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la Margeride... le lac Charpal.. 1400 m d'altitude... et toute la beauté d'un monde presque oublié devant nos yeux... Le soir est là lorsque nous découvrons ce lac solitaire et silencieux... aucun commentaire... le silence suffit...
trop humide pour bivouaquer, nous décidons de monter rapidement notre petit campement...
l'endroit est déconcertant... nous avons l'impression de nous être perdus dans une toundra inconnue où même le printemps hésite de s'aventurer...
aucun bruit
sur l'eau du lac
la lune traverse en solitaire
toute une partie de la nuit, j'écoute les moindres bruits, espérant entendre le chant étrange et résonnant du très très rare plongeon imbrin...( il en passe de 50 à 100 par an en France, et a été une seule fois observé il y a quelques années dans ce bout du bout du monde...) je garde un tout petit espoir de le rencontrer... et je m'endors...
levant-
le soleil ricoche sur l'eau
jusqu'à notre campement
où sont les limites ?
le lac s'oublie
dans la brume
les oiseaux crépusculaires se sont tus
nous marchons le long du lac
ma lunette sur le dos, je ne pense plus au plongeon imbrin... j'avance sans bruit dans ce qui m'entoure...et écoute tous les autres oiseaux ...
Nous progressons lentement autour des 10km de forêt et de tourbière qui encerclent le lac...
les oiseaux ne sont pas nombreux....mais étonnants... tout est de toute manière étonnant autour de ce lac, même son histoire...
deux cormorans sur un rocher en granit regardent le bout du lac ou autre chose que j'ignore !!!... dans l'eau, un troisième, au comportement étrange, plonge sans cesse autour de ce rocher... Etrange, oui vraiment étrange... !!! quelque chose ne colle pas dans le comportement de ce "cormoran "
60 X, la lunette apo télévid Leica grossit l'image 60 X ... un petit bijou de quelques kilos que je porte sur mon dos tant bien que mal depuis des années, là où les oiseaux veulent bien m'accorder un peu de leur secret ... C'est donc grossie 60 X que je découvre, entre les cormorans, la nonchalance tantôt immergée, tantôt flottante d'un superbe plongeon imbrin immature d'environ un an ...
Je sais, dans la zone néarctique, cet oiseau là n'est pas très rare... et son chant un peu lugubre lui a valu le nom vernaculaire de huard... ce surnom, pour un oiseau qui n'a pas changé de look depuis l'époque des dinosaures, lui va merveilleusement bien.
cet oiseau -
le voir suffit
pour un haïku
pour l'appareil photo, muni pourtant d'un zoom puissant... le plongeon est vraiment trop loin... mais le voilà tout de même
photos M. DIetrich
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120 km heure... lorsqu'il déploie une telle force, le vent n'épargne rien...
sous les rafales, le feuillage des arbres s'emballe, l'horizon se trouble et prend une étrange couleur de terre sablée...
me voilà de retour sur une terre familière, me voilà de retour au bord du fleuve... les vagues frappent le ponton abandonné... l'embarcation qu'il retient s'enfonce dans la vase... un martin pêcheur rase la surface de l'eau agitée par le vent... dans le ciel la blancheur de quelques mouettes mélanocéphales heurte le noir de deux ibis falcinelles... (oiseaux menacés en déclin )
tout me parle aujourd'hui et me fait sourire, je suis contente d'errer là où les oiseaux m'entraînent... et pourtant j'ai l'impression qu'il me faut réapprivoiser ce lieu... réapprivoiser cet espace et ce qu'il s'y passe en dehors de ce qu'il m'est donné de voir... réapprivoiser le vent, le soleil et le ciel... réapprivoiser mon comportement, mon observation et ma discrétion...
ce lieu me pousse à me connaître...
trop de vent, je ne peux pas sortir ma lunette... aujourd'hui, je ne peux pas aller à la rencontre des oiseaux... le vent est trop violent... il craquelle et soulève la même terre qui se noyait il y a quelques jours à peine... je tiens avec difficulté mes jumelles ... je m'enfonce dans la lande et dans les marais... je pousse les joncs, les roseaux, m'accroupis entre leurs tiges pour me protéger du vent... j'attends... j'attends... j'attends... je reprends lentement place dans cet univers... je me laisse imprégner de ce qu'il s'y passe... je ne pense à rien... je ne bouge plus... j'attends... j'attends sans espérer quoi que ce soit... j'attends ...
C'est mon jour de chance... Ils viennent à moi, les uns après les autres... les connus, les moins connus et mieux encore les très rares... derrière mes jumelles, leurs manières me font rougir d'émotion... je note ce que je vois... repère les différences et les ressemblances... enregistre leur langage... rassemble le moindre détail de leurs comportements... mais le vent ne me fait aucun cadeau... il a décidé d'élever encore d'un cran sa vitesse... je ne tiens plus... mes mains tremblent, j'ai froid, mes yeux se remplissent de larmes... je ne vois plus rien...
aujourd'hui
dans la lande
le vent me chasse
par rafales
le mistral teste
la souplesse des joncs
sur la rive d'en face
le bois déposé par le fleuve
mort
deux cris
suffisent
c'est un martin pêcheur
trop de vent ce soir
sur le fleuve
le reflet ridé des oiseaux
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désolant, affligeant, déconcertant, de voir ce que devient le haïku en France. Bashô, Issa, Santôka, Buson, Shiki... tous ces hommes à qui on doit ce fragment d'écriture, ne comprendraient pas ce fouilli informe produit et servi à toutes les sauces, qui en résulte aujourd'hui... Même les radios de merde hurlent entre deux réclames des définitions consternantes sur le haïku... On galvaude, on englobe, on accepte tous les écrits, on ne porte plus de critiques pertinentes... pour les simples raisons que plus personnes ne fait la différence entre poésie et haïku et que le haïku se vend au plus offrant... pour la simple raison aussi que les éditeurs de recueils et de revues ne sont pas vigilants, glanent n'importe quoi pour pouvoir alimenter leurs bourses et leur ego. Les revues sont ennuyeuses au point que nous n'en lisons plus que les titres et encore... Il ne s'y passe rien de nouveau... bien au contraire... on rabâche toujours les mêmes choses avec les mêmes personnes... et lorsqu'elles vont à la pêche d'écrits, puisqu'il faut tout de même avoir un peu de poissons à mettre dans le filet .. elles prennent à coup de flatteries et de bonnes manières, tout ce qui s'y piège...
je sais, ce que j'écris là, ne plaît pas, mais comme plaire, reste le dernier de mes soucis, je peux me permettre de dire tout haut ce que bon nombre pense trop bas, de peur d'être déconsidérés par les prétendants au trône du haïku en France... quelle farce... quel appauvrissement !!!
j'avoue qu'à part me déconcerter, je déplore surtout, une absence de bons écrits... On ne les trouve bien que trop rarement... ils sont pourtant là, discrets, libres, et riches en images... en expérience et en dépouillement... Aucune revue n'en parle... jamais... toutes se sclérosent sur un ronronnement de salon... oubliant qu'un bon haïku n'a pas forcément un auteur, mais qu'il peut être aussi une pensée collective simplement syncrétisée.
les bons haïku, ne sont pas dans les recueils de haïku, ils sont ailleurs... partout où l'homme découvre qu'il peut nommer ce qu'il voit... partout où la nécessité et l'urgence d'écrire briévement se font ressentir... partout où se trouve un support capable de le recevoir... partout où l'individu vit son histoire
les Japonais et les anglophones se moquent bien souvent de nous... et ils ont raison...
tant que nous ne ferons pas un tri digne de ce nom, tant qu'il existera des concours et "des foires " aux haïku avec des prix à tirer, pour attirer le chalant... tant que le haïku se pèsera en nombre de syllabes et de promotions... il s'engluera dans une fatuité suicidaire...
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derrière les persiennes
coup d'oeil et soleil
se croisent
le calme
de cette maison
sans âge
le lierre se cramponne
au crépis
du volet
une lame
la dernière
une histoire
une seule
retient les murs de cette maison
les oliviers
sur les terrasses
s'alignent au soleil
pas de vie
juste
des traces de vie
persiennes fermées
c'est l'heure de la sieste
...
au loin
une pie grièche
invisible
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cet endroit de nous... sensible et capricieux !!! ce point unique, où conscience et inconscience se confondent... cet espace minuscule et infini qu'on ne rencontre que trop rarement... si petit, si insaisissable qu'on ne sait ni le garder, ni le retrouver... il va et vient au gré de nos humeurs, nous échappe avec le même mystère qu'il nous surprend... nous donne tant de force et tant d'équilibre qu'il nous effraye plus qu'il ne nous rassure... il est cette partie de nous, associée à notre fluide... il est la matière débarrassée de son ego... il est cette définition indéfinie qui place la note du musicien dans le coeur de l'auditeur... qui ouvre les yeux du passant sur l'ordinaire, qui donne la profondeur des couleurs en dehors des couleurs... qui permet au tableau d'être vu... au danseur d'oublier son poids... au trait de pinceau de pousser le vent...
. Il est la vie, il est la mort... il est l'imaginaire...et le réel ...
nous le frôlons au quotidien, mais continuons à le chercher ailleurs, chez les uns, chez les autres ou au bout du monde... il est le présent, le passé et le futur... il est le vide et le plein...
il est la vigueur de notre âme... il régule nos humeurs... mais nous l'ignorons désespérément, laissant place aux peurs, aux angoisses. Ignorance qui cultive les incertitudes et négocie les inflations de stress à coup de leurres de couardises de pouvoirs et de conflits...
Freud ne savait pas le nommer, Lacan tentera de l'appeler le noeud Borroméen... réel - imaginaire- symbolique... les peintres, les écrivains, les musiciens le cherchent à en perdre la raison... le trouvent parfois, pour les plus sincères, dans leur intégrité, quelle qu'elle soit
le Zen ne lui accorde que l'importance qu'il mérite et l'illumine... dans un éclat de rire...
le haïku, lui, le cherche dans l'intervalle de ses mots et s'équilibre sur l'inconstance de son existence ...
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mai
le roux du sous bois
dans la grisaille du ciel
silence -
vers deux heures de l'après-midi
plus même la pluie
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tout en pierres et en voûte
il traverse le ruisseau
froissement -
la brume séquestre la forêt
la pluie
désespérément
régulière
brume immobile
l'immense chêne
m'effraye
emprunter
le sentier du jardin
entre les pleurotes
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longue après-midi
sous le couvert des roseaux
sans oiseaux
vicieux
ces moustiques
là où la peau est douce
départ en montagne
il pleutdans les nuages
la montagne
perd son importance
le tilleul pend
sous la pluie
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deux ans
sans revoir
son visage
ses gestes habiles
oeuvrent
dans ma mémoire
d'un trait de pinceau
je pousse
le vent
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un peu de répits, pour glander, peindre et contempler... Ces instants de vide et de quiétude, n'arrivent pas forcément aux moments où on les attend... encore moins aux moments où on les recherche...
Non... ils arrivent parfois en plein changement... en pleine bourre... Ils arrivent là, simplement au cours de la journée ou en pleine nuit ... dans un rêve ou dans un songe... au détour d'une pensée... d'un regard... d'un paysage... d'un vol d'oiseaux... à l'instant même où quelque chose de totalement incontrôlable nous submerge, nous dépasse nous envahit sans ombre, sans détour, sans fraude... Si vite parfois que l'on ne s'en aperçoit pas... Mais l'effet est de taille, le décor devenu inutile disparaît... laisse place à un vide démesuré... infiniment fertile et dense... notre corps se met alors en équilibre avec notre coeur... le regard se pose, l'esprit s'apaise, l'être indifférent trouve sa place et sa lumière...
Moments intangibles, inexpugnables, où nous nous offrons un présent sans prix, sans valeur,.. une symétrie difficile à préserver
le vent
sans peine
arrache le vieux cyprès
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le riz vient d'être semé
les hommes se retirent
des champs
toujours photographiée... donc toujours aussi moyen-moyen... toutes les autres peintures ont été scannées avec du matériel pro et sont disponibles en format A3
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au nord
la pluie heurte la fenêtre
inviolable
sur la table ce matin
pinceaux et rouge gorge
il pleut
fenêtre au sud
le jasmin m'écoeure
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c'est une histoire de nomades, une histoire de peuples de l'Asie Centrale, une histoire de culture, de vie et de mort, d'amour et de haine... de beauté et de cruauté... d'intelligence et de bêtise... de solidarité... de guerres qui n'appartiennent à personne... de vies qui appartiennent trop à tout le monde... de décalage... d'adaptation...
une histoire d'espaces immenses...
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temps pourri
les martinets rasent
les toits
dans le pot à plumes
dépassent
celles des vautours
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