•   la Margeride... le lac Charpal.. 1400 m d'altitude... et toute la beauté d'un monde presque oublié  devant nos yeux...  Le soir est  là lorsque nous découvrons ce lac solitaire et silencieux... aucun commentaire... le silence suffit...


      trop humide pour bivouaquer, nous décidons de monter rapidement notre petit campement...


     

    l'endroit est déconcertant... nous avons l'impression de nous être perdus dans une toundra inconnue où même le printemps hésite de s'aventurer...

     

     

    aucun bruit

    sur l'eau du lac

    la lune traverse en solitaire

     

     

    toute une partie de la nuit,  j'écoute les moindres bruits, espérant entendre le chant étrange et résonnant du très très rare plongeon imbrin...( il en passe de 50 à 100 par an en France, et  a été une seule fois observé il y  a quelques années dans ce bout du bout du monde...)  je garde un tout petit espoir de le rencontrer... et je m'endors...

     

     


    levant-

    le soleil ricoche sur l'eau

    jusqu'à notre campement

     

     

     

    IMG 1671

     

     

     

    IMG 1676

     



    où sont les limites ?

    le lac s'oublie

    dans la brume

     

     

     

     

    IMG 1690

     

     

    les oiseaux crépusculaires se sont tus

    nous marchons le long du lac

     

     

     

    ma lunette sur le dos, je ne pense plus au plongeon imbrin... j'avance sans bruit dans ce qui m'entoure...et écoute tous les autres oiseaux ...


    Nous progressons  lentement  autour des 10km de forêt et de tourbière qui encerclent le lac...

     

    les oiseaux ne sont pas nombreux....mais étonnants... tout est de toute manière étonnant autour de ce lac, même son histoire...

     

    deux cormorans sur un rocher en granit regardent le bout du lac ou autre chose que j'ignore  !!!... dans l'eau, un troisième,  au comportement étrange, plonge sans cesse autour de ce rocher... Etrange, oui vraiment étrange... !!! quelque chose ne colle pas dans le comportement de ce "cormoran "

     

    60 X, la lunette apo télévid Leica grossit l'image 60 X ... un petit bijou de quelques kilos que je porte sur mon dos tant bien que mal depuis des années, là où les oiseaux veulent bien m'accorder un peu de leur secret ... C'est donc grossie  60 X que je découvre, entre les cormorans, la nonchalance tantôt immergée, tantôt flottante d'un superbe plongeon imbrin immature d'environ un  an ...

     

    Je sais, dans la zone néarctique, cet oiseau là n'est pas très rare... et son chant un peu lugubre lui a  valu  le nom vernaculaire de huard... ce surnom, pour un oiseau qui n'a pas changé de look depuis l'époque des dinosaures, lui va merveilleusement bien.

     

    cet oiseau -

    le voir suffit

    pour un haïku

     

     

    pour l'appareil photo, muni pourtant d'un zoom puissant... le plongeon est vraiment trop loin... mais le voilà tout de même

     

    IMG 1771



    photos M. DIetrich



     

     

     

     



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  • 120 km heure... lorsqu'il déploie une telle force, le vent n'épargne rien...

    sous les rafales, le feuillage des arbres s'emballe, l'horizon se trouble et prend une étrange couleur de terre sablée...


    me voilà de retour sur une terre familière, me voilà de retour au bord du fleuve... les vagues frappent le ponton abandonné... l'embarcation qu'il retient s'enfonce dans la vase... un martin pêcheur rase la surface de l'eau agitée par le vent...  dans le ciel la blancheur de quelques mouettes mélanocéphales heurte le noir de deux ibis falcinelles... (oiseaux menacés en déclin )

     

    tout me parle  aujourd'hui et me fait sourire, je suis contente d'errer là où les oiseaux m'entraînent... et pourtant j'ai l'impression qu'il me faut réapprivoiser ce lieu... réapprivoiser cet espace et ce qu'il s'y passe en dehors de ce qu'il m'est donné de voir... réapprivoiser le vent, le soleil et le ciel... réapprivoiser mon comportement, mon observation et ma discrétion...

     

     

    ce lieu me pousse à me connaître...

     

     

    trop de vent, je ne peux pas sortir ma lunette... aujourd'hui, je ne peux pas aller à la rencontre des oiseaux... le vent est trop violent... il craquelle et soulève la même  terre qui se noyait il y a quelques jours à peine... je tiens avec difficulté mes jumelles ... je m'enfonce dans la lande et dans les marais... je pousse les joncs, les roseaux, m'accroupis entre leurs tiges pour me protéger du vent... j'attends... j'attends... j'attends... je reprends lentement place dans cet univers... je me laisse imprégner de ce qu'il s'y passe... je ne pense à rien... je ne bouge plus... j'attends...  j'attends sans espérer quoi que ce soit... j'attends ...


    C'est mon jour de chance... Ils viennent à moi, les uns après les autres... les connus, les moins connus et mieux encore les très rares... derrière mes jumelles, leurs manières me font rougir d'émotion...  je note  ce que je vois... repère les différences et les ressemblances... enregistre leur langage... rassemble  le moindre détail de leurs comportements...  mais le vent ne me fait aucun cadeau... il a décidé d'élever encore d'un cran sa vitesse... je ne tiens plus... mes mains tremblent, j'ai froid, mes yeux se remplissent de larmes... je ne vois plus rien...

     

     

    aujourd'hui

    dans la lande

    le vent me chasse

     

     

    par rafales

    le mistral teste

    la souplesse des joncs

     

     

    sur la rive d'en face

    le bois déposé par le fleuve

    mort

     

     

    deux cris

    suffisent

    c'est un martin pêcheur

     

     

     

    trop de vent ce soir

     sur le fleuve

    le reflet ridé des oiseaux

     

     




     

     




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  • désolant, affligeant, déconcertant, de voir ce que devient le haïku en France. Bashô, Issa, Santôka, Buson, Shiki...  tous ces hommes à qui on doit ce fragment d'écriture, ne comprendraient pas ce fouilli informe produit et servi à toutes les sauces, qui en résulte aujourd'hui... Même les radios de merde hurlent entre deux réclames des  définitions consternantes sur le haïku...  On galvaude, on englobe, on accepte tous les écrits, on ne porte plus de critiques pertinentes... pour les simples raisons que plus personnes ne fait la différence entre poésie et haïku et que le haïku  se vend  au plus offrant... pour la simple raison aussi que les éditeurs de recueils et de revues ne sont pas vigilants, glanent n'importe quoi pour pouvoir alimenter leurs bourses et leur ego. Les revues sont ennuyeuses au point que nous n'en lisons plus que les titres et encore... Il ne s'y passe  rien de nouveau... bien  au contraire... on rabâche toujours les mêmes choses avec les mêmes personnes... et lorsqu'elles vont à la pêche d'écrits, puisqu'il faut tout de même avoir un peu de poissons à mettre dans le filet .. elles prennent  à coup de flatteries et de bonnes manières, tout ce qui s'y piège...

     

    je sais, ce que j'écris là, ne plaît pas, mais comme plaire, reste le dernier de mes soucis, je peux me permettre de dire tout haut ce que bon nombre pense trop bas, de peur d'être déconsidérés par  les prétendants au trône du haïku en France... quelle farce... quel appauvrissement !!!

     

    j'avoue qu'à part me déconcerter, je déplore surtout, une absence de bons écrits... On ne les trouve bien que trop rarement... ils sont pourtant là, discrets, libres, et riches en images... en expérience  et en dépouillement...  Aucune revue n'en parle... jamais... toutes se sclérosent  sur  un ronronnement de salon... oubliant qu'un bon haïku n'a pas forcément un auteur, mais qu'il peut être aussi une pensée collective simplement syncrétisée.

     

    les bons  haïku, ne sont pas dans les recueils de haïku, ils sont ailleurs... partout où l'homme découvre qu'il peut nommer ce qu'il voit... partout où  la nécessité et l'urgence d'écrire briévement se font ressentir... partout où se trouve un support capable de le recevoir... partout où l'individu vit son histoire

     

    les Japonais et les anglophones se moquent bien souvent de nous... et ils ont raison...

     

    tant que nous ne ferons pas un tri digne de ce nom, tant qu'il existera des concours et "des foires " aux haïku avec des prix à tirer, pour attirer le chalant... tant que le haïku se pèsera en nombre de syllabes et de promotions... il s'engluera  dans une fatuité  suicidaire...

     



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  • derrière les persiennes

    coup d'oeil et soleil

    se croisent

     


    le calme

    de cette maison

    sans âge

     

     

    le lierre se cramponne

    au crépis

     

     

     du volet

    une lame

    la dernière

     

     

     

    une histoire

    une seule

    retient les murs de cette maison

     

     

     

    les oliviers

    sur les terrasses

    s'alignent au soleil

     

     

     

    pas de vie

    juste

    des traces de vie

     

     


    persiennes fermées
    c'est l'heure de la sieste
    ...


     

    au loin

    une pie grièche

    invisible

     




     

     



     

     


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  • cet endroit de nous... sensible et capricieux  !!! ce point unique, où conscience et inconscience se confondent... cet espace minuscule et infini qu'on ne  rencontre que trop rarement... si petit, si insaisissable qu'on ne sait ni le garder, ni le retrouver... il va et vient au gré de nos humeurs, nous échappe avec le même mystère qu'il nous surprend...  nous  donne  tant de force et tant d'équilibre qu'il nous effraye plus qu'il ne nous rassure... il est cette  partie de nous, associée à notre fluide... il est la matière débarrassée de son  ego... il est cette définition indéfinie qui place la note du musicien dans le coeur de l'auditeur...  qui ouvre les yeux du passant sur l'ordinaire, qui  donne la profondeur des couleurs en dehors des couleurs... qui permet au tableau d'être vu... au danseur d'oublier son poids... au trait de pinceau de pousser le vent...


    . Il est la vie, il est la  mort... il est l'imaginaire...et le réel ...

     

    nous  le frôlons  au quotidien, mais continuons à le chercher ailleurs, chez les uns, chez les autres ou  au bout du monde... il est le présent, le passé et le futur... il est le vide et le plein...

     

    il est la vigueur de notre âme... il régule nos humeurs...  mais nous l'ignorons désespérément, laissant place aux peurs, aux angoisses.  Ignorance qui cultive  les incertitudes et négocie les inflations de stress à coup de leurres de couardises de pouvoirs et de conflits...

     

    Freud ne savait pas le nommer, Lacan tentera de l'appeler le noeud Borroméen...  réel - imaginaire- symbolique... les peintres, les écrivains, les musiciens le cherchent  à en perdre la raison... le trouvent parfois, pour les plus sincères, dans leur intégrité, quelle qu'elle soit

     

    le Zen ne lui accorde que l'importance qu'il mérite et l'illumine... dans un éclat de rire...

     

    le haïku, lui, le cherche dans l'intervalle de ses mots et s'équilibre sur l'inconstance de son existence ...


     



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  •  mai

    le roux du sous bois

    dans la grisaille du ciel


     


     

    silence -


    vers deux heures de l'après-midi

    plus même la pluie

     

     


     


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  •  


    tout en pierres et en voûte

    il traverse le ruisseau



    froissement -

    la brume séquestre la forêt

     

     

    la pluie 

    désespérément

    régulière

     

     

     

    brume immobile

    l'immense chêne 

    m'effraye

     

     

     

    emprunter

    le sentier du jardin

    entre les pleurotes

     

     


     

     


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  • longue après-midi
    sous le couvert des roseaux
    sans oiseaux


    vicieux
    ces moustiques
    là où la peau est douce

     

     

     

    départ en montagne
    il pleut

     

     

    dans les nuages

    la montagne

    perd son importance

     

     

    le tilleul pend

    sous la pluie

     

     

     

     

     


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  • deux ans

    sans revoir

    son visage

     

     

    ses gestes habiles

    oeuvrent

    dans ma mémoire

     

     

    d'un trait de pinceau

    je pousse

    le vent

     

     

     

     

     




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  • un peu de répits, pour glander, peindre et contempler...   Ces instants de vide et de quiétude, n'arrivent pas forcément aux moments où on les attend... encore moins aux moments où on les recherche...

    Non... ils arrivent parfois en plein changement... en pleine bourre... Ils arrivent là, simplement au cours de la journée ou en pleine nuit ... dans un rêve  ou dans un songe...  au détour d'une pensée... d'un regard... d'un paysage... d'un vol d'oiseaux... à l'instant même où quelque chose de totalement incontrôlable nous submerge, nous dépasse nous envahit sans ombre, sans détour, sans fraude... Si vite parfois que l'on ne s'en aperçoit pas... Mais l'effet est de taille, le décor devenu inutile disparaît...  laisse place à un vide démesuré... infiniment fertile et dense... notre corps se met alors en équilibre avec notre coeur...  le regard se pose, l'esprit s'apaise, l'être indifférent trouve sa place et sa lumière... 

    Moments intangibles, inexpugnables, où nous nous offrons un présent sans prix, sans valeur,.. une symétrie difficile à préserver



    le vent
    sans peine
    arrache le vieux cyprès

     

     


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  • le riz vient d'être semé

    les hommes se retirent

    des  champs


     

     

    rouge-gorge1



    toujours photographiée... donc toujours aussi moyen-moyen...  toutes les autres peintures ont été scannées avec du matériel pro et sont  disponibles en format A3

     


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  • au  nord

    la pluie heurte la fenêtre

    inviolable

     

     

     

     

    sur la table ce matin

     pinceaux et  rouge gorge

     

     

     

    il pleut

    fenêtre au sud

    le jasmin m'écoeure



     

     


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  •  


     c'est une histoire de nomades, une histoire de peuples de l'Asie Centrale, une histoire de culture, de vie et de mort, d'amour et de haine...  de beauté et de cruauté... d'intelligence et de bêtise... de solidarité... de guerres qui n'appartiennent à personne... de vies qui appartiennent trop à tout le monde... de décalage... d'adaptation...

    une histoire  d'espaces immenses...

     

     



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  • temps pourri

    les martinets rasent

    les toits

     

     

     

    dans le pot à plumes

    dépassent

    celles des vautours

     

     

     

     

     


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