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je suis restée là... assise... sur ce versant de montagne, face à la mer... Trait d'horizon à peine perceptible, tant la distance me séparait d'elle, elle prenait avec le jour qui s'étirait, une teinte foncée soutenue presque menaçante... Au large les nuages se formaient avec une rapidité unique à cette étendue... De brume ils sont devenues nuages... noirs inquiétants... ils roulaient vers la montagne comme des vagues déchaînées...
de la mer
les nuages sombres
roulent vers les versants
j'étais seule au soleil, assise en tailleur sur un rocher... un circaète planait au dessus de ma tête... nous ne semblions accorder de l'importance qu'à la beauté de ce temps en changement... je le regardais déployer ses ailes blanches de grand seigneur, en quête de quelques serpents piégés dans les dernières chaleurs d'automne... les quelques... avant son départ pour l'Afrique... Je fermais les yeux pour garder sa lumière dans ma mémoire.... les rouvrais ensuite pour regarder sur ma droite, cette forêt de hêtres devenue familière à force de l'observer, de l'approcher, de l'apprivoiser, sans qu'elle ne me cède pour autant, le pouvoir de la saisir dans sa puissance...
sans âge
ces hêtres
sont plus sauvages que les oiseaux
sombres très sombres... comme ils savent le devenir à l'automne avant de prendre leur éclat final... les hêtres, franchissent le temps l'air de rien... j'étais là... assise... immobile parmi l'immobile... pendant un temps suffisamment long pour ne plus sentir mes membres inférieurs...
j'étais tranquillement bien... tellement bien et tellement triste en même temps...
yeux fermés
les nuages ont une odeur
de sel porté vers les sommets...
ce goût de sel
un goût de nuages
Une envie de rejoindre la terre me saisit... une envie presque incontrôlable...
Sur le rocher chaud,
l'ombre des nuages
comme manteau
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automne
ombres et lumières
allègent le feuillage
avant dernière saison
un peu de fraîcheur
le matin
en ville...
je viens je pars
pour finir ailleurs
fin de l'été
un oiseau solitaire sur l'étang
entouré de déchets
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voilà un film sud Coréen des plus démarqué... D'un cynisme impitoyable, il dénonce une société coréenne ultra bourgeoise où règnent des richissimes sans partage ... Im Sang Soo avec un esthétisme glaçant, se saisit de la fiction éponyme de Kim Ki-young sortie en 1960 et en fait un sujet radicalement cuisant ...
Quittant très rapidement le monde en vrac de la rue décrit dans le début du film, le réalisateur nous enferme quelques minutes plus tard, dans une villa somptueusement oppressante... Dans cette immense prison dorée, 5 personnes vivent en huis-clos... les tensions rapidement insupportables provoquent des émotions saturées... la claustrophobie frôle l'érotisme... un érotisme sophistiqué, qui se devine plus qu'il ne se voit... Plus souvent sous-jacent qu'existant, il tend la situation vers l'inévitable., où l'horreur côtoie une beauté froide quasi écoeurante qui nous conduit brutalement au drame final...
tout simplement génial ...
( un p'tit de plus à aller voir )
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quelque part sur un rocher
assise
face à la mer
réchauffant mon dos
les rayons d'automne
accompagnent les oiseaux
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minuscule oiseau au chant puissant... le troglodyte mignon est un oiseau commun de nos forêts et de nos jardins... peut-être un des plus petits (8 g) avec le roitelet... sa vitalité et son comportement assez familier nous le rendent très sympathique... la queue relévée il se dresse souvent sur les murettes et transperce l'air de son chant retentissant... été comme hiver il accompagne nos saisons de sa présence vivace et sympathique... il est certainement un de nos endémiques le plus gai, le plus désinvolte...
sous bois
le chant du troglodyte
une longueur d'avance
petit squatteur permanent
le troglodyte disparaît
sous le feuillage
pas l'ombre d'un rapace
le ciel bleu bleu bleu
encore bleu
quelques marches taillées dans le roc
pour une dénivelée de 1200m
tout en haut
sur le sommet
le vent cherche à m'emporter
dormir en haut de la montagne
croiser
le levant et le couchant
PS: j'ai eu la chance et le privilège de pouvoir faire graver trois sceaux en pierre, qui accompagneront dorénavant mes peintures... je les ai dessinés et envoyés au bout du monde... où le graveur a fait un remarquable travail de reproduction.
aposés dans l'ordre, ces sceaux représentent ce que j'aime le plus.
" tsuru" grue cendré,"
" yachou" oiseau sauvage
" hana" plante ou fleur naturelle.
Ils seront enterrés avec moi, comme la coutume le veut dans ces pays,..
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aller à l'essentiel est certainement l'objectif le plus intéressant lorsqu'on écrit un haïku. Ce travail nous amène progressivement vers un dépouillement indispensable à la découverte de ce qui nous entoure réellement. Nous sommes encombrés de désirs, de volontés, de décors qui répondent à une attente extérieure... l'écriture se fait alors non dans un souci d'expression pure, mais dans un espoir de satisfaire un public, susceptible de rendre par une quelconque marque de reconnaissance sa fidélité à l'auteur... Pourquoi pas !!! Mais cela n'est plus du haïku ... mais une forme marchande de l'expression, muée en produit banalement consommable...
Si on quitte tout se remue-ménage inutile et que l'on se concentre sur la véritable nécessité de faire évoluer le haïku, il me semble plus intéressant de développer la recherche sur l'acuité de l'environnement dans lequel nous évoluons, et en discerner l'exacte énergie ou fréquence qui en résulte... essayer de le peindre ou de l'écrire nous expose davantage, nous engage aussi dans une forme d'expression moins concensuelle, mais ô combien plus passionnante, puisqu'elle ne se projette plus dans un besoin de plaire mais dans une nécéssité de découvrir la constance qui nous permet d'agir
peu importe le lieu... Tout endroit, toute situation à son secret ... le trouver est impossible... mais s'en approcher le plus possible pour le retranscrire sous forme de souffle est indispensable pour écrire quelque chose de comestible...
c'est la seule façon aussi de s'affranchir du haïku japonais. Nous n'avons point besoin de faire du plagiat ininteressant et essayer de comprendre une culture aussi codée que celle du soleil levant pour écrire du haïku... le haïku n'appartient pas au Japon... le Japon lui a juste donné ce nom, et Bashô n'a jamais fait que mettre en évidence une recherche d'écriture qui se pratiquait déjà bien avant lui dans des cultures beaucoup plus anciennes et exclusivement animistes... Il ne faut bien sûr pas être animiste, et on peut également être passionné de Japon (et j'en suis), pour écrire du haïku... mais rechercher chez les japonais, la pulsion d'écriture nécessaire au haïku est tout aussi stupide que de vouloir faire de la poésie en s'inspirant de nos classiques...
nous sommes ce que nous sommes, dans un espace temps bien personnel, entourés de notre décor, de nos saisons, sur une latitude qui résonne dans nos veines... nous sommes occidentaux, fruits d'un croisement millénaire aux multiples us et coutumes... nous avons notre langue, notre façon de penser et surtout notre façon de ressentir les choses... nous allons vers le mystère de la vie d'une toute autre manière que les peuples d'Asie... mais nous éprouvons exactement la même nécessité de trouver quelque chose qui nous permette d'évoluer dans notre travail, dans notre art, dans notre perception et dans notre perfectionnement de l'un et de l'autre...
normal ... à partir du moment où nous cherchons des énergies ou des fréquences au delà de notre champ de perception, nous nous ouvrons à des possibilités que nos sociétés encombrées de principes et de morales occultent...
Nous ne sommes pas toujours en mesure de comprendre ces possibilités mais nous pouvons leur accorder une place en tant qu'éventualité susceptible de nous aider à ressentir ce qu'il se passe autour de nous ...
tout cela est au final d'une simplicité élémentaire voire basique , c'est un raisonnement qui permet l'ouverture de l'écriture à l'infini d'elle même vers une transmission illimitée...
le haïku a besoin d'acuité, de finesse d'esprit, même quand il est trivial... il a besoin d'ouverture, de vide de plein... de pause et d'action... il ne cherche pas à plaire, il cherche à être... c'est tout ...
pour décrire un oiseau ou un vol d'oiseaux, il n'est point utile de les connaître... mais il est primordial de les voir avec une honnêteté absolue... Même sur une photo on peut sentir la puissance de leurs ailes et le claquement de leurs becs... l'essentiel c'est de le dire tel qu'on le ressent...
si on les voit à coeur ouvert, on trouve les mots à coeur ouvert...
j'arpente depuis tant d'années les coins les plus sauvages pour découvrir un peu de leur secret... je suis parfois accompagnée d'un homme qui partage non pas ma passion des oiseaux mais leur beauté, qu'il tente de saisir dans de superbes photos... Sa sensibilité, sa patience, son calme apportent un quelque chose de plus aux oiseaux qu'il retient sur image, un quelque chose que je ne peux discerner que dans certaines de ses photos... De ces expéditions à travers montagnes et vallées naissent divers écrits, divers peintures (et plus encore )... bons ou mauvais, je l'ignore et ce n'est pas à moi de le dire... et ne suis pas certaine que cela m'intéresse... je cherche juste à transmettre les sensations les plus fidèles de ce que j'ai vécu ou ressenti... une fois sur papier les mots n'appartiennent plus qu'aux lecteurs et aux oiseaux
les oiseaux picorent les mots et s'envolent...
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parce que ce sont deux femmes que j'ai appris à connaître avec des mots... avec le temps des mots, avec des silences, avec la force de leurs voix ... avec des pleins et des vides qui ont sans cesse consolidé nos échanges... avec leurs beautés que je connais sans les voir ... avec leurs sourires, leurs gaietés, leurs tristesses aussi, et leurs très belles forces de vie
et parce que j'ai envie d'aller les voir toutes les deux ...
une dans le Limousin
l'autre au Québec ...
pour elles deux, je ferai le voyage
et nous regarderons ensemble,
les arbres grandir et les oiseaux se poser sur les branches des plus vieux sorciers...
merci à toutes les deux
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bouche d'égout
une plume usée
prisonnière des barreaux
je suis devenue un oiseau -
un souffle et j'ai disparu
quel rêve !
à côté de l'encre broyée
fume le thé
le ciel s'assombrit
je rapproche la lumière
de mon travail
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l'ombre légère
du marronnier
malade
traces de la poussette
des petits pas d'enfant
sécheresse
l'eau de l'étang
s'épaissit
terre battue
le gazon a disparu
sous les pas
le bruit de la terre
qui dessèche
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un film étrange, un film sans repère... un film sans boussole... où l'on découvre chaque plan avec tension, où chaque son, chaque bruissement accompagne un nouveau mystère... où les voix humaines nous reconduisent vers une réalité fragmentée... la forêt nous enveloppe avec ses mystères, ses esprits, ses puissances... ses incompréhensions... elle conduit l'homme qui se meurt, vers le centre de la terre... vers ce monde ancien que nous ne comprenons plus...
Apichatpong Weerasethakul parle à sa manière de la Thaïlande... loin des clichés et des mafias touristiques, il nous parle de la terre et du cosmos... il nous parle des racines fondamentales et des croyances animistes... il nous parle aussi, avec beaucoup de subtilité et de finesse, de la terreur sournoise qui règne dans ce pays depuis le dernier coup d'Etat...
à voir bien sûr sans hésiter, si le dépaysement ne vous fait pas peur ....
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