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je reste assise là, immobile, pendant que les minutes négocient leur temps en heures... mon coeur semble arrêté... mon souffle sans volume... trop de tristesse ce soir... trop de désespoir... j'ai l'impression que tout s'effondre... Le vent fait trembler la porte... elle reste fermée comme mon esprit... J'ai l'impression de vivre un choc, quelque chose qui bloque mes muscles et ma pensée... Pourtant rien ne bouge autour de moi, à part le vent qui souffle dehors en tempête... Le choc vient de l'intérieur, de là où il est difficile de réagir. Je comprends ce qui m'arrive, mais je ne peux rien faire... Je regarde les nuages noirs traversés la fenêtre... Il ne pleut toujours pas et les rivières sont dangereusement basses... il ne pleut toujours pas, et les oiseaux meurent sur les rivages... il ne pleut toujours pas et les arbres cherchent l'eau à tâtons dans la terre et dans le ciel, il ne pleut toujours pas et mes yeux restent secs... ce soir, je suis triste sourde et aveugle... ce soir, je suis le monde devenu triste sourd et aveugle...
ne possédant rien ce soir
plus même le coeur léger
de Issa
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Kore-Eda, cinéaste précieux, n’a quasiment nul autre pareil pour saisir la vie en mouvement, tout au moins avec cette délicatesse là. «I wish» est, en effet, une caresse sur la joue, rassurante, apaisante, qui fleure bon la douce mélancolie comme (presque) seul le cinéma asiatique peut nous en procurer. Sans morale, plein de tendresse, moelleux comme un karukan, innocent comme un dessin à la gouache. Un film coup de cœur, enjoué et réjouissant. Une merveille !!!
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c'est le temps des oiseaux
devant la roulotte immobile
le vent
toujours le vent
par la vitre cassée
sur son bois flottant
l'ombre de la tortue
marque le temps
c'est le temps des oiseaux
à travers les roseaux
...
à propos des oiseaux
je regarde les arbres
les fleurs et les insectes
près de la yourte
une ou deux ruches peut-être
pour entendre la forêt
au fait !
même
les papillons jouent à cache cache
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état de guerre
dans le jardin
des tranchées pour les patates
les ronciers pour les oiseaux
gagnent sur le labour
prenant compte
du monde qui m'entoure
je souris en semant
fleurs de fraisier
le goût sans le fruit
dans la bouche
au bout du jardin
les railleries du blaireau
je tente le dialogue
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26 avril puis premier mai 1986... c'est le printemps, le petit monde rural s'affaire et se prélasse dans la douceur des jours heureux.. Tout revit, la nature généreuse dispense sa beauté sans retenue, et personne ne sait que cela ne sera que de courte durée...
26 avril 1986; l'accident arrive, avec ses sommes d'injustices, de crimes et de mensonges... mensonges qui traverseront le monde sans aucun scrupule, sans aucun remords ...
l'arrogance doublée d'un désir de pouvoir est criminelle... et récurrente...
je me souviens... de ce premier mai 1986, il faisait beau... nous avions dressé la table dehors et nous partagions ce premier repas de printemps avec les toutes premières feuilles de châtaignier enfin décidées à éclore... Les enfants jouaient sous les arbres... et je tenais mon quatrième enfant, un bébé de 6 mois dans les bras... Nous étions loin de cette Ukraine qui sombrait inconsciemment dans ce cauchemar indicible... mais de plus en plus proches de ce nuage mortifère, qui tranquillement explosait les frontières
je me souviens de cette peur indéfinissable et impalpable qui a suivi cette catastrophe...
je me souviens quelques années plus tard... avoir partagé avec une petite dizaine d'enfants contaminés un atelier de land art en montagne... J'entends encore leur rires et leurs angoisses, leurs cris, et leurs étonnements... je les vois toujours barbouillés de pigments... éternels dans leur conscience...
transparente
sans goût sans odeur sans bruit
juste radioactive
on oublie en se souvenant...
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