lumière changeante  de la journée, il convertit les couleurs en force et expose de nouvelles eurythmies... pour quelques variations...
    Ses renfoncements, ses irrégularités appellent l'ombre des imperfections et renvoient la lumière des ondes pénétrantes. Prisonniers du mur, les infrarouges attendent la nuit pour se travestir en halo électrique...  Entre les louches et les cuillères en bois accrochées au mur, une araignée a élu domicile. Sa toile immense voile le destin de l'oblique rayon courant insouciant sur le jaune un peu fatigué de la cloison... et je suis en face, tenant mon pinceau imprégné de noir... au dessus du washi blanc... cherchant cet éclat éblouissant, cet impénétrable wabi sabi qui me donneront toutes les nuances, toutes les émotions du vieux mur assagi, pour guider ma main suspendue...

     

     


    emportant les couleurs de la carte postale
    un malheureux
    courant d'air

     


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  • silence avant l'orage

    la respiration du chien

    sous la table


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  • Ciel blanc ce matin, le cri d'alarme d'un pic noir traverse la vallée... cela faisait un bout de temps que je ne l'avais pas entendu celui là... Alors que le mois d'août est un mois de labeur et de retrait pour les oiseaux, certains lèvent le défi, et manifestent leur volonté d'être et de rester là où ils sont...

     

    Des Alpes françaises aux Alpes italiennes, mes pas ont foulé les fleurs et les sentiers d'altitude tout juste impressionnante... J'ai vu des choses étonnantes... Des forêts entières capables d'avaler des montagnes... des abres, d'engloutir sans ménagement des rochers grands comme des maisons... des mousses, de s'accumuler les unes sur les autres, accrochant à la moindre surface susceptible de les porter ou de les entretenir, leurs microscopiques amarres... Éponges parmi les éponges elles filtrent et engorgent avec soin tout le surplus d'eau retenu entre les racines... Cachées derrière toute cette splendeur de vie, j'ai découvert des cascades à faire pâlir les plus grands peintres de sumi e... des trous d'eau aux profondeurs vertigineusement bleues... des glaciers désespérément magnifiques.  Je n'avais jamais poussé ma foi des montagnes jusqu'aux Dolomites. Ce nom résonnait dans ma tête depuis mon enfance comme un sanctuaire de l'impossible ascencion... Et je me suis laissée conduire tanquillement vers ces monolithes de calcaire, comme si le temps était enfin venu pour cette aventure là... comme si le temps organisait à ma place mes itinéraires initiatiques.

     

     

    devant - derrière

    nos pas se croisent 

    avec beaucoup de fatigue

     

     

    silencieux

    son appareil photo

    au paysage sans parole

     

     

     

    vent froid

    passant le col

    avec nous

     

     

     

    aussi haut !

    les étoiles ont du mal

    à se cacher


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  • aérant ses draps

     à la fenêtre

    comme autrefois

     

     

     

    sous le balcon en bois

    l'odeur chaude

    d'une étable encore habitée

     

     

     

    à perte de vue

    des montagnes

    des montagnes

     

     



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  • immobile en silence

    près de mes larmes

    qui coulent toutes seules

     

     


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